I.2. CADRE THÉORIQUE
Dans cette section, il est question d'en creusé un peu
plus sur le renouvellement urbain en partant de la genèse, de
l'évolution du concept pour mieux le comprendre et mieux l'appliquer,
car il est apparu comme concept dans les années 90, mais il date de
millier d'années en arrière comme opération.
I.2.1. La genèse du renouvellement urbain 8
Le renouvellement urbain est une réalité
ancienne d'intensité variable, mais aussi une préoccupation
nouvelle. Il a également connu des modalités différentes
de mise en oeuvre au cours du temps.
À ce titre, on peut distinguer deux formules
principales qui coexistent encore aujourd'hui : le renouvellement
spontané (la formule la plus ancienne) et le renouvellement
planifié. Ces deux formules de renouvellement correspondent à
deux conceptions morphogéniques de la ville.
La première, d'inspiration systémiste, met
l'accent sur l'aspect auto-organisé du système urbain : la ville
serait un organisme complexe émergent de l'action individuelle des
agents de la société.
La seconde, cartésienne, pense la création et
l'évolution de la ville comme une construction raisonnée,
où l'organisation spatiale des villes est réglementée de
façon plus ou moins contraignante par une société laissant
peu de marge à l'individu.
Les formes spatiales résultant de l'un ou l'autre
processus sont en principe différentes, d'où leur distinction et
l'intérêt de les analyser.
I.2.2 Le renouvellement urbain : un mouvement
spontané de l'évolution urbaine 9
En matière d'action sur la ville, le renouvellement
urbain n'est pas nouveau : la reconstruction de la ville sur elle-même
est un phénomène « naturel » qui s'opère depuis
toujours dans la constitution de la ville.
Ce type de renouvellement existe de tout temps. Il est bien
connu que les parties les plus anciennes des villes n'ont plus aucun
bâtiment de cette époque, car le renouvellement spontané
les a démolis et reconstruits sous une autre forme.
Le renouvellement est donc l'un des deux modes de la
production de la ville, avec l'étalement urbain.
Jusqu'au XIXe Siècle, la ville se construisait par
l'initiative privée dans une logique de marché qui n'était
soumise à aucun droit. Le droit de l'urbanisme et plus globalement
l'intervention de l'acteur public (urbanisme opérationnel) dans
l'aménagement de la ville remontent à la fin du XIXe
Siècle notamment pour des objectifs de salubrité et de
sécurité (Haussmann à Paris).
8 RAHAL Kaoutar. (2012). Reconstruire la ville sur la
ville, Magister en Architecture, Universite badji mokhtar, Annaba, p6.
9 Idem
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Ainsi l'acteur privé est celui dont l'action sur la
ville est la plus ancienne et même le plus courant de la construction et
de l'aménagement d'une ville. Par conséquent il existe bien un
renouvellement de la ville qui est spontané et se fait par le libre jeu
du marché. Ce genre de renouvellement, bien que diffus, a pu avoir une
action assez rapide sur des secteurs entiers.
À cet égard, on peut évoquer l'exemple
des anciennes villes américaines, comme New York ou Chicago : à
un moment de leur histoire, ce sont en effet reconstruit sur elles-mêmes,
substituant à des demeures basses et espacées des gratte-ciels
géants qui occupent désormais des îlots entiers.
Le renouvellement spontané continue à se
manifester aujourd'hui de toutes parts. Il est très dynamique et il ne
faut pas perdre de vue que ce type de renouvellement transforme aussi, quoique
plus lentement, les différents quartiers de nos villes. Nombreux sont en
effet les îlots où l'on détruit des immeubles de petite
taille, devenus plus ou moins obsolètes, pour en construire d'autres
à la place, plus grands avec plus d'appartements et correspondant aux
normes modernes de confort.
Ce dernier processus, extrêmement diffus au niveau de la
décision, finit par faire apparaître une autre ville au bout de
quelques décennies de laisser-faire. Bien qu'agissant à une tout
autre échelle, ces modifications diffuses restent ainsi comparables aux
processus qui ont dégagé Manhattan de l'ancienne
Nouvelle-Amsterdam, soumis à la pression de la centralité et du
capitalisme, ou à ceux qui transforment Séoul ou Bangkok. Dans
les deux cas, il s'agit d'un processus d'émergence d'une nouvelle ville,
fort différente, à partir de l'ancienne ville et ceci sous
l'impulsion de décisions diffuses et non concertées.
Dans ce cadre, le renouvellement urbain est lié
à une intervention du « privé », du propriétaire
foncier, qui rebâtit sa propre parcelle, et qui correspond finalement
à un processus de transformation de la ville. En matière de
politiques publiques, on se trouve pratiquement au point zéro de
l'action publique.
À Kinshasa, les pouvoirs politiques ne maîtrisent
pas grand-chose dans cette approche du renouvellement urbain, la
décision revenant au propriétaire du terrain et au financeur de
l'opération (souvent les mêmes) qui choisissent seuls de
reconstruire ou de transformer un immeuble. Tout au plus les pouvoirs publics
ont-ils parfois le loisir d'infléchir ou d'influencer les
décisions, par le cadrage normatif qu'elles ont parfois exercé ou
par des incitations financières.
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