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Problématique de l’enseignement du français dans les établissements franco-arabes postprimaires et secondaires


par Hassan KINDO
Ecole normale supérieure - Inspecteur de l'enseignement secondaire 2022
  

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0.1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU THÈME

Les Établissements franco-arabes ont toujours constitué des centres du savoir et de l'acquisition de l'éthique islamique. De nos jours, les EFA sont confrontés à de nombreux problèmes. Nous pouvons citer entre autres : les difficultés d'intégration dans le système éducatif national et l'absence de contenus adaptés aux besoins du marché du travail. Ces difficultés impactent l'employabilité des sortants. À parité de diplômes et de compétences professionnelles, le candidat faisant preuve d'une meilleure aisance en français sera toujours avantagé. La langue française joue donc un rôle incontournable dans le système d'enseignement franco-arabe. Le français, langue officielle au Burkina Faso, ne véhicule pas de valeurs opposées à celles préconisées par la confession musulmane.

En vue d'offrir aux sortants des Franco-arabes, les mêmes chances que les autres élèves du système classique, notre mémoire de fin de formation en a fait son thème de réflexion.

PREMIÈRE PARTIE : ASPECTS THÉORIQUES

PREMIÈRE PARTIE : ASPECTS THÉORIQUES

Cette première partie du travail comprend deux chapitres. Le premier chapitre (I) traite de la problématique et le second chapitre (II) aborde la revue de la littérature et cadre de référence.

CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE

Dans ce chapitre, nous exposons la problématique de notre étude. Il s'agit d'établir les constats pour aboutir à l'exposé du problème, de formuler les questions de recherches et de déterminer les objectifs.

I.1. Constats

L'État burkinabè à l'instar des autres États d'Afrique subsaharienne, a adopté des stratégies en vue d'accroître l'offre éducative. Le secteur privé laïc et confessionnel a été alors sollicité pour le développement de l'enseignement primaire. Les écoles franco-arabes sont une composante importante de l'enseignement primaire et postprimaire. En effet, les établissements d'enseignement franco-arabes représentent plus dedeux mille cinq cents (2?500) écoles avec plus de quatre cent mille (400?000) apprenants qui constituent près de 10 % des effectifs des écoles primaires du Burkina Faso et plus de quatre cents (400) établissements postprimaires et secondaires dans notre pays.

SAWADOGO (2005, p.14)remarque que : «?les medersas sont en passe d'être la locomotive de l'enseignement privé de par leur poids numérique au niveau des infrastructures actuellement?».

Le Projet d'Appui à l'Enseignement primaire Bilingue Franco-Arabe (PREFA) a organisé du 14 au 24 septembre 2020 une campagne de sensibilisation dans le cadre de l'ouverture des Collèges d'enseignement général (CEG) et des centres de formation professionnelle franco-arabes publics. À ce jour, ce sont neuf (9) CEG et deux (2) centres de formation professionnelle publics dont l'État dispose depuis la rentrée scolaire 2020-2021.

En dépit de ce poids dans le système éducatif burkinabè, les établissements franco-arabes drainent des dysfonctionnements significatifs qui impactent la qualité des enseignements qui y sont dispensés. Entre autres difficultés, nous pouvons noter l'insuffisance constatée dans l'enseignement du français. Le mépris de l'enseignement de cette langue pouvant entrainer comme corollaire les difficultés d'insertion socioprofessionnelle des jeunes(NANA, 2003).

Selon l'ambassadeur de France, Luc Hallade, les élèves issus des écoles franco-arabes ont un déficit dans l'apprentissage du français qui pose un problème pour leur insertion dans le marché du travail, dans la fonction publique ou dans le secteur privé. Il soutient qu'il n'y a pas d'opposition, d'affrontement entre l'arabe et le français, comme il ne doit pas en avoir entre l'anglais et l'allemand, le chinois et le japonais. Il termine ses propos en reconnaissant que la diversité est source d'enrichissement mutuel, de richesse partagée, mais elle ne doit pas se faire au détriment de la bonne maitrise des langues qu'on apprend.

Selon Atimi DEMÉ, chargé de l'éducation bilingue au Projet d'appui à l'enseignement franco-arabe (PREFA) au ministère de l'Éducation nationale (DEMÉ, 2020),?la réforme de l'école franco-arabe est une préoccupation pour le ministère de l'Éducation nationale dont l'objectif est de faire en sorte que ces écoles puissent intégrer le système éducatif. Il ajoute que le français est la langue officielle du Burkina et il est important que les apprenants qui sortent de ces écoles puissent maitriser à la fois les langues arabe et française pour être de véritables bilingues.

À cela s'ajoute le développement d'un complexe lié à la non-maitrise de la langue française. Certains diplômés arabophones compétents dans leur domaine éprouvent des complexes d'infériorité devant leurs frères francophones.

Amadou SANOGO, fondateur de l'Institut franco-arabe As Salam, à Bobo Dioulasso estime pour sa part que l'enseignement du français dans le cursus des écoles franco-arabes doit permettre aux apprenants et enseignants d'avoir une maitrise de la langue française afin d'être efficaces sur le terrain, mais aussi d'être plus compétitifs sur le marché de l'emploi.

Autant de témoignages qui fondent nos constats que le français occupe une place centrale dans le parcours des apprenants des établissements franco-arabes.

En s'interrogeant sur les facteurs explicatifs de la faiblesse du niveau des apprenants des EFA en français, on aboutit à la question éventuelle des insuffisances liées à l'enseignement/apprentissage du Français dans ces structures.

Il s'agit là d'une réelle problématique de qualification des enseignants, de faibles motivations des apprenants pour la discipline du français, l'absence de programme pour l'enseignement apprentissage du français au postprimaire et au secondaire franco-arabe ainsi que le non-respect du volume horaire consacré à cette discipline soit 61 % de français et 39 % pour les autres disciplines. (Sources : Cahier de charge des écoles franco-arabes primaires de la Direction de l'enseignement privé du MENA-PLN).

Le constat est établi : les écoles franco-arabes éprouvent des difficultés à respecter le programme officiel d'enseignement, surtout en ce qui concerne l'enseignement de la langue française. Par ailleurs, même s'il existe des établissements supérieurs d'enseignement franco-arabe, force est de reconnaître que les étudiants arabophones éprouvent des difficultés d'insertion socioprofessionnelle du fait de la non-maitrise de la langue de l'Administration qui est le français. N'est-ce pas là des indices tendant à renforcer le point de vue de COOMBS(1985, p. 285) qui affirme que : «?les citoyens d'un pays francophone qui ne parleraient pas français se trouveraient par exemple linguistiquement isolés dans leur propre territoire et auraient d'énormes difficultés pour essayer de faire face aux problèmes de la vie urbaine?».

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard