Paragraphe II : Les recommandations relatives aux
autres faiblesses
Pour faire face aux autres faiblesses qui entravent la
protection de la faune et de la flore, des recommandations doivent être
apportées, d'une part, au niveau politique, économique et
socio-culturel (A) et, d'autre part, au niveau de
l'éducation, de la formation et de la recherche (B).
A-Au niveau politique, économique et
socio-culturel
Au niveau politique, économique et socio-culturel, il y
a lieu de démocratiser les prises de décision, d'une part
(1) et, de restaurer les forêts sacrées,
l'intégrité des parcs nationaux et des aires
protégées, d'autre part (2).
1-Investir dans le monde rural et démocratiser
les prises de décision
Les fonds doivent être placés là où
ils auront un effet moteur sur le développement, un pouvoir
d'entrainement, c'est-à-dire où ils auront des
répercussions positives sur la production, la productivité, la
satisfaction des besoins fondamentaux des populations, l'amélioration de
la santé et des conditions de vie des gens. Bref, il faut investir
prioritairement dans le monde rural, et ces investissements doivent s'inscrire
dans le cadre d'une politique cohérente de développement
socio-économique couplée à une politique de gestion
rationnelle de l'environnement notamment de la faune et de la flore.
De surcroît, il convient de faire participer les
populations aux prises de décision parce qu'à elles incombent
l'essentiel de la gestion des ressources naturelles et des actions de
développement. On comprend qu'il faut ici une démocratisation et
une décentralisation de la prise de décision.
Les ONG et le secteur privé (syndicats, milieux
d'affaire, etc) doivent être impliqués dans la politique
intégrée de développement et d'environnement et respecter
les principes directeurs de cette politique. Il ne convient pas de poursuivre
en cette matière la politique habituelle du laisser-faire. Toute
intervention en milieu rural ou urbain doit être cohérente
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avec les objectifs établis à l'échelle
nationale dans le cadre d'un processus de planification, et de respecter les
politiques et les mesures prises par le pouvoir central136.
En plus, de démocratiser les prises de
décisions, il y a lieu de restaurer les forêts sacrées,
l'intégrité des parcs nationaux ainsi que les aires
protégées.
2-Restaurer les forêts sacrées,
l'intégrité des parcs nationaux et des aires
protégées
Ce qu'il est convenu d'appeler forêts sacrées
chez les africains est un espace boisé ou non, représenté
par une colline, un trou, un rocher, une rivière, un arbre, un
îlot de forêt (...) habité par une divinité
particulière.
Cet endroit dit sacré est dénommé en Dida
djré ou zré et gluzilè en Bété. Selon les
dires des anciens, il a été créé par Dieu et
envoyé par Dieu aux hommes de la terre pour leur bonheur. Et un jour,
quelqu'un l'a découvert, par chance dans la brousse. Et c'est à
partir de ce moment précis où le « gluzilè » a
été découvert que l'on a commencé à lui
rendre un culte.
Espace sacré, patrimoine légué par les
ancêtres, les forêts sacrées sont interdites à toute
personne n'appartenant pas à la confrérie des initiés :
adorateurs, gardiens de la tradition, initiateurs, porteurs de masques. Elles
sont interdites à la hache ou machette des défricheurs. Non
seulement, on ne doit jamais travailler à ces endroits, mais ne doit
jamais non plus couper du bois aux alentours, ni pêcher dans les
rivières qui les traversent, ni toucher certains arbres ni
également y chasser du gibier, car ces animaux y sont
déclarés sacrés : c'est le cas des singes sacrés de
Soko, les caïmans sacrés de Gbanhui et les silures sacrés de
Sapia dans la région de Bondoukou.
Dans certains milieux Akan, il y a des jours dits
néfastes (mercredi et vendredi) où personne ne doit
fréquenter les forêts en général et les forêts
sacrées en particulier, car ces jours-là les vrais
propriétaires (les génies) rentrent en possession de leur
territoire.
Cette conception de la nature et notamment de la nature
sacrée naguère inaliénable participait activement à
la protection de la biodiversité en l'occurrence celle de la faune et de
la flore.
Ces pratiques qui viennent des ancêtres et qui
étaient transmises aux générations étaient une
façon de créer des zones de préservation où flore
et faune pouvaient se reproduire assez
136 KABALA (Matuka David), La protection
des écosystèmes et développement des
sociétés : Etat d'urgence en Afrique, Paris, L'Harmattan,
1994, pp.192-193.
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facilement, mais aussi recommandaient une utilisation
rationnelle des ressources forestières de façon à en
assurer la pérennité137.
Il faut restaurer l'intégrité des parcs
nationaux par le déguerpissement des populations infiltrées.
« Aujourd'hui, nous avons réuni les cadres de l'OIPR, afin de
s'inspirer de la mise en place d'une bonne politique de réinstallation
des populations, tant à l'intérieur qu'à la
périphérie des aires protégées », a-t-il fait
savoir le Colonel TONDOSSAMA Adama, Directeur général de
l'OIPR138.
Pour une meilleure connaissance de la flore sauvage rare ou
menacée, il est possible de créer des conservatoires botaniques
permettant la conservation des espèces menacées d'extinction
139.
Par ailleurs, un appui conséquent aux mesures
habitantes de REDD+ est nécessaire afin de provoquer l'effet de levier
permettant d'augmenter les financements contribuant positivement à la
lutte contre la déforestation. Les forêts doivent devenir une
priorité nationale de planification140.
De ce qui précède, il ressort les
différentes recommandations apportées au niveau politique,
économique, et socio-culturel. Quelles sont les recommandations à
apporter au niveau de l'éducation, la formation et la recherche ?
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