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La légalite des moyens de preuve dans le procès pénal en droit français et libanais


par Ali Ataya
Ecole doctorale 88 Pierre Couvrat (Poitiers) - Droit et Sciences Politique, Université du Maine - Thèse de doctorat en Droit privé 2013
  

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Conclusion du chapitre II

418. La légalité d'une preuve comme condition dans la recherche et l'administration de la preuve pénale doit prévaloir sur sa fiabilité et sa force probante parce que la fin ne justifie pas les moyens. Nous soutenons entièrement l'avis qui interdit l'utilisation d'un élément de preuve obtenu en méconnaissance d'une règle de la procédure pénale, par la violation du droit au respect de la vie privée, en méconnaissance des droits de la défense ou en méconnaissance du droit à la dignité humaine. Les éléments de preuve obtenus de manière illégale ne peuvent être retenus dans la mesure où leur utilisation est contraire au droit à un procès équitable. Sans doute, la doctrine pénale classique considère la théorie de la nullité en matière pénale suffisante pour sanctionner l'illégalité d'un acte de procédure pénale. Bien évidemment, cette théorie de nullité classique n'arrive pas à punir et sanctionner effectivement l'illégalité procédurale des éléments de preuve pour répondre aux conditions et dispositions imposées par le principe de la légalité de preuve pénale en droit libanais et français. Plusieurs raisons ont contribué à l'échec de la théorie des nullités en vigueur au Liban et en France d'assurer une application pragmatisme et réaliste du principe de la légalité de preuve pénale. Parmi les facteurs de l'échec de la théorie des nullités que l'on pourrait imputer à la concentration sur la nullité de l'acte de procédure pénale sans prendre en compte la nullité des éléments de preuve illégale d'une part, et la distinction entre nullité d'intérêt privé et nullité qui protège l'intérêt général ou l'ordre public d'autre part. On pourrait sur ce qui précède ajouter qu'en droit français, s'agissant des nullités protégeant l'intérêt privé, la nullité de l'acte illégal ou irrégulier est soumise à la démonstration d'un grief (la nullité d'ordre privé). Donc en droit français pas de nullité sans grief, la partie concernée devra rapporter la preuve qu'elle a subi un grief du fait du non-respect du formalisme légal pour que la Cour prononce la nullité d'ordre privé, ce qui a très largement contribué aux échecs massifs de la théorie de nullité à mettre en évidence le principe de la légalité de preuve pénale . De surcroît, le fait que l'acte d'accusation purge la procédure de toutes les nullités antérieures à celles-ci constitue un obstacle radical à la mise en oeuvre du principe de la légalité de preuve. La théorie des nullités en droit libanais et en droit français n'a pas pu sanctionner les éléments de preuves illégales produits par les parties privées en raison de l'absence d'un texte de loi selon la chambre criminelle de la Cour de cassation libanaise et de la Cour de cassation française, qui permet au juge répressif d'écarter les moyens de preuve produits par les parties privées en considérant que la soumission à un débat oral, public et contradictoire des éléments de preuve illégale purge en quelque sorte la preuve de son origine illégale, irrégulière et

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illicite. Ajoutons encore aux points qui précèdent, la jurisprudence des Cours des cassations libanaise et française adopte le concept de la liberté absolue du juge d'accorder aux éléments de preuve la valeur probante selon son intime conviction sans prendre en compte l'origine illégale de l'élément de preuve en faisant abstraction de toute considération du principe de la légalité de preuve pénale. Il ne faut pas négliger le rôle négatif de la règle de la purge des nullités de la décision de mise en accusation définitive émise par la chambre d'instruction en droit français et la chambre d'accusation en droit libanais dans l'échec de sanctionner efficacement les preuves illégales. Le juge dispose d'un pouvoir discrétionnaire d'évaluer la crédibilité ou la fiabilité de la valeur probante de la preuve illégale pour décider d'après sa conscience et sa conviction loin de tout contrôle de la Cour de cassation, ce qui constitue encore une cause supplémentaire qui fait obstacle à l'application effective du principe de la légalité de preuve pénale en droit libanais et français. Donc, la jurisprudence au Liban et en France est invitée, désormais, à appliquer de façon uniforme et rigoureuse la règle selon laquelle un élément de preuve pénale obtenu illégalement ne peut en aucune manière contribuer, que ce soit directement ou indirectement, à apporter la preuve d'une infraction. Mais comment appliquer ce qui précède en l'absence d'outil juridique en droit libanais et français permettant d'appliquer d'une façon efficace le principe de la légalité de preuve pénale ? On peut ainsi conclure la réalité de l'échec de la théorie des nullités et son incapacité à contribuer à l'humanisation de la recherche de la preuve pénale et de garantir une application pleinement satisfaisante du principe de la légalité de preuve pénale d'où la nécessité de développer la théorie classique des nullités en matière pénale qui a prouvé une inefficacité remarquable à sanctionner les éléments de preuve illégale en accroissant les cas de nullités textuelles automatiques à la violation des actes de procédure pénale et des principes généraux produisant des éléments de preuve sans la nécessité ou la condition adoptée par le législateur français de démontrer l'existence d'un grief pour prononcer la nullité qui protège les intérêts privés. Un autre mode ou moyen de développement peut rendre la théorie des nullités en matière pénale plus efficace et même d'une manière plus satisfaisante qui se caractérise par un mouvement de modernisation et de développement de la théorie des nullités classique vers la transformation à une théorie des nullités des preuves pénales qui permettent d'assurer et de garantir l'application effective et satisfaisante du principe de la légalité de preuve pénale. Sans doute il faut prendre en compte en droit libanais et français, la nécessité d'adopter un nouveau mécanisme juridique qui permet de sanctionner la preuve ou les éléments de preuve illégale en éliminant sa valeur et sa force probante, ce qui ouvre le choix vers la modernisation des outils juridiques qui permet d'exclure la preuve illégale sans prendre en considération la crédibilité et la fiabilité de la preuve. Il est permis de proposer une nouvelle façon de sanctionner la

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preuve illégale loin de la technique de la théorie des nullités qui peut assurer un renforcement et un établissement du principe de la légalité de preuve pénale entérinant une nouvelle voie ou manière efficace par l'adoption du système de filtrage de preuves acquises illégalement par le juge de fond avant de forger sa conviction, ce qui nécessite d'instaurer des textes de loi qui permettent d'exclure ou d'écarter les preuves illégales du pouvoir absolu du juge d'apprécier la preuve en matière pénale. L'adoption du système de filtrage des preuves ou des éléments de preuve illégaux, constitue une étape importante de la part du législateur vers l'atténuation de l'application jurisprudentielle radicale et extrême de la chambre criminelle des Cours de cassation libanaise et française de la liberté du juge d'apprécier les preuves en négligeant l'origine illégale de la preuve et en s'intéressant seulement sur sa valeur probante pour condamner. Une autre technique ou outil juridique permet aussi d'appliquer effectivement le principe de la légalité de preuve pénale loin de la théorie des nullités classiques. Il est possible d'utiliser le droit d'évoquer des moyens de cassation non traditionnels en droit libanais et français qui peut servir l'application du principe de légalité. Les législateurs libanais et français peuvent insérer un nouveau moyen de cassation en matière pénale qui est la violation de la légalité procédurale en la considérant comme une procédure substantielle. La violation de la légalité procédurale ou de la preuve comme un nouveau moyen de cassation est un mécanisme juridique qui peut améliorer la qualité du respect du principe de légalité dans la recherche de la preuve pénale si les législateurs libanais et français ajoutent explicitement une nouvelle cause de cassation conformément à notre proposition. Certainement, cela aurait des conséquences sur la recevabilité de l'application effective du principe de la légalité de preuve qui nécessite dans certains cas d'exempter l'accusé de la sanction même en présence des preuves irréfutables, mais illégales pour condamner. En résumé, l'application du principe de la légalité de preuve pénale en droit libanais et français ne peut être efficace et satisfaisante sans l'adoption d'une solution qui peut résoudre le problème de l'inefficacité des outils juridiques en vigueur pour sanctionner effectivement l'illégalité de la preuve pénale. La solution nécessite un esprit créateur pour choisir des instruments, mécanismes et outils juridiques modernes qui permettent d'assurer l'application effective du principe de la légalité de preuve pénale d'une manière qui reflète la véritable valeur juridique de ce principe en droit libanais et en droit français.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams