1- UNE DECENTRALISATION DEMESUREE
L'idée de décentralisation et de
régionalisation de l'Unesco remonte en mars 1946, grâce à
Julian HUXLEY, alors secrétaire exécutif de la commission
préparatoire de l'époque. Bien que son idée n'ayant pas
été acceptée en ce moment, il propose «
d'établir des bureaux régionaux de l'Unesco, qui
opéreraient une décentralisation des activités de
l'organisation sur la base de dix régions »479, à
savoir : Deux en Afrique (actuellement situés à Dakar et
Nairobi), deux pour les États Arabes (actuellement situés au
Beyrouth et au Caire), deux pour les pays d'Asie et du Pacifique (actuellement
situés à Bangkok et à Jakarta), un pour l'Europe et
l'Amérique du Nord (actuellement situé à Venise), et trois
pour les pays d'Amérique Latine et du Caraïbe (actuellement
situés à la Havane, à Montevideo et à Santiago du
Chili)480. Cet équilibre semblait parfait pour une
représentation mondiale parfaite.
Cette brillante idée de HUXLEY fera l'objet d'une
récupération lors de la conférence générale
de 1947, par les représentants des États non occidentaux à
savoir le Brésilien CARNEIRO. Il défend l'idée selon
là quelle, les hommes travaillant pour l'Unesco ne doivent pas
être concentrés au siège à Paris mais, «
disséminés de par le monde »481. Les pays les
plus puissants tels que la France vont s'opposer à une telle
idée, estiment que ces demandes seraient surtout motivées par le
nationalisme482. CARNEIRO, en s'érigeant en défenseur
du régionalisme, avait oublié de prendre en compte non seulement
la tendance croissante qu'allait prendre le phénomène, encore
moins les dépenses qu'elles allaient causer à la longue à
l'organisation. Voilà pourquoi le département Américain
voit tout ceci comme étant, une politique « contraire au but de
l'organisation »483. La question du régionalisme et de
la décentralisation va se poursuivre au sein de l'instance en raison
479 Chloé MAUREL, L'Unesco de 1945 à
1974, thèse de doctorat en histoire, Université
Panthéon-Sorbonne-Paris I, 2006, op.cit., p.229.
480www.unesco.org
481 Journal de la conférence générale de
1947, vol I, 5ème séance plénière, 10 nov. 47 :
intervention de Carneiro, p. 72, cité par Chloé MAUREL,
L'Unesco de 1945 à 1974, thèse de doctorat en histoire,
Université Panthéon
Sorbonne-Paris I, 2006, op.cit., p.229.
482 Ibid.
483 Ibid. à la page 230.
Mémoire présenté par Aliou GARGA, en vue de
l'obtention du diplôme de Master recherche en
science politique Page 121
2016-2017
La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et
la sécurité au Cameroun
des intérêts des États, et non en raison
des intérêts de l'organisation, comme l'observe Torres
BODET484.
L'Unesco est une gigantesque machine, constituée d'une
conférence générale regroupant tous les États
membres, un conseil exécutif composé de membres élus pour
quatre ans par la conférence générale parmi les
délégués des États membres, sur la base d'une
répartition géographique et culturelle équitable, et le
secrétariat qui comprend le Directeur Général et
l'ensemble du personnel qui se répartit en deux catégories :
postes du cadre organique et poste du cadre de service et de bureau. À
Mi- 2009, le personnel comptait environ 2 000 personnes, et plus de 7 00
personnes travaillent dans l'un des 65 bureaux répartis dans le
monde485. Rien qu'au niveau du siège de Paris, il existe cinq
secteurs de programme, deux secteurs de soutien, huit services centraux.
À tout ceci, s'ajoute dix Instituts et Centres qui, sont des
départements spécialisés de l'organisation qui soutiennent
les 24 bureaux multipays et les 21 bureaux nationaux.
Pour la mise en oeuvre de ses objectifs, elle coopère
avec de nombreux partenaires tels que, les autres organisations
intergouvernementales du système des Nations Unies, de nombreuses ONG
prévus par l'article 11 de sa constitution, les
délégations permanentes des États membres, et les
commissions nationales prévues par l'article 17 de sa constitution. Les
structures de l'Unesco, notamment le fonctionnement de ses organes directeurs
pèsent lourd sur le budget de l'organisation486, rendent
celle-ci incapable d'accomplir efficacement et efficiement les
différents programmes prévus au sein des Etats membres dont le
Cameroun.
L'organisation dispose d'un budget « laborieusement
limité »487, qui se sent de plus en plus menacée
par cette décentralisation démesurée auquel s'ajoute un
personnel trop pléthorique.
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