0.1.
JUSTIFICATION DU CHOIX DU THÈME
Les Établissements franco-arabes ont toujours
constitué des centres du savoir et de l'acquisition de l'éthique
islamique. De nos jours, les EFA sont confrontés à de nombreux
problèmes. Nous pouvons citer entre autres : les difficultés
d'intégration dans le système éducatif national et
l'absence de contenus adaptés aux besoins du marché du travail.
Ces difficultés impactent l'employabilité des sortants. À
parité de diplômes et de compétences professionnelles, le
candidat faisant preuve d'une meilleure aisance en français sera
toujours avantagé. La langue française joue donc un rôle
incontournable dans le système d'enseignement franco-arabe. Le
français, langue officielle au Burkina Faso, ne véhicule pas de
valeurs opposées à celles préconisées par la
confession musulmane.
En vue d'offrir aux sortants des Franco-arabes, les
mêmes chances que les autres élèves du système
classique, notre mémoire de fin de formation en a fait son thème
de réflexion.
PREMIÈRE PARTIE : ASPECTS THÉORIQUES
PREMIÈRE PARTIE : ASPECTS
THÉORIQUES
Cette première partie du travail comprend deux
chapitres. Le premier chapitre (I) traite de la problématique et le
second chapitre (II) aborde la revue de la littérature et cadre de
référence.
CHAPITRE I :
PROBLÉMATIQUE
Dans ce chapitre, nous exposons la problématique de
notre étude. Il s'agit d'établir les constats pour aboutir
à l'exposé du problème, de formuler les questions de
recherches et de déterminer les objectifs.
I.1. Constats
L'État burkinabè à l'instar des autres
États d'Afrique subsaharienne, a adopté des stratégies en
vue d'accroître l'offre éducative. Le secteur privé
laïc et confessionnel a été alors sollicité pour le
développement de l'enseignement primaire. Les écoles
franco-arabes sont une composante importante de l'enseignement primaire et
postprimaire. En effet, les établissements d'enseignement franco-arabes
représentent plus dedeux mille cinq cents (2?500) écoles avec
plus de quatre cent mille (400?000) apprenants qui constituent près de
10 % des effectifs des écoles primaires du Burkina Faso et plus de
quatre cents (400) établissements postprimaires et secondaires dans
notre pays.
SAWADOGO (2005, p.14)remarque que : «?les medersas
sont en passe d'être la locomotive de l'enseignement privé de par
leur poids numérique au niveau des infrastructures actuellement?».
Le Projet d'Appui à l'Enseignement primaire Bilingue
Franco-Arabe (PREFA) a organisé du 14 au 24 septembre 2020 une campagne
de sensibilisation dans le cadre de l'ouverture des Collèges
d'enseignement général (CEG) et des centres de formation
professionnelle franco-arabes publics. À ce jour, ce sont neuf (9) CEG
et deux (2) centres de formation professionnelle publics dont l'État
dispose depuis la rentrée scolaire 2020-2021.
En dépit de ce poids dans le système
éducatif burkinabè, les établissements franco-arabes
drainent des dysfonctionnements significatifs qui impactent la qualité
des enseignements qui y sont dispensés. Entre autres difficultés,
nous pouvons noter l'insuffisance constatée dans l'enseignement du
français. Le mépris de l'enseignement de cette langue pouvant
entrainer comme corollaire les difficultés d'insertion
socioprofessionnelle des jeunes(NANA, 2003).
Selon l'ambassadeur de France, Luc Hallade, les
élèves issus des écoles franco-arabes ont un
déficit dans l'apprentissage du français qui pose un
problème pour leur insertion dans le marché du travail, dans la
fonction publique ou dans le secteur privé. Il soutient qu'il n'y a pas
d'opposition, d'affrontement entre l'arabe et le français, comme il ne
doit pas en avoir entre l'anglais et l'allemand, le chinois et le japonais. Il
termine ses propos en reconnaissant que la diversité est source
d'enrichissement mutuel, de richesse partagée, mais elle ne doit pas se
faire au détriment de la bonne maitrise des langues qu'on apprend.
Selon Atimi DEMÉ, chargé de l'éducation
bilingue au Projet d'appui à l'enseignement franco-arabe (PREFA) au
ministère de l'Éducation nationale (DEMÉ, 2020),?la
réforme de l'école franco-arabe est une préoccupation pour
le ministère de l'Éducation nationale dont l'objectif est de
faire en sorte que ces écoles puissent intégrer le système
éducatif. Il ajoute que le français est la langue officielle du
Burkina et il est important que les apprenants qui sortent de ces écoles
puissent maitriser à la fois les langues arabe et française pour
être de véritables bilingues.
À cela s'ajoute le développement d'un complexe
lié à la non-maitrise de la langue française. Certains
diplômés arabophones compétents dans leur domaine
éprouvent des complexes d'infériorité devant leurs
frères francophones.
Amadou SANOGO, fondateur de l'Institut franco-arabe As Salam,
à Bobo Dioulasso estime pour sa part que l'enseignement du
français dans le cursus des écoles franco-arabes doit permettre
aux apprenants et enseignants d'avoir une maitrise de la langue
française afin d'être efficaces sur le terrain, mais aussi
d'être plus compétitifs sur le marché de l'emploi.
Autant de témoignages qui fondent nos constats que le
français occupe une place centrale dans le parcours des apprenants des
établissements franco-arabes.
En s'interrogeant sur les facteurs explicatifs de la faiblesse
du niveau des apprenants des EFA en français, on aboutit à la
question éventuelle des insuffisances liées à
l'enseignement/apprentissage du Français dans ces structures.
Il s'agit là d'une réelle problématique
de qualification des enseignants, de faibles motivations des apprenants pour la
discipline du français, l'absence de programme pour l'enseignement
apprentissage du français au postprimaire et au secondaire franco-arabe
ainsi que le non-respect du volume horaire consacré à cette
discipline soit 61 % de français et 39 % pour les autres
disciplines. (Sources : Cahier de charge des écoles franco-arabes
primaires de la Direction de l'enseignement privé du MENA-PLN).
Le constat est établi : les écoles
franco-arabes éprouvent des difficultés à respecter le
programme officiel d'enseignement, surtout en ce qui concerne l'enseignement de
la langue française. Par ailleurs, même s'il existe des
établissements supérieurs d'enseignement franco-arabe, force est
de reconnaître que les étudiants arabophones éprouvent des
difficultés d'insertion socioprofessionnelle du fait de la non-maitrise
de la langue de l'Administration qui est le français. N'est-ce pas
là des indices tendant à renforcer le point de vue de
COOMBS(1985, p. 285) qui affirme que : «?les citoyens d'un pays
francophone qui ne parleraient pas français se trouveraient par exemple
linguistiquement isolés dans leur propre territoire et auraient
d'énormes difficultés pour essayer de faire face aux
problèmes de la vie urbaine?».
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