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Analyse critique des resolutions du conseil de securite des nations unies


par William BALIKA LWAMUSHI
Universté libre des pays des grands lacs (ULPGL) - Licence en droit 2000
  

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CONCLUSION GENERALE

Tout au long du cheminement de ce travail intitulé « Analyse critique des résolutions du CS des Nations Unies », il a été question de présenter, dans son premier chapitre, des considérations générales sur la sécurité collective. Au-delà de celles-ci s'est ajouté l'analyse des résolutions du CS des Nations Unies tant sur le plan organisationnel que sur le plan des causes qui contribuent à l'inefficacité de ces résolutions. Ces causes présentent chacune ses particularités, ce qui fait que les effets engendrés par les résolutions varient en fonction de la politique générale ou mieux des intérêts, non pas de l'organisation des Nations Unies mais de ceux de chaque État membre surtout et prioritairement des P5.

De cela, il s'est avéré que les intérêts égoïstes des Etats membres ont prévalu sur les buts assignés à l'organisation qui ne sont rien d'autres que le maintien de la paix et de la sécurité internationales, le traitement égalitaire entre tous les Etats membres en développant entre eux des relations amicales, faire des Nations Unies un centre où s'harmonisent les efforts des nations vers des fins communes, un centre ou se résolvent les problèmes internationaux d'ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire tout en réalisant la coopération internationale. Ces intérêts égoïstes des Etats ont entraîné comme conséquence l'inefficacité des résolutions du CS, faute d'adhésion d'autres Etats membres à ces résolutions.

Avant toute adoption d'une résolution , les P5 doivent impérativement se consulter officieusement. Ce n'est qu'au cours de ces consultations des P5 que la plupart des décisions du conseil sont formellement arrêtées avant même la discussion avec les autres membres non permanent. C'est ce qui fait que les résolutions du CS n'ont jamais été transparentes, les méthodes adoptées pour arriver à une résolution ne sont pas connues par des autres Etats compte tenu de la grande opacité. Les résolutions ne limitent jamais, avec exactitude, la responsabilité en cas de leur non-exécution. Si elles sont adoptées, c'est tout simplement parce que les intérêts des P5 sont plus ou moins sauvegardés. D'où la perte de la crédibilité du conseil et de ses résolutions.

Il arrive, par ailleurs, que, malgré ces consultations officieuses, certains membres permanents se désolidarisent des autres et agissent contrairement à la résolution au vote duquel ils ont participé. Il arrive, et plus souvent, que certains Etats n'aient plus besoin des résolutions du CS pour se rendre justice : c'est la loi de la jungle qui résoud le différend.

Il se pose aussi un autre problème, celui du contournement du CS par certaines puissances ( USA ) et par certaines coalitions ( exemple de l'intervention de l'OTAN au Kosovo ).

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L'efficacité qui suppose crédibilité des Etats membres aux résolutions du CS se voit donc remise en cause par cette tendance de contournement.

Face à de telles hypocrisies qui entraînent l'impuissance du CS de maintenir la paix et la sécurité internationales, les membres permanents cherchent à camoufler l'échec encaissé en se repliant derrière les déclarations à la presse du Président du CS. En fait, ces déclarations sont le symbole d'une impossibilité politique entre les P5 d'adopter une résolution. Cependant, par elles, les membres du conseil veulent faire croire à la communauté internationale qu'ils ne sont pas demeurés totalement inertes. Coûte que coûte, ils essaient de se convaincre qu'ils n'ont pas connu d'échec même si celui-ci est évident. C'est ainsi que, quand ce sont les diamants de la Sierra Léone, le pétrole du Koweït ou de l'Angola, les richesses minières de la RDC, le positionnement stratégique et économique en Éthiopie qui dictent les comportements des Etats face aux résolutions du CS; celui-ci est dans l'impossibilité d'adopter des résolutions et s'elles sont adoptées, elles sont tellement imprécises, vagues et monotones que leur non-exécution n'est pas sanctionnable. C'est ainsi que devant la faillite du maintien de la paix, l'ONU change son fusil d'épaule et réveille le mythe de la justice internationale.

A cela s'ajoute la « bipolarité du CS ». Celle-ci est beaucoup plus accentuée sur le plan décisionnel que sur le plan formel. D'un coté, le CS est composé des membres permanents ( art 23 de la charte des Nations Unies ) qui sont les grands vainqueurs de la deuxième Guerre Mondiale et fondateurs de l'organisation. De l'autre coté, le CS se compose de dix autres membres de l'organisation à titre de membres non permanents du CS élus pour une période de deux ans.

Les premiers disposent chacun d'un droit de veto capable de paralyser toute action de l'organisation quelle que salvatrice qu'elle puisse être aux attentes des autres membres de l'organisation. C'est ce droit de veto qui confère un poids politique considérable des P5 face aux résolutions du CS et aux autres Etats membres de l'organisation. Avec ce droit, chacun des P5 peut accepter ou refuser la révision ou l'amendement de la charte des Nations Unies, etc.

Ceci implique que chaque membre permanent du CS peut user du droit de veto à tout moment, même au simple projet de résolution du CS pour qu'il soit modifié ou n'aboutisse pas. Ainsi, chaque fois que l'un estime qu'un différend n'est pas suffisamment grave pour qu'intervienne les Nations Unies, il menace par son opposition c'est-à-dire son veto en dépit des attentes de la communauté internationale. Ce qui fait que l'ONU ne peut rien entreprendre contre l'un quelconque des P5 car doté d'un droit de veto même s'il est engagé dans un conflit qui constitue une rupture de la paix. Voilà pourquoi d'autres Etats comme l'Allemagne et le Japon militent pour qu'ils soient chacun membre permanent. Le Japon et l'Allemagne militent

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aussi en cette qualité en fonction du poids de leur contribution au budget des Nations Unies : 24 % près139. Cette contribution est de loin supérieure aux contributions francaise, britannique,...

Les seconds, par contre, ne disposent pas d'un droit de veto et sont élus par l'A.G. sur recommandation des premiers c'est-à-dire les membres permanents les véritables composant du gouvernement mondial de fait dans la logique onusienne suivant une répartition géographique équitable notamment. Dans la prise des décisions au sein du CS, ces derniers n'interviennent qu'au second plan. Autrement dit, ce sont les P5 qui, prioritairement, doivent consentir à une résolution ( art 27 § 1 de la charte des Nations Unies ) après quoi, pour que celle-ci soit adoptée, les membres non permanents interviennent avec tout au maximum le concours de quatre ou cinq membres à la décision prise par un vote affirmatif ( art 27 § 3 de la charte des Nations Unies ). A vrai dire, ce cinquième membre non permanent qui intervient lors du vote affirmatif sera très important le jour où le conseil pourra faire abstenir un membre permanent à la prise d'une décision à laquelle il est acteur.

On comprend mieux que ce sont les P5 qui décident dans l'organisation, mais pour ne pas faire croire une telle réalité à la communauté internationale, l'art 23 de la charte essaie d'y associer d'autres Etats membres qui ne peuvent vraiment pas mordre. Ainsi l'efficacité du CS dans ses résolutions pose problème mais aussi son « caractère bipolaire ».

A quelques exceptions près, en principe, tout comme les hommes, les Etats se sentent liés par une décision à laquelle ils ont participés. Ils sont aussi retissant aux décisions ou résolutions auxquelles ils n'ont pas été, à tout le moins, représentés. Et cette réalité n'échappe pas au CS des Nations unies.

Ainsi l'élargissement du CS parait aujourd'hui comme une nécessité. Le problème qui se posera sera celui de l'élargissement des membres permanents du CS. Compte tenu de tant d'échecs enregistrés par les résolutions du CS qui ne sont jamais suivis d'effets; l'objectif principal de l'élargissement et donc de reforme du CS doit être le renforcement de l'efficacité du CS.

Certes, l'élargissement du CS demeure une nécessité étant donné que plus le conseil sera représentatif, plus l'adhésion des Etats sera importante vis-à-vis de ses résolutions et par conséquent le conseil y gagnera en crédibilité140. S'il faut envisager l'élargissement du conseil seulement sous son aspect négatif de l'usage fréquent du veto; l'élargissement en soi est mauvais. S'il faut l'envisager, par contre, dans le sens de conscientisation et de participation pour légitimer les résolutions du CS, l'élargissement est souhaitable et une nécessité à la fois.

139 Faye A. in le CERRI,Op.Cit., P. 18

140 Faye A. in Le CERRI, Op. Cit., P. 20

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Par cette pratique, les Etats seront beaucoup plus disposés à accepter et exécuter des résolutions du conseil lorsque ces derniers seront prises par le CS au sein duquel toutes les régions du monde se reconnaissent. Aussi, il ne suffit pas que le conseil soit représentatif pour que ses résolutions soient efficaces, il faut ensuite la volonté politique des Etats membres pour amener l'organisation à ses buts. Il faut aussi la prise en conscience de tous les peuples des Nations Unies de leur responsabilité commune en matière de sécurité collective, surtout en privilégiant la solidarité entre les Etats membres.

Il n'est pas, néanmoins, facile d'aboutir à un juste équilibre entre une représentation géographique équitable et la garantie d'une efficacité des résolutions du CS; trouver un compromis dynamique qui respecterait les impératifs de l'efficacité et de la représentativité n'est pas aisé. Mais il reste une nécessité que le CS soit élargi à des nouveaux membres pour l'efficacité de ses résolutions surtout si la volonté politique des Etats peut y jouer un role de premier plan.

ll est implicitement établi dans la charte que seules les P5 jouissent du droit de veto. Ce droit pourrait, d'une manière générale, signifier que l'accord obtenu par les grandes puissances ne connaîtrait pas d'obstacle à son application par la communauté internationale.

Cette logique n'est pas, cependant, totalement vrai parce que les Etats demeurent souverains malgré leur adhésion surtout que la responsabilité de non-exécution d'une résolution du CS n'est pas sanctionnable.

Il est, au contraire, prouvé que le veto joue un role considérable avant toute prise de décision. Mais cela n'empêche pas que certaines puissances notamment les USA contournent le CS, il en est de même de l'OTAN pour échapper au veto, surtout Russe. La question est de savoir si cette situation va se renouveler le plus souvent. Et s'elle se renouvellera chaque fois, à quoi servira le Veto ? Il tombera en désuétude et l'organisation sera conduite inéluctablement à une incapacité totale d'intervenir dans les confits et donc à sa disparition. Ceci ne veut pas, pour autant, dire que c'est le veto qui fait qu'intervienne l'organisation dans les conflits; loin de là, c'est seulement parce que les P5 n'interviendront plus dans un conflit au nom des Nations Unies, ce qui ferait de cette organisation un bon à rien.

Au surplus, étant donné que tous les Etats adhèrent à l'organisation en vertu du principe de l'égalité souveraine des Etats membres, le CS ne devait plus faire figure d'un système bipolaire dans la prise des décisions. Cela favorise le clientélisme, l'inégalité parfaite entre les membres , l'injustice,... Mais aussi la méfiance des autres Etats membres face aux décisions prises par le conseil.

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Il ne serait pas aussi raisonnable que tous les Etats soient membres du CS car cela alourdirait la rapidité dans la prise des décisions et l'efficacité des interventions très urgentes. D'où un nombre réduit d'Etats membres et représentatifs peut constituer un organe restreint, le CS, pour traiter dans la transparence et l'égalité souveraine des Etats, des questions relatives aux buts des Nations Unies. Ces Etats auront l'obligations de tenir informer les autres Etats non membres du déroulement de leurs consultations par des documents récapitulatifs, bien sur, qui rendent compte des débats de leurs séances.

« Le bipolarisme du CS » frustre les membres non permanents qui dépendent des P5 parce qu'ils n'ont pas à proposer à ces derniers qui ont tout décidé dans leur consultation officieuse. Ainsi, pour la meilleure participation des Etats membres à la transparence et à la crédibilité des résolutions du CS, il serait préférable de traiter tous les Etats membres de façon égalitaire de sorte qu'il ait alternance dans l'exercice des fonctions et pouvoirs de la sécurité collective et idéalement aboutir à l'abandon du veto surtout que les Etats adhèrent en vertu du principe de l'égalité souveraine.

Certes, la tache n'est pas aisée, mais l'abandon du veto ne peut pas être brusque et total; il faudrait qu'il soit progressif par la réduction progressive de son champ d'application et bien pensé. Mais aussi, il serait mieux que tous les membres du conseil soient soumis à un mandat unique et non renouvelable immédiatement. Si les Nations Unies sont la voie du monde, le CS ne doit plus être une clique occidentale.141

Il se posera alors le problème de révision de la charte des Nations Unies. A son art 108, elle veut que pour l'entrée en vigueur de sa révision ou de a son amendement, tous les cinq membres permanents aient ratifiés la mesure arrêtée. Ainsi au cas où il y aurait une révision ou un amendement de la charte des Nations Unies en vue d'élargir le CS à des nouveaux membres ou supprimer le veto ou le « bipolarisme du CS », il faut inéluctablement une ratification de tous les membres permanents actuels pour l'application des mesures adoptées. Cette condition a été posée en 1963 par la résolution 199/XIII du 17 Décembre 1963.

En définitive, il n'est pas nécessaire de créer quelques choses d'entièrement nouveau sans tenir compte de ce qui existe. Le grand mérite de l'ONU est justement d'exister et de fournir une base de départ pour la reconstruction de la paix. Il serait tout à fait déraisonnable de répartir à zéro. Ce qui est nécessaire ce sont des aménagements, des constructions complémentaires, des destructions des parties inadaptées pour les remplacer par des nouvelles, plus modernes et plus fonctionnelles142. La première de destruction, pour nous, serait de

141 FAYE A. in le CERRI, Op. cit, P. 2

142 Paris, Centre d'information des Nations Unies, Communiqué de Presse n°7/87.

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transformer la structure actuelle du CS en un organe, restreint bien sur, monodécisionnel et représentatif pour l'adhésion d'un bon nombre d'Etats aux résolutions du CS sans hypocrisie comme cela est de coutume sur le plan international.

Mais est-ce que ces membres permanents du conseil sont-ils prêts ou disposés à accepter d'avoir le même poids politique ( droit de veto et autres prérogatives ) que d'autres Etats « ennemis » ou certains pays ayant acquis un niveau de développement considérable ces dernières décennies ?

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus