1- UNE GABEGIE FINANCIERE
La question de la gestion financière de l'Unesco, a
toujours suscitée de vif débat au sein de l'ensemble de la
communauté internationale. Que ce soit le rapport de l'Union
Européenne sur la réforme et le développement de l'Unesco
de décembre 1999, la Déclaration de la présidence
française à la 160ème session du conseil
exécutif de l'Unesco de 2000, ou encore l'évaluation de
l'efficacité des organisations multilatérales, effectuée
par les États-Unis en 1980, sous la supervision générale
du Bureau of International Organization Affairs, sont tous d'avis qu'il existe
un certains gaspillage des fonds alloués au fonctionnement de la dite
organisation.
Suivant le projet de programme et budget pour 2018-2019, le
budget total de l'Unesco s'élève actuellement à un
milliard deux cent vingt-quatre millions sept cent quarante-six mille sept cent
dollars (1 224 746 700 dollars), et un fond extrabudgétaire d'un montant
de six cent vingt-neuf millions cinq cent quarante-six mille sept cent dollars,
apporté par des États qui lui confient la mise en oeuvre de
projets spécifiques, par d'autres organisations du système des
Nations Unies comme, le Programme des Nations Unies pour le
Développement, et par des donateurs privés452.
Ce fond budgétaire permet de faire fonctionner le
siège général de l'organisation située à
Paris, ainsi que ses quarante-trois bureaux répartis dans le monde, dont
celui du Cameroun. Il sert également à payer les nombreux
salariés et la multitude d'experts qui gravitent autour de
l'organisation, ainsi que les plus de trois cent organisations non
gouvernementales qui collaborent avec elle453.
Suivant la 33ème conférence
générale de l'UNESCO sur les traitements, les allocations et
présentations du personnel à son point 12, « le niveau des
traitements de base des administrateurs et fonctionnaires de rang
supérieur est déterminé par le principe Noblemaire,
c'est-à-dire par comparaison avec la fonction publique du pays où
la rémunération totale est la plus élevée
»454, ce qui fait en sorte que, la rémunération
des membres du personnel a une part très importante du budget. Comme
l'observe si bien Yves COURRIER, ce principe a pour effet que, « bien des
fonctionnaires internationaux sont beaucoup mieux
rémunérés que les ministres ou les présidents de
leurs pays d'origine »455. C'est cette gabegie
financière qui va laisser dire à Chloé MAUREL
452 Projet du programme et budget 2018-2019,
39ème session de la conférence générale
de l'Unesco 39C/6, p. XXXI.
453 Projet du programme et budget 2018-2019,
39ème session de la conférence générale
de l'Unesco 39C/6, op.cit. , p. 36
454 UNESCO, 33ème Conférence
Générale de l'Unesco, 33C/33, point 12, p.3.
455Yves Courrier, L'Unesco sans peine,
Paris, L'Harmattan, 2005, p. 56, cité par Chloé MAUREL,
l'Unesco aujourd'hui, Vingtième Siècle. Revue d'histoire
2009/2, (n° 102), P. 131-144, à la page 141.
Mémoire présenté par Aliou GARGA, en vue de
l'obtention du diplôme de Master recherche en
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2016-2017
La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et
la sécurité au Cameroun
»458, sans
que, « l'Unesco a coutume de lancer de grandes
opérations de prestige, occasionnant des dépenses colossales
»456 ou, des hauts fonctionnaires internationaux, les chefs
d'États et de gouvernements, sont de temps en temps conviés
à des grands banquais de luxe organisés par le directeur
général, et entièrement financés par les caisses de
l'organisation. C'est ce que critique d'ailleurs à juste titre Yves
COURRIER, « au sujet du directeur général Federico Mayor
(1987-1999), qui avait coutume, « sans regarder à la
dépense, [d'] inviter des gens du plus haut niveau pour une
opération de prestige dont les effets réels n'ont aucune
importance»457. Des tels agissements n'affectent pas que le
fonctionnement du siège de Paris, mais aussi celui des différents
bureaux hors siège donc celui de Yaoundé. Cette gabegie
financière a été la cause de plusieurs projets
avortés à travers le monde parmi lesquels : « Le projet
lancé par BENTON de créer une radio de l'Unesco, (La Voix de
l'Humanité) ayant échoué, de même que celui de
lancer une `'université des ondes»
oublier, l'échec de la création de l'«
institut international de la presse et de l'information »459.
Cette crise financière dont souligne, le président Paul BIYA,
devant la 34ème Conférence Générale de
l'Unesco en octobre 2007 à Paris, contribue à freiner la
réalisation de nombreux projets de l'Unesco. C'est le cas, pour un
programme phare comme « l'histoire générale de l'Afrique
», si ce nu été les contributions
générées par le « Fonds d'urgence », ces projets
n'auront jamais vue le jour. Il est à noter que, la contribution
financière du Cameroun à ce fond s'élève à
300 000 dollars US soit environ, 150 millions de FCFA460. Ce
problème n'est pas nouveau. Il a suscité depuis de nombreuses
années d'inquiétude de la part de plusieurs gouvernements, les
États-Unis l'ont utilisé comme prétexte pour quitter
l'organisation en 1984. Plus récemment, l'Union européenne, en
décembre 1999, a présenté un rapport sur la
nécessité urgente de réformer l'Unesco461.
Ce rapport dénonce la « `'prolifération
d'activités», d' `'initiatives nouvelles mal définies»,
et la création
456Chloé MAUREL, l'Unesco aujourd'hui,
Vingtième Siècle. Revue d'histoire 2009/2, (n° 102), P.
131-144, op.cit.
457Yves Courrier, L'Unesco sans peine,
Paris, L'Harmattan, 2005, p. 56, cité par Chloé MAUREL,
l'Unesco aujourd'hui, Vingtième Siècle. Revue d'histoire
2009/2, (n° 102), P. 131-144, op.cit. À la même page 141.
458 EU, box 2254 : lt. De K. Holland à Ch. Thomson, 28
janv. 1949 : report of activities at Unesco for week ending
january 22, 1949, confid. p. 3 et 6. « University on the
air », cité par Chloé MAUREL, l'Unesco de 1945 à
1974, thèse de doctorat, 2006, p.496, op.cit.
459 Ascher, box 149 : Int/PC/31/48 : Unesco, program Policy
Council, meeting n°11, 20 mai 1948 : « liberté d'information
», par R. Maheu, p. 1. La création de cet institut est
proposée pour la première fois par la « commission des
besoins techniques de la presse, de la radio et du cinéma dans les pays
dévastés par la guerre en Europe et en Extrême Orient
» en août 1947. (2C/resol. 2.2.3.6 ; 3C/resol. 7.226 ; 5C/resol.
6.1713). Elle propose aussi la création d'un centre de `clearing'
international des informations ; Benton, box 388 : lt. de Torres Bodet à
Benton, 10 oct. 1949, cité par cité par Chloé MAUREL,
L'Unesco de 1945 à 1974, thèse de doctorat, 2006,
op.cit., p.625.
460 CAMEROUN, Le Président de la république,
son S.E Paul Biya, à la 38ème session de la
conférence générale et au 70ème
anniversaire de l'Unesco, Paris, 16-18 novembre 2015, op.cit.
461 Chloé MAUREL, l'Unesco aujourd'hui,
Vingtième Siècle. Revue d'histoire 2009/2, (n° 102), P.
131-144, op.cit. , p.141
Mémoire présenté par Aliou GARGA, en vue de
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La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et
la sécurité au Cameroun
d'innombrables `'comités» et `'groupes
d'études», au rôle trop vague, ce rapport a
sévèrement mis en garde l'organisation : `'Les fonds disponibles
doivent être utilisés de façon plus efficace. [...] Le
budget doit être transparent». »462.Un an plus tard
soit en 2000, la présidence Française à la
160ème session du conseil exécutif de l'Unesco, a
réclamé au conseil exécutif de l'Unesco, « un
changement du système de fonctionnement et de la culture de gestion de
l'Organisation »463.
Malgré ces divers rapports et cet appel à
rationaliser ses dépenses, les directeurs généraux qui se
succèdent non cessé en ce qui les concernent, d'essouffler les
comptes de l'organisation. Cela n'a pas empêché «
l'organisation a publié en 2005, un autre de ces rapports. Ce texte de
204 pages, simple synthèse de connaissance et non recherche de
première main, a coûté à l'organisation 1,5 millions
de dollars, (soit 75 000 dollars la page)464. Les membres du conseil
exécutif dans le même sens reprochaient à l'ancienne
secrétaire générale Irina BOKOVA à réduire
sensiblement le nombre de voyage qui, s'avère très couteux pour
l'organisation465.
Hors mis cette gabegie financière qui menace la survie
de l'Unesco, il y a lieu de noter qu'elle souffre aussi d'un manque de
réel indépendance politique par rapport aux États qui la
finance.
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