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Pression fiscale et optimisation des recettes budgétaires: contraintes et améliorations


par Aminou Yacouba Amadou
Ecole Nationale de l'Administration et de la Magistrature ENAM Niger - Maitrise en Fiscalité et Domaine 2018
  

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4.1.1.1.2 Fraude fiscale

Les impôts, pris uniquement du point de vue des ponctions qu'ils opèrent sur les revenus des ménages et des entreprises, réduisent les dépenses de ces derniers (Asher, 2001; Azam, Gauthier et Goyette, 2004). Cela est la cause principale des pratiques de certains contribuables comme le cas de la fraude fiscale. La fraude fiscale est la dissimulation par un agent économique de la valeur réelle des transactions économiques légales dans le but d'éviter la charge fiscale (Hindricks et al. (1999); Acconcia, D'Amato et Martina, 2003). Elle consiste donc en divers procédés frauduleux de dissimulation de revenu ou de bénéfice, de ventes sans factures, de fausses factures destinées à diminuer artificiellement les bénéfices des sociétés, des fausses déclarations d'impôts, des falsifications de documents comptables, etc. Grace à la fraude fiscale, les contribuables payent moins d'impôts que ce qu'ils devraient en réalité ou n'en payent pas du tout. Cet état de fait a pour conséquence principale d'agir négativement sur les recettes fiscales. La fraude fiscale n'est pas uniquement le propre des pays en développements, elle concerne également les pays développés, avec toutefois une légère variation de son degré. En effet, tous les pays développés ont admis que la fraude fiscale existe sur leur sol (Jean Claude Martinez, 1990, p. 22). Par exemples, la Suède estime la fraude fiscale entre 3,8 % et 5,5 % de son PIB national, le Royaume-Uni établit que la simple fraude concernant les insuffisances déclaratives génère au moins 3,5 milliards sterling par an d'évasion fiscale. Au Canada, la fraude fiscale a été estimée à hauteur de 10 % de l'imposition sur le revenu, un chiffre similaire évalué par les USA sur leur propre territoire. Selon un rapport de l'OCDE (2010) : « L'évasion et la fraude fiscales mettent en péril les recettes des États du monde entier. Aux États-Unis, le Sénat estime à 100 milliards USD par an le manque à gagner imputable à l'évasion et à la fraude fiscale et dans un grand nombre de pays d'Europe, les recettes perdues se chiffrent en milliards d'euros. Le phénomène se traduit par une contraction des ressources disponibles pour financer les infrastructures et influe sur les conditions de vie de tous, tant dans les économies développées que dans les économies en développement. La mondialisation offre des perspectives d'accroissement de la richesse mondiale, mais multiplie aussi les risques. » (Promouvoir la transparence et l'échange de renseignements à des fins fiscales, note succincte de référence de l'OCDE, 21 Avril 2010). Cela étant, la fraude fiscale est l'une des raisons qui entrave la mobilisation des recettes fiscales au Niger.

a. Instruments de mesure de la fraude fiscale

Les instruments de mesure de la fraude sont nombreux, mais ne sont, toutefois, que approximatifs compte tenu du fait que le mécanisme de la fraude étant caché par principe, il ne peut être évalué avec exhaustivité. J.C Martinez (1990, p.14) en cite deux utilisées par les autorités fiscales françaises et par d'autres pays :

1-L'économie occulte (travail et revenus dissimulés) selon l'estimation dite méthodique doit laisser des traces sur les marchés et agrégats économiques. L'objectif est d'évaluer la distorsion entre les différents revenus nationaux évalués. Ces traces sont alors approchées par étude statistique du marché (ex du travail), en partant d'échantillons dits probants d'acteurs économiques au sein de la population dont la cohérence entre le revenu et la dépense est analysée. Sont aussi utilisés les agrégats de la comptabilité nationale. La statistique des contrôles fiscaux qu'élabore le Ministère de l'Économie est rapproché des revenus nationaux.

Cette méthode est plus statistique, moins incantatoire, mais imparfaite tant il est difficile de connaitre par extrapolation le montant de la fraude fiscale par l'examen de la différence entre les montants rappelés par le contrôle, de la connaissance d'un état des revenus et richesse. Fragilité du calcul qui peut donner selon les paramètres utilisés par les Pays un résultat en indice entre 1 à 5. Néanmoins cette méthode a eu le mérite et l'avantage de mieux baliser en vue du calcul le profil « sociologique » du fraudeur fiscal.

2- La méthode de l'échantillon représentatif des contribuables : elle est très répandue, car elle intègre l'évaluation par sondage d'une population dite représentative, avec les statistiques du contrôle fiscal réalisé chaque année. Concrètement, le sondage s'établit aléatoirement sur 40 000 foyers fiscaux. Cet échantillon est alors réduit par des règles statistiques et mathématiques à 4 165 contribuables dont les revenus sont rapprochés sur une année x, avec les contrôles et rappels d'impôts effectués sur ledit échantillon. Puis on extrapole sur l'ensemble des redevables les résultats statistiques obtenus sur l'échantillon. Il peut être aussi utilisé dans le calcul des résultats tirés de questionnaires envoyés à une population de personnes (question sur le travail au noir, les connaissances fiscales, le droit etc.). Les États-Unis, par ce moyen ont par exemple pu établir en 1979 que sur 65 millions de ménages assujettis, de 6 à 8 % n'avaient fait aucune déclaration. L'avantage de cette démarche est de permettre d'évaluer la fraude au sens juridique, mais aussi le montant des revenus non déclarés « qui seraient découverts s'il était procédé à la vérification exhaustive de tous les foyers fiscaux imposés. » (Jean Claude Martinez, 1990, p.19). Néanmoins, l'inconvénient de cette méthodologie est qu'elle demeure tributaire des distorsions des sondages (ex sur la représentativité), ou des questionnaires (réponses biaisées, ou sous/ sur estimées de la part des sondés), ou simplement tributaire de l'efficacité des services de contrôles, intimement liée aux moyens déployés par l'administration à cette fin, ainsi que des hommes politiques et de leur clientèle : patronat, acteurs « défiscalisés » et climat social (tel mode ou type de fraude peut être ainsi sous-estimé ou sur évalué au travers du prisme de l'attitude implicite des acteurs socio-économiques d'un pays).

Toutefois, pour des raisons pratiques et vu la quasi impossibilité d'obtenir les données à utiliser dans le cadre des méthodes susvisées, nous ne serons pas en mesure, dans notre étude, d'analyser objectivement l'impact de la fraude fiscale sur les recettes fiscales du Niger.

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