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La légalite des moyens de preuve dans le procès pénal en droit français et libanais


par Ali Ataya
Ecole doctorale 88 Pierre Couvrat (Poitiers) - Droit et Sciences Politique, Université du Maine - Thèse de doctorat en Droit privé 2013
  

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Conclusion du chapitre II

106. La recherche de la vérité reste le principal objectif dans un procès pénal afin de produire des éléments de preuve susceptibles de convaincre et de persuader le juge qui va rendre le jugement. Donc, la preuve vise à la manifestation de la vérité et à la condamnation de l'auteur de l'infraction. Pour ce faire, la liberté dans la recherche de la preuve constitue le principe qui domine la procédure pénale afin de faciliter cette lourde tâche face à la

660 K. Roudier, Le contrôle de constitutionnalité de la législation antiterroriste. Étude comparée des expériences espagnole, française et italienne, Thèse de droit, Université du sud Toulon-Var, 2011, p. 1.

661 V. sur ce point : P. Kramer, « La loi Perben II et les évolutions de la justice pénale », in Etudes, 2005/2, Vol. 402, pp. 175-183, V. spec. p. 177 : « Le Conseil constitutionnel, dans sa décision du 2 mars 2004, a validé cette approche dans sa quasi-totalité, en considérant qu'il y avait une proportionnalité entre les moyens nouveaux de procédure et les risques que font peser sur la société les activités délinquantes structurées ».

662 Décision n° 2004-492 DC du 02 mars 2004, Journal officiel du 10 mars 2004, p. 4637, Le Conseil constitutionnel Décide : Article premier.- Sont déclarées contraires à la Constitution les dispositions suivantes de la loi portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité : - à l'article 1er, l'article 706-104 nouveau du Code de procédure pénale ; - à l'article 137, les mots : " en chambre du conseil " à la fin de la première phrase du second alinéa de l'article 495-9 nouveau du Code de procédure pénale.

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présomption d'innocence qui signifie que la charge de la preuve repose entièrement sur les épaules de l'accusation. Cependant, le principe de la liberté de preuve n'est pas absolu puisqu'il comporte des limites. En effet, l'administration de la preuve doit respecter le principe de loyauté. Le principe de loyauté dans la recherche de la preuve en matière pénale représente une limite et restriction à la liberté de la preuve qui domine la procédure pénale libanaise et française. En dépit de l'absence de consécration législative du principe de loyauté en droit libanais et français, dans un État de droit, la recherche et le recueil des éléments de preuve doivent se faire dans le respect du principe de loyauté. L'obtention de la preuve ne doit pas se faire au prix de violations de la loyauté parce que la preuve ne saurait être recherchée par n'importe quel moyen et à n'importe quel prix. L'objectif louable de recherche de la vérité dans le procès pénal ne doit pas justifier l'emploi de n'importe quels moyens. La loyauté fait appel à l'honnêteté et la droiture dans la recherche de preuve, ce qui a poussé certains auteurs à considérer le principe de loyauté d'inspiration essentiellement morale. La loyauté dans la recherche de la preuve pénale est un principe jurisprudentiel dégagé par la Cour de cassation française dans un arrêt de principe en 1888, l'affaire Wilson, puis dans l'arrêt Imbert rendu le 12 juin 1952 qui a confirmé la naissance du principe de loyauté dans la recherche de preuve pénale et qui a contribué à éclaircir quelques points d'ombres concernant le champ d'application du principe de loyauté. Dans l'affaire Imbert, la Cour de cassation française a généralisé la portée de ce principe de loyauté dans la recherche de preuve. Le principe de loyauté en droit libanais et français n'est pas consacré d'une façon directe et textuelle, ce qui fait de la loyauté un principe controversé. Malgré sa place et son importance dans la recherche de la preuve pénale, il semble que le principe de loyauté en droit libanais et français connaisse un déclin ou une faiblesse, comme l'affirment certains pénalistes et comme l'affirme implicitement son application par la chambre criminelle des cours de cassation française et libanaise. Plusieurs facteurs ont contribué au déclin du principe de loyauté en droit libanais et français. Parmi les facteurs qui ont probablement contribué à ce déclin, on note : l'absence de consécration législative expresse en droit libanais et français, l'application trop stricte du principe de la liberté dans la recherche de preuve et la liberté totale du juge quant à l'appréciation des éléments de preuve. De surcroît, l'application variable du principe de loyauté de la preuve qui n'a pas un caractère absolu et ne s'impose pas de la même manière sur l'ensemble des acteurs du procès pénal a contribué sans doute au déclin du principe. Parallèlement, la découverte de la vérité ramène le procès pénal à un duel entre deux idées philosophiques. Le premier principe est la morale selon Kant : « la fin ne justifie jamais les moyens ». Le deuxième est selon l'expression Machiavélienne l'opposé : « la fin justifie les moyens ». En principe, dans un État de droit comme au Liban et en France, dans la recherche

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et l'administration des preuves pénales, la fin ne doit pas justifier l'utilisation de n'importe quel moyen comme l'utilisation de procédés déloyaux, de ruses ou de stratagèmes en vue de réunir des éléments de preuve. Par exemple la tromperie dans la constitution de la preuve et la provocation à la commission d'une infraction sont interdites pour être considérées comme des procédés déloyaux. Pourtant, une distinction apparaît entre une provocation à la commission d'une infraction et une provocation à la preuve de l'infraction. La jurisprudence au Liban et en France est plus souple et tolérante quand il s'agit d'une provocation à la preuve qui est considérée un procédé loyal par nature. Bien qu'on ne puisse parler d'ennemis dans un État de droit, et qu'il n'y ait que des délinquants face à la loi, le droit pénal de la dangerosité et le droit pénal de l'ennemi ont conduit à l'émergence progressive de la preuve pénale de la dangerosité ou de l'ennemi et ont fini par pousser les législateurs libanais et français à adopter partiellement le principe selon lequel : « La fin justifie les moyens » dans la procédure pénale. Mais cela reste l'exception à la règle face à l'évolution du phénomène de la criminalité organisée et la nécessité de trouver nouveaux moyens de lutte contre certaines infractions graves, notamment liées au terrorisme, au trafic de stupéfiants, au crime organisé. Afin de faciliter la recherche légale de preuves de certaines infractions graves, les législateurs libanais et français ont décidé d'adopter une législation spécifique contenant des dérogations visant à faciliter la recherche de la preuve, comme au Liban la loi numéro 673 du 16/03/1998 relative aux stupéfiants et substances psychotropes et en France, la loi du 9 mars 2004, portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité, dite Perben II. Ces lois couvrent les vices de loyauté, c'est-à-dire que la loi légalise la recherche de la preuve déloyale comme les infiltrations policières et les livraisons surveillées de stupéfiants. Donc, les législateurs libanais et français ont tenu compte de la nécessité pratique urgente d'adopter des procédures pénales d'exception dans la recherche de la preuve lorsque l'infraction est grave.

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