c- Discrimination du participe
présent et du gérondif
Dans cette partie, nous nous baserons essentiellement sur le
travail d'Alain Rihs(2009)qui nousparait très
plausiblepourdiscriminerleparticipe présentdugérondif.
Dans ce travail, il défend son hypothèse
déjà mentionnée. Il a cherché à
vérifieret à déterminer pourquoi certaines commutations
sont délicates, comme en (a) et (a'), et dansquelscasellesproduisentun
changementdu sensdelaphrase, commeen(b) et(b'):
(a)
Ils'endormitparterre,s'éveillantavecdeterriblescourbaturesunefoisle jour
venu.
(a')??Ils'endormitparterreens'éveillantavecdeterriblescourbaturesunefoislejourvenu.
(b) Paul héla un taxi, décidant qu'il
était temps de partir.
(b')Paulhélauntaxiendécidantqu'ilétaittempsdepartir.(A.
Rihs,2009, p.209)
L'hypothèse stipule que legérondifexprime la
simultanéité des évènements etque le participe
présentn'impose pas de contrainte temporelle. Cette hypothèse
permetd'expliquer pourquoi (a) est acceptable alors que (a') est
étrange. Les évènements s'endormiret
s'éveiller se suivent nécessairement : le
gérondif, qui suppose la simultanéité, est
doncinadéquat, alors que le participe présent, qui tolère
tout type de configuration temporelle(notamment la consécution),
convient tout à fait. L'hypothèse permet également
d'expliquerpourquoi (b) reçoit une lecture causale, contrairement
à (b') : décider de partir ne peut être lacause de
héler un taxi qu'à condition que les deux
évènements se suivent temporellement ; or,seul le système
verbe fléchi -participe présentest à même d'exprimer
la succession desévènements.
L'hypothèse selon laquelle le gérondifest un
indicateur de simultanéité ne vatoutefois pas sans poser quelques
difficultés. La question de la simultanéité du
gérondifestdébattue de longue date (H.Gettrup, 1977, p.
248 ; J. O.Halmøy, 1982, p.328) et reste d'actualité (P.Le
Goffic, 1997, p. 348 ; G.Kleiber 2007a et2007b p.p. 26 et 49). Les
sémanticiens qui défendent la thèse d'une
indétermination temporelle du gérondifsuggèrent, par
exemple, qu'il est difficile de voir une relation de simultanéité
entre les évènements de (c) et (d) :
(c) Paulestallésecoucher enrentrantchezlui.
(d)
Paulaévitélesembouteillagesenpartantdebonneheure. (A.Rihs, 2009,
p.209)
On pourrait toutefois soutenir que la relation entre les
évènements de (c) et (d)relève bel et bien d'une forme de
simultanéité. Certes, si on s'en tient à une analyse qui
faitappel à la dénotation stricte des prédicats, les
évènements rentrer chez soi et aller se
coucherou les évènements partir de bonne heure et
éviter les embouteillages ne sont pas simultanés.Or, une
telle analyse ne dit rien de la valeur du gérondifpour la proposition
principale ; elletraite les deuxévènements en jeu sur le
même plan. Une analysepragmatique, qui tientcompte d'un
élargissement possible de la dénotation des prédicats
(D.Wilson, 2003, p.48),
permetaucontraired'expliquerlapertinencedugérondifdanscespropositions.Ellepermetégalementdesauverlathèsedelasimultanéité.Enrésumé(c)et(d)noussemblentgénérerdesreprésentationsoùl'évènementduverbefléchiestenvisagédanslestermesdel'évènement
du gérondifcrée les conditions préparatoires à la
réalisation de
l'évènementprincipal.Cetteexplicationfaitinterveniruneconceptionassoupliedesrapportsdesimultanéité.
Onvoitàtraverscetexemplequelatemporalitédeformesverbalesimpersonnelles
est un problème délicat et qu'il est difficile de trancher en
faveur ou endéfaveur d'une contrainte temporelle contenue dans la
sémantique de ces formes verbales. Ladéfense de la
simultanéité du gérondifsuppose, par exemple, que l'on
puisse expliquer unesérie de cas qui, à première vue, ne
semblent pas satisfaire cette contrainte. Elle constituetoutefois une
réponse crédible à la question de la distribution du
gérondifet du participe présent. Il est admis que le
gérondifoccupe une place circonstancielle dans la phrase (J.
O.Halmøy, 2003, p.162J. J.Franckel, 1989, p.391 &T.Arnavielle, 1998,
p. 179). Autrement dit, le
gérondifexprimelescirconstancesdanslesquellesl'évènementdénotéparleverbefléchialieu.Lescirconstances
les plus souvent citées sont la manière, le moyen, la cause et la
concomitance. Acontrario, les rares études sur le participe
présent(M.Herslund 2000, p.90 ou S.Kindt, 2003, p.62) neparviennentpas
àdéfinir demanièresatisfaisantelarelationqu'il
établitaveclaprincipale.
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