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Difficultés liées à  la distinction du participe présent et du gérondif chez les apprenants de la classe de 4ème E du lycée Mathieu Bouke de Parakou


par Bruno ABALLO
Université de Parakou - Licence 2021
  

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b- Le participe présent

De même que le gérondif, le participe présentest caractérisé par une tripleincomplétude : il est indéterminé quant au temps, au mode et à la personne. Il s'intègreégalement à une prédicationcomplète, régie par le verbe fléchi et de ce fait, retire de cetteassociation lescoordonnées qui lui font défaut. Toutefois, contrairementau gérondif, leparticipe présentpeut être le noyau d'une prédication complète, et ainsi avoir un sujetgrammaticaldifférent decelui dela principale(A.Rihs,2009, p.203):

· Marie nevenant pas, Paul est parti.(A.Rihs,2009, p.203)

Leparticipe présentpeutégalementoccuperdeuxautresfonctionssyntaxiquesquisont refuséesau gérondif, ilpeut êtreattribut del'objet:

· PaulimagineMarie paraissant au bord dela mer.(A.Rihs,2009, p.204)

Il peut également être épithète :

· Toutlemondesesouvient des mélodies du fou chantant.(A.Rihs,2009, p.204)

Il est éventuellement possible qu'il y ait une alternance avec le gérondifdans le seulcasou leparticipe présentest attribut détachédusujet :

· Bravantlefroid,l'alpinistegravitlamontagne.(A.Rihs,2009, p.205)

Cettefonction,luiassureunelibertédanssonpositionnement :l'antéposition,lapostposition (L'alpiniste, bravant le froid) et l'incise (L'alpiniste, bravant le froid, gravit lamontagne)6(*).(A.,2009, p.206)

La capacité d'exprimer un procès en vision imperfective n'est pas un trait distinctif duparticipe, puisqu'elle se retrouve chez le gérondif(cf. effet d'arrière-plan). Il en va de mêmepourl'effet desuccession temporelle, qu'onobservedans l'exemplesuivant:

· Saisissant son fusil, Paul s'élança (P.Le Goffic, 1979, p.312)

Cet exemple montre qu'un participe présentpeut dénoter un évènement ponctuel, quin'englobepasleprocèsaupassésimplemaisleprécède,celacaractérisecertainespropositions avec gérondif, comme on l'a vu. La valeur sémantique propre du participe présentest donc à chercher encore. L'un des rares essais portant sur leparticipe présentetoù la comparaison avec le gérondifest systématique, cherche précisément à retrouver un effetde sens incompressible à tous les emplois du participe présent. Ce travail est réalisé parHerslund(2000), dans cet article, il défend la thèsesuivante:

« Le participe présentdénote toujours ou bien une situation qui se prolongeimperceptiblementdansune autre, ou bien carrémentune phase ou un aspectparticulier dela situation dénotée par le verbe principal [contrairement au gérondif]. Autrement dit, legérondifdésigne une situation autonome concomitante à la situation désignée par le verbeprincipal,alorsqueleparticipe présentdésigneavecsonverbeprincipaluneseulesituation.» (M.Herslund 2000, p. 87)

Le participe présentjouit, à en suivre Herslund (2000), du statut de « co-verbe », c'est-à-direde forme verbale dépendant directement d'un verbe principal, alors que legérondifet leverbefléchiauquelilestassociédénotentchacununesituation7(*). Sa thèse est fondée sur trois arguments. Le premier est d'ordre morphologique: la préposition en, qui distingue le gérondifdu participe présent, indique une faiblecohésion entre legérondifet le verbe fléchi, àl'instar des prépositions deetàqui, lorsqu'elles figurent devant un infinitif, signalent sonautonomieparrapportauverbeprincipal.Ledeuxièmeargumentestsyntaxique :l'impossibilité, pour le participe présent, d'entrer dans une construction clivée prouve qu'ildésigne avec le verbe principal une seule situation. Le troisième et dernier argument deHerslund (2000) est sémantique : le gérondifdécrit toujours deux situations indépendantes l'une del'autre,alors queleparticipe présentdécrit deuxfacettesd'unemêmesituation.

Le principal corollaire du statut de co-verbe est l'endossement du poids lexical de laphrase. Le participe présentvéhicule ainsi l'information la plus importante ; le gérondif, aucontraire,dénoteunesituationcomplémentaire,demoindreimportance.Enguised'illustrationsHerslund (2000)commentequelquesexemplesdecommutationentrelesdeuxformes:

Ø Lasultanes'estlevéemettantfinàl'entretien.(1)

Ø Lasultaneamisfinàl'entretienen selevant.(2)

Ø Ils'étaitlevé,s'appuyant sursacanne(3)

Ø Ils'était appuyésursacanneenselevant.(4)(M.Herslund, 2000, p.87)

Dansl'exemple de la sultane,on parle d'une seule situation, où ce quiestimportant,ce n'est pas que la sultane se lève, mais qu'elle mette fin à l'entretien. Or, c'est bien leparticipe présent, en (1), qui livre l'information la plus importante. La mise au gérondif, en(2),supposequelesprédicatssoientintervertis,puisquelegérondifdélivretoujoursl'information secondaire ; sous cette seule condition, le sens de (1) équivaut à celui de (2). Lesimple remplacement du participe présentpar le gérondifmodifie, lui, le sens initial8(*). Dansle second exemple, le poids lexical est localisé dans l'action de s'appuyer sur une canne, nondans celle de se lever. Ici, encore, les prédicats doivent être intervertis pour que le sens de lapropositionavecgérondifcorrespondeà celui delapropositionavecparticipe présent.

PourAlainRihs, (2009)lathéoriedeHerslund (2000)rencontreplusieursdifficultés.Ilprétend que ses trois arguments en faveur d'un participe présentconçu comme co-verbe sontdifficilementrecevables.Ilpréconisela simultanéité comme critère dediscriminationdugérondifet du participe présent.

Partant de l'hypothèse suivante : « Le participe présentse spécialise dans l'expressiond'une causalité entre procès contigus, alors que le gérondifse spécialise dans l'expressiond'une causalité entre procès simultanés. »(A.Rihs, 2009, p.210), il a su démontrer cette hypothèse et cela nous a, ilfaut le remarquer, beaucoup convaincus. Ainsi, pour lui, la simultanéité des évènements dugérondifet le fait que le participe présentn'impose aucune contrainte temporelle peuventlargementsuffirepourlesdifférencier.

* 6 Voir, Alain Rihs (2009)

* 7 Le concept de situation n'est pas défini par Herslund. On peut y voir à la fois l'idée d'évènement et de circonstance.

* 8 La sultane s'est levée en mettant fin à l'entretien s'interprète en effet ainsi : la sultane s'est levée et, par ailleurs, elle a mis fin à l'entretien (d'un geste de la main, par une parole etc.)

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984