II.1.2. Un aperçu de
l'enseignement du français dans les écolesfranco-arabes
Des travaux ont été consacrés à
l'enseignement du français dans les franco-arabes au niveau primaire
surtout. Nous rendons compte de ces travaux dans les lignes suivantes.
TAMBOURA, Y. (2018) relève que l'absence de programme
et le volume horaire consacré à l'enseignement du Français
sont des freins à la réussite de l'enseignement apprentissage du
français des écoles franco-arabes. À cela s'ajoute le
faible niveau de qualification en français des enseignants des
écoles franco-arabes qui constituent un autre obstacle de taille
à la qualité de l'enseignement du français dans ces
écoles franco-arabes. Le mode de recrutement des enseignants peut aussi
constituer un facteur explicatif. La plupart sont recrutés pour leur
affinité avec le Fondateur et non selon le diplôme.
Selon OUATTARA, B. (2019) la primauté des disciplines
arabes sur celles du français et l'absence ou l'insuffisance de
formation initiale et continue des enseignants sont les obstacles à la
qualité de l'enseignement du français dans les écoles
franco-arabes.
Ces réalités sont quantifiées par SEGDA,
K. N. (2018) qui estime que la qualification des enseignants influence
l'enseignement du français. Pour lui,35 % des enseignants de
français n'ont que le certificat d'études primaires, 77,5 %
des enseignants du français n'ont pas reçu de formation initiale,
aucun enseignant n'a reçu une formation pour enseigner dans une classe
bilingue.
Néanmoins, des propositions n'ont pas manqué
pour améliorer cet enseignement. TAMBOURA, Y. (2018) parmi tant d'autres
suggère de procéder à une réforme d'ensemble de
l'enseignement franco-arabe, de créer un centre de formation
accélérée en français, de réintroduire
l'arabe dans le système secondaire et créer une faculté de
langue arabe à l'université (effectif en 2020), la mise à
jour des connaissances des enseignants par l'autoformation et revoir le
repositionnement des deux langues, augmenter le volume horaire consacré
aux enseignements en français.
OUATTARA, B. (2019) suggère quant à lui, pour
l'amélioration de la qualité de l'enseignement/apprentissage de
l'expression écrite dans les EFA : la simplification du programme
de français par un français spécifique, la dotation des
EFA par l'État de toutes les ressources pédagogiques
indispensables aux activités d'enseignement/apprentissage.
SEGDA, K. N. (2018) propose entre autres : l'encadrement
et accompagnement des enseignants du français, la relecture du cahier
des charges en vue de rendre plus explicite certains articles à l'image
de l'article 4 qui stipule que «?les medersas?» ou
écoles «?franco-arabes?» sont des
établissements privés confessionnels où une partie des
enseignements est donnée en arabe?». Cet article ne précise
pas les disciplines enseignées en arabe ou en français. Ce vide
juridique conduit à diverses interprétations. L'auteur de
l'étude propose d'outiller les encadreurs pédagogiques en service
dans les C.E.B pour accomplir efficacement les tâches d'encadrement dans
les écoles franco-arabes. Ils ne maitrisent ni les emplois du temps, ni
les programmes d'enseignement des écoles franco-arabes (primaire).
Ces études abordent le sujet sous l'angle de
l'enseignement primaire. Cependant, ces travaux vont nous aider dans nos
investigations pour mieux rendre compte de notre thématique.
II. 1.3.Diverses expériences des écoles
Franco-arabes
À partir de l'exploitation documentaire, nous avons
réuni quelques informations sur la diversité des écoles
franco-arabe dans trois pays (Sénégal, Mali et Niger). Ceci pour
voir les expériences des uns et des autres afin de mieux amorcer notre
thème qui voudrait montrer comment réussir l'enseignement du
français dans les écoles franco arabes. Nous avons choisis ces
pays eu égard à la densité des établissements
franco-arabes mais surtout au fait que ces pays sont par rapport au Burkina
Faso en avance dans les questions liées à la réforme des
Franco-arabes.
II. 1.3.1.Au Sénégal
À travers la revue des ouvrages et
articles,nous avons retenu le fait que pour intégrer
l'enseignement franco-arabe dans le système éducatif, il s'est
agi de créer une série pour le baccalauréat option arabe.
Cela pour permettre aux diplômés des franco-arabes de poursuivre
un parcours universitaire classique. La plupart de ces structures franco-arabes
sont des initiatives privées soumis aux cahiers de charge établis
par l'État sénégalais(D'AOUST, 2013).
II. 1.3.2. Au Mali
Tout comme le Sénégal, le Mali, présente
une diversité d'expériences sur l'enseignement franco arabe et
connaît une riche histoire relative à l'éducation
islamique.
Selon l'étude de Sophie LOZNEANU et Philippe HUMEAU
(2014) au Mali, la plupart des medersas ou franco-arabes, notamment celles qui
sont reconnues, sont sous l'égide du Ministère de
l'éducation nationale du Mali.Les medersas sont des
établissements privés et dispensent un enseignement mixte
c'est-à-dire religieux et séculier. Ces écoles sont
suivies par une direction relevant du Ministère de l'éducation
nationale du Mali. Elle veille entre autres sur les contenus des programmes que
ces écoles doivent dispenser. Le français est une discipline
d'enseignement dans ces écoles. De même, il ressort que des
passerelles entre les deux systèmes existent formellement, les
élèves pouvant passer de l'un à l'autre, et les examens
étant les mêmes quoiqu'ils soient adaptés en termes de
contenu pour les bacheliers. Allons maintenant vers le Niger pour voir le
fonctionnement de l'école Franco arabe.
II. 1.3.3. Au Niger
Une étude menée parVILLALON, L. A., IDRISSA, A.,
&BODIAN, M. (2012), montre que les Medersa sont des structures
privées ou publiques ayant :
« pour but de dispenser l'enseignement des langues
française et arabe, en vue de développer chez les
élèves toutes les facultés physiques et intellectuelles,
de leur donner une solide éducation morale et civique, ainsi que l'amour
du travail. La Medersa se propose ainsi d'inculquer aux élèves le
désir d'apporter, à l'issue de leurs études, une
contribution efficace au progrès économique et social du
pays».
Cette étude aboutit à une conclusion que les
écoles franco-arabes sont des institutions scolaires
représentatives de la société nigérienne moderne
dans presque toute sa complexité. Ni purement confessionnelles, ni
purement laïques, elles offrent une éducation sophistiquée,
associant toutes les possibilités de développement social et
professionnel disponibles au sein de la société
nigérienne. Elles sont aptes en même temps à former le
citoyen nigérien à l'Islam, et le musulman nigérien
à la citoyenneté, tout en lui donnant les moyens de viser
à une carrière séculière et à une
carrière confessionnelle, sans qu'il y ait une contrainte fonctionnelle
telle que celle qui dérive de l'exclusivité
séculière des écoles traditionnelles ou de
l'exclusivité confessionnelle des écoles « Islamiya
». Elles sont certainement les écoles idéales du Niger
contemporain.
La plupart de ces études présentent des
similitudes avec notre thématique au regard du fait qu'il s'agit de
l'enseignement primaire ou secondaire et même supérieur, les
problèmes rencontrés sont presque de même nature.C'est
pourquoi ces travaux vont nous aider dans nos investigations pour mieux rendre
compte de notre thématique.
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