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Analyse critique des resolutions du conseil de securite des nations unies


par William BALIKA LWAMUSHI
Universté libre des pays des grands lacs (ULPGL) - Licence en droit 2000
  

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E. Critiques émises sur l'extension des compétences du CS.

Beaucoup de critiques se sont élevées pour dénoncer l'extension des prérogatives du CS, il faut dire que la question est ancienne. Certains pays comme la Colombie ont dénoncé l'accroissement illégal des compétences du CS en des termes durs. Selon ce pays, pour en arriver là, le conseil a adopté une interprétation lâche, libérale et extensible à souhait que rien dans la charte ne saurait justifier, de la notion de menace de la paix et de la sécurité internationales. Cette extension des attributions du conseil aurait empiété sur le domaine d'intervention d'autres organes du système des Nations Unies par exemple le HCRNU124. Comme on peut s'en rendre compte, le CS élargit ses compétences toujours au nom du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Pourtant, devant les richesses du sol et du sous-sol, les dispositions de la Charte notamment la notion de maintien de la paix et de la sécurité internationales, ne représentent rien aux yeux des certaines puissances.

Comment comprendre que deux Etats viennent se battre à deux reprises sur le territoire d'un autre État sans que le CS de l'ONU ne condamne énergiquement ce comportement et les contraigne à se retirer puisqu'il s'agit bel et bien d'une rupture de la paix internationale, tandis qu'au Koweït les interventions s'exécutent avec rapidité. Comme si l'extension de ses compétences se limitait à produire des textes vagues, imprécis et ambigus, le CS dans sa résolution 1304 (2000 ), se contente de se déclarer indigné par la reprise des combats entre les forces ougandaises et les forces rwandaises à Kisangani en RDC le 5 Juin 2000, ainsi que par le manquement de l'Ouganda et du Rwanda à l'engagement de mettre fin aux hostilités et de se retirer de Kisangani125. A analyser de près la résolution, le souci cardinal du CS n'est même pas d'offrir aux congolais juste la paix puisque les agresseurs, selon la volonté du conseil, resteront en maître régnant en RDC, dans les territoires autre que Kisangani et ils ne seront pas inquiétés pour avoir violé la souveraineté et l'intégrité territoriale de la RDC en dépit de quelques paragraphes vagues et imprécis de la résolution. Agissant en vertu du chapitre VII, le conseil, dans ses paragraphes 2 et 3 de la résolution 1304 ( 2000) avait seulement l'intention de

123 Papini R. et all., La rupture des relations diplomatiques et ses conséquences, Paris ,éd.A.Pédone,1972. P.38

124 FAYE A. in le CERRI,Op.cit,P.8

125 Résolution 1304 ( 2000 ) du CS des Nations Unies.

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se convaincre coûte que coûte qu'il n'a pas connu d'échec même si celui-ci est évident puisque à sa fin, la résolution traite bizarrement sur le même pied d'égalité, aux paragraphes 4 et suivant, les forces invités et celles non invités ( agresseurs ).

Et pour camoufler son inefficacité, au paragraphe 13 de la résolution, le CS se limite à exprimer l'avis que les réparations- sans contrainte - pour les pertes en vies humaines et les dommages matériels infligés à la population civile de Kisangani soient fournies par les gouvernements ougandais et rwandais. Or, cette nouvelle n'a suscité aucun commentaire significatif de la presse internationale comme si les vies des victimes congolais étaient sans importance dans la logique de l'analyse d'une communauté internationale déterminée à imposer ses vues et ses choix au peuple congolais même au prix d'une boucherie humaine 126. Au surplus, il importe de faire remarquer que la population de Kisangani ne constitue pas l'ensemble de la population congolaise. Voilà pourquoi le CS ne doit pas seulement condamner les exactions commises sur la population de Kisangani par les troupes étrangères mais aussi sur la population d'autres entités administratives de la RDC.

Il est évident, par ailleurs, que la guerre en RDC comporte beaucoup de mobiles économiques à croire au rapport sur le pillage systématique des richesses de la RDC du

/2000. Tout d'abord, l'illustration pertinent en a été faite par le porte-parole du
département d'Etat américain, Mr Rubin lorsqu'il a dénoncé le pillage des richesses de la RDC par le Rwanda et l'Ouganda, principalement le bois, l'or et le Diamant127. Ce qui est contraire à l'art 1er alinéa 2 de la convention de Genève IV128.

Cependant, comme le démontre le rapport sur le pillage de la RDC , ces
derniers - Rwanda, Burundi et Ouganda - ne jouent que le role de sous-traitant dans l'exécution de ce complot international visant à briser la volonté d'autonomie de la RDC et la main mise sur ses richesses129. Le pays est trop riche pour susciter envies et convoitises barbares.130 Et c'est ce qui explicite l'inadaptabilité ou mieux l'inefficacité des résolutions du CS sur la RDC. Le Rwanda et l'Ouganda sont des ouvriers disposés à payer de leur sang pour leur survie et réserver la bonne part aux grandes puissances. Le capitalisme aujourd'hui a atteint un niveau tel que pour que survive les pauvres, ils doivent payer de leur sang.

126 CIJ, Livre blanc,Op.cit, P.37

127 Idem,P.65

128 Art 1er alinea 2 de la convention Génève IV : «Pour atteindre leurs fins, tous les peuples peuvent disposer librement de leurs richesses et de leur ressources naturelles... en aucun cas un peuple ne pourra etre privé de ses propres moyens de substance »

129 CIJ, Livre blanc,Op.cit, P.67

130 TEVOEDJE A:, Rapport préparatoire du dialogue inter-congolais : Rapport Général, Gaberone, Aout 2001. P. 7

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Toujours au nom du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le CS est intervenu dans le conflit angolais, bien qu'interne, parce qu'il a estimé la paix internationale menacée surtout lors de l'intensification des combats qui ont suivie le retrait des forces de l'Unita des FAA après l'échec de J. Savimbi aux élections présidentielles et législatives de 1992. C'est pendant ce temps que fut adoptée la résolution 864 ( 1993 ) du CS imposa un embargo sur les armes à l'Unita. Or, imposer l'embargo sur les armes ne résoud, en soi, rien si les données du différend n'ont pas entretemps changé surtout que la contrebande de diamants alimente ce commerce fructueux.

Pour la petite histoire, les origines du conflit remontent à la décolonisation de l'Angola. Depuis 1975, date de son indépendance, l'Angola a subi les poids idéologiques de la guerre froide, accentué par la convoitise d'importantes richesses naturelles ( diamants, pétrole, ... ) dont il regorge. Pendant cette période, le pays est un terrain d'affrontement idéologique entre les USA et l'Afrique du Sud, d'un coté et l'URSS et le Cuba, de l'autre131. De sorte que cet élément extérieur fut primordial et déterminant pour la résolution du conflit, il a entretenu une situation conflictuelle au point qu'actuellement, la scène politique « officieuse » du pays n'est pas modifiée. Seul l'environnement extérieur a changé depuis le retournement de la situation au début des années 1990 avec la chute du communisme.

La résolution 864 ( 1993 ) a imposé un embargo sur les armes à l'Unita, la résolution 976 ( 1995 ) y a adjoint le gouvernement angolais ( paragraphe 12 ). Mais ces résolutions n'ont jamais été exécutées parce que l'Unita, malgré l'embargo de 1993, continue de recevoir des armements en provenance des pays voisins comme la République Sud-africaine, la Namibie et l'ex-Zaïre132. Du cote du gouvernement, non plus, l'embargo sur les armes n'est pas aussi total qu'il devrait l'être, puisque la Russie, le Brésil et le Portugal continuent à lui fournir des armements...133

Comme on peut s'en rendre compte, de deux cotés, ce sont les mêmes acteurs qui hier soutenaient les parties opposées qui continuent encore cette fois-ci, n'ont pas sur un terrain d'affrontement idéologique mais sur celui économique et de positionnement stratégique, à alimenter le cycle de la violence, à rendre inefficace les résolutions du CS.

Selon le rapport de Human Right Watch, la firme sud-africaine de Beers s'est vue accusée d'avoir achetée des diamants à l'Unita. Human Right Watch dénonce dans son dernier rapport sur l'Angola, la permanence des vols entre le Zaïre et les zones contrôlées par

131 Anonyme, Le réglement de conflit angolais et son inscription dans l'espace géopolitique de l'Afrique

132 Idem,P.23 Australe, Op.cit, P. 1

133 Idem, P.22

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l'Unita.134 En outre, jusqu'en Mai 1993, date de la reconnaissance du gouvernement de Luanda, les USA ont soutenu l'Unita contre le régime pro-marxiste du MPLA135. Ce n'est que 4 mois seulement après cette reconnaissance par les USA qu'est intervenue la résolution 864 ( 1993 ) du CS portant embargo sur les armes contre l'UNITA. Cela prouve à suffisance à quel point les membres permanents sont à même de remettre la paix dans une région en proie de tension chaque fois que leurs intérêts sont garantis; même si, enfin de compte, la paix ne s'est pas rétablie en Angola. C'est ainsi que J. Savimbi, ayant perdu au cours des années son soutien le plus précieux, celui des USA, il peut craindre de devoir jouer encore longtemps les trouble-fêtes ou de remettre en cause par les armes la pacification politique136. Mais comme le gouvernement a continué à s'approvisionner en armes en dépit de la résolution 976 ( 1995 ); l'Unita continue aussi d'acheter des armes illégalement, contournant l'embargo qui lui est imposé au paragraphe 19 de la résolution 864 ( 1993 ) du CS. Et c'est ce qui justifie les récents affrontements entre l'UNITA et les FAA.

Cependant, les violations de l'embargo, si souvent constatées, n'ont pas fait l'objet de véritables sanctions. Il n'y a eu a posteriori que des demi-mesures pouvant augurer soit d'un manque de volonté, soit d'un intérêt économique certain ( pour le pétrole, en tout cas ). Car qui dit gouvernement légal, contrôlant l'ensemble du territoire, dit aussi menace pour le contrôle des installations pétrolières137. Ainsi, donc, l'intérêt que les pays de la région (SADC ) manifestent pour l'Angola ne suffit pas à résoudre le conflit dont les tenants et les aboutissants sont très glissants.

D'où, la reforme du CS des Nations Unies s'avère actuellement très importante car, il y va de la confiance même dont peut jouir cette institution universelle à vocation politique... Les membres doivent éviter les divergences et les querelles entre Etats, parce que dangereuses pour leur union et ceci au prix de la pensée de Raymond ARON qui estime que tant que l'humanité n'aura pas accompli son unification dans un État universel, il subsiste une différence essentielle entre politique intérieure et politique extérieure .138

134 Idem, P. 23

135 Idem,P.80

136 Idem, P.33

137 Idem, P.25

138 Aron R., Cité par M. Merle, Sociologie des relations internationales, 4ème Ed., Paris, P.U.F, 1948, P. 49

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius