SECTION II : UNE CONTRIBUTION À LA DIFFUSION DES
VALEURS DE LA PAIX ET LA NON-VIOLENCE PAR LA PROMOTION DE L'INFORMATION ET LA
COMMUNICATION
Si le mot « sciences » a été
inséré grasse au Anglais, les mots « information et
communication » quant à eux furent l'oeuvre des Américains
qui y voyait des intérêts économiques396. Pour
l'organisation pacifiste, son objectif serait plutôt « de contribuer
à l'unification des réseaux d'informations, et de lutter contre
le déséquilibre entre pays développés et pays du
Tiers Monde dans la maîtrise des moyens d'informations et dans
l'accès à l'information »397. Promouvoir
l'accès à l'information et à la communication (PARAGRAPHE
I) ainsi que le renforcement des capacités afin d'assurer l'accès
universel à l'information et au savoir (PARAGRAPHE II) sont les points
que nous traiterons dans cette section.
PARAGRAPHE I : PROMOUVOIR L'ACCES A L'INFORMATION ET A
LA
COMMUNICATION
De nos jours, la liberté d'expression est un principe
incontournable pour tout État de droit au monde voilà pourquoi,
l'Unesco promeut la liberté d'expression au Cameroun (A) au point
où, ses multiples interventions dans le domaine ont fait d'elle un
observatoire de la liberté de la presse (B).
A- LA PROMOTION DE LA LIBERTE D'EXPRESSION ET
D'INFORMATION AU CAMEROUN
Il s'agit pour l'Unesco non seulement d'apporter son aide aux
médias indépendants et pluralistes (2), mais aussi d'encourager
le gouvernement Camerounais à mettre en place des normes et des
instruments légaux susceptibles de faciliter la liberté
d'expression (1).
396 Chloé MAUREL, op.cit. , p.592
397 Chloé MAUREL, op.cit. , p. 592
Mémoire présenté par Aliou GARGA, en vue de
l'obtention du diplôme de Master recherche en
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2016-2017
La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et
la sécurité au Cameroun
1- ENCOURAGER LE GOUVERNEMENT A METTRE EN PLACE DES NORMES ET DES
INSTRUMENTS LEGAUX
Suivant l'article 19 de la Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme, « Tout individu a droit à la liberté
d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être
inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et
de répandre, sans considérations de frontières, les
informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit
»398. Autrement dit, tout individu a le droit de penser et de
dire ce qu'il veut sans qu'aucune personne ne puisse l'interdire. Cette
liberté doit s'exercer tant à l'intérieure du pays
qu'à l'extérieur.
En tant qu'institution spécialisée des Nations
Unies avec pour mission spécifique de promouvoir « la libre
circulation des idées par le mot et par l'image »399,
tout en reconnaissant que l'information et le savoir sont un bien public
mondial400, en ce qui concerne le Cameroun, plusieurs textes de lois
garantissant la liberté d'expression et la liberté de
l'information ont été mis en place parmi lesquels, la norme
fondamentale du pays qui, affirme son attachement aux diverses conventions
internationales et aux libertés fondamentales. Elle garantit à
son préambule la « liberté de communication, la
liberté d'expression, la liberté de la presse [...] dans les
conditions fixées par la loi »401. Elle poursuit en
affirmant que, « Nul ne peut être inquiété en raison
de ses [...] opinions »402.
Qu'il s'agisse de la radio, de la télévision ou
de la presse écrite, ce principe est d'application absolue dans le
strict respect des lois et règlements en vigueurs. Ce principe se verra
renforcé dans la loi du 19 décembre 1990 relative à la
liberté de la communication sociale.
Plusieurs autres textes ont également consacré
ce principe, notamment : la loi n° 87/009 du 07 novembre 1987 portant
régime de la communication audiovisuelle, le décret de 1987,
portant création de la CRTV, le décret du 3 avril 2000, relatif
aux entreprises privées de communication audiovisuelle403. La
garantie de la primauté du droit est essentielle pour la
stabilité de la société.
À sa 37ème conférence
générale dont le thème central était : «
Stratégie à moyen terme 20142021 », au point 80 de
l'objectif stratégique 9, l'Unesco réaffirme une fois de plus sa
volonté de vouloir faciliter le développement des
sociétés du savoir qui soient équitables, inclusives,
ouvertes
398 Voir Art. 19 de la Déclaration Universelle des Droits
de l'homme de 1948.
399 Voir article 1 de la constitution de l'Unesco.
400 Voir Annexe I, Programme Information pour tous,
adopté par la 60ème session du conseil
exécutif de l'Unesco au point 1.
401 Préambule de la constitution Camerounaise de 1996.
402 Ibid.
403BILOUNGA Stève Thiery, Le droit de
l'information et de la communication, Université de
N'Gaoundéré, cours de master I, science politique et droit
publique, année 2015-2016.
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et participatives, qui souscrivent aux valeurs
énoncées dans son Acte constitutif404. À
l'issue de cet objectif, la liberté d'expression ne saurait s'appliquer
qu'aux seuls médias traditionnels, mais aussi aux médias
contemporains, ainsi qu'aux nouvelles formes de médias, y compris
internet. C'est pourquoi elle contribue au renforcement des capacités
des professionnels des médias et à la mise sur pied des
structures de presse viables. Des médias comme Cameroon News Agency
(CAMNEWS) ont bénéficiés des équipements et
l'informatisation de leurs agences, ainsi que la numérisation des
archives du centre de formation audiovisuelle de la Cameroon Radio and
Television.
L'UNESCO continuera à jouer un rôle de chef
de file mondial de la promotion de la liberté d'expression, de la
liberté de la presse, du développement des médias et de
l'accès universel à l'information et aux savoirs afin
d'édifier des sociétés du savoir
inclusives405.
L'Unesco encourage le Cameroun à devenir un membre
à part-entier de la « société du savoir », tel
que définie par elle et adoptée lors du sommet mondial sur la
société de l'information (SMSI). Les libertés
d'expression, de la presse et de l'information passe forcément par le
développement des médias, la liberté pour eux de
rechercher l'information, d'informer et la liberté de réception
de l'information par tout auditeur, téléspectateur, ou lecteur.
L'État Camerounais a pour obligation d'apporter donc un soutien aux
institutions de médias et le renforcement des capacités des
journalistes.
Dans son « Guide de la liberté d'expression pour
les étudiants », l'Unesco tout en faisant allusion aux autres
normes internationales en vigueur406, pense que, « tout
individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui
implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions
et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans
considération de frontière, les informations et les idées
par quelque moyen d'expression que ce soit. »407.
La liberté d'expression s'entend souvent comme
étant408 la « liberté de parole », ou encore
la « liberté de la presse »409. La liberté
d'expression est nécessaire pour un pays comme le Cameroun
404 UNESCO, 37ème conférence
générale, Stratégie à moyen terme, 2014-2021,
p.27.
405 Ibid. point 81.
406 Elle fait allusion aux différentes
définitions données par ces normes parmi lesquelles la
Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 que nous avons
évoqués plus haut. Selon l'article 19 du Pacte international
relatif aux droits civils et politiques de 1966, « nul ne peut être
inquiété pour ses opinions. Toute personne a droit à la
liberté d'expression ; ce droit comprend la liberté de
rechercher, de recevoir et de rependre des informations et des idées de
tout espèce, sans considération de frontière, sous une
forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre
moyen de son choix. » ; Et quant à la Société
Internationale des droits de l'homme, « la liberté d'expression,
qui englobe le droit de « rechercher, de recevoir et de diffuser des
informations et des idées de tout espèce », comprend le
droit de communiquer des informations et des idées et le droit
d'accéder à ces informations. ».
407 UNESCO (2013), Guide de la liberté d'expression
pour les étudiants, p.12.
408 Thomas Emerson, The system of freedom of Expression,
1970, cité par l'UNESCO, Guide de la liberté
d'expression pour les étudiants, 2013, op.cit., p.13.
409 UNESCO, (2013), Guide de la liberté d'expression
pour les étudiants, op.cit. p. 12.
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La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et
la sécurité au Cameroun
dans la mesure où, elle est « essentielle à
l'épanouissement personnel »410 ; elle est indispensable
à la recherche de la vérité et aux progrès des
connaissances, en ce sens qu'un « individu qui cherche la connaissance et
la vérité doit recueillir tous les points de vue sur une question
donnée, étudier toutes les possibilités, mettre son
jugement à l'épreuve face à des avis opposés et
tirer pleinement parti des opinions divergentes »411. Au final,
elle est importante pour permettre aux gens de participer au processus
décisionnel, particulièrement dans l'arène politique. Elle
permet à une société d'atteindre la stabilité et la
capacité d'adaptation.
Avec l'apparition des NTIC, une nouvelle forme de reportage
à vue le jour avec la création des réseaux sociaux, les
blogs et les sites de partage des vidéos. Ces « journalistes
citoyens »412 ont été la cause de plusieurs
changement dans la société, ce fut par exemple le cas des «
printemps arabes » ou révolutions arabes. S'agissant du Cameroun,
la loi n°2010/013 du 21 décembre 2010 régie les
communications électroniques dans le pays.
Bien qu'encourageant l'État du Cameroun à mettre
en place des normes et des instruments légaux afin de garantir la
liberté d'expression et d'information, l'Unesco prêche par
l'exemple en apportant son soutien aux médias Camerounais.
2- APPORT D'UNE AIDE DIRECT AUX MEDIAS INDEPENDANTS ET
PLURALISTES TOUT EN PROMOUVANT LA DIVERSITE LINGUISTIQUE SUR INTERNET
Tout en s'inspirant de la définition formulée
dans la déclaration de Windhoek, l'Unesco est d'avis qu'une `'presse
indépendante» est, « une presse sur laquelle le pouvoir public
n'exerce ni emprise politique ou économique ni contrôle du
matériel et des équipements nécessaires à la
production et à la diffusion de journaux, magazines et
périodiques »413. Et par `'presse pluraliste»,
« la suppression des monopoles de tous genres et l'existence du plus grand
nombre possible de journaux, magazines et périodiques reflétant
l'éventail le plus large possible des points de vue de la
communauté »414.
Dans la pluralité des types de médias que compte
le Cameroun, les problèmes rencontrés sont diverses et
variés, c'est pourquoi l'Unesco apporte son aide en fonction des besoins
de tout un
410 Ibid. à la p. 13.
411 Ibid. à la p. 13.
412 Ibid. à la pp. 41 et 43.
413 Ibid. à la p. 26.
414 Déclaration de Windhoek du 03 mai 1991, cité
par l'UNESCO, Guide de la liberté d'expression pour les
étudiants, 2013, op.cit., p. 26.
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la sécurité au Cameroun
chacun. Pour les médias privés ou médias
à but lucratif, commerciaux et de propriété privée,
leurs revenus provenant principalement des annonces, des commerciaux ou des
abonnements, ne leurs permettent pas de tenir longtemps dans la mesure
où, ces derniers ne vivent que suivant les lois du marché et la
faible subvention allouée à eux par l'État. Afin de
garantir leurs survies, l'Unesco leurs apportent des aides techniques telles
que la formation, ou financières telles que des subventions ou l'achat
d'outils de travail. Grâce au PIDC, des médias comme CAMNEWS ont
eu à bénéficier des équipements et des outils
informatiques415.
Quant aux médias communautaires, ce sont des
médias qui fonctionnent par les citoyens et pour les citoyens dans les
régions plus rurales du pays ou l'accès à d'autres sources
d'information est limité. L'Unesco contribue énormément en
ce qui concerne la création, le fonctionnement et l'entretien de ce type
de média au Cameroun. Nous traiterons en profondeur l'objectif et les
finalités de ce type de média plus bas.
Quant aux médias d'État, ce sont habituellement
les organes gouvernementaux, relevant du ministère de l'information et
la communication qui en sont responsables. Ce type de médias
bénéficie d'une forte subvention de l'État, cela lui
permet de bien fonctionner. Mais n'empêche que, l'Unesco apporte un appui
considérable au seul média d'État du Cameroun qu'est la
CRTV. Elle a contribuée à la numérisation des archives du
centre de formation audiovisuelle de la Cameroon Radio an Television (CRTV),
ainsi qu'un appui à la mise en fonctionnement d'une radio-école
Supérieure des sciences et techniques de l'information et de la
communication (ESSTIC)416.
Il y à lieu ici de noter que, en 1995, le Bureau Unesco
de Yaoundé a appuyé l'organisation des
États-généraux de la communication et a continué,
tout au long des années suivantes, à mettre en oeuvre des
programmes visant à l'autonomisation des populations par l'accès
à l'information et au savoir, l'avènement d'une presse pluraliste
et libre, la promotion du développement de la communication,
l'utilisation des TIC à des fins éducatives, scientifiques et
culturelles417. Et entre 1991 et 2000, le Bureau de l'Unesco
à Yaoundé a oeuvré en qualité de Conseiller
régional pour la communication en Afrique Centrale et de
l'Ouest418.
415 UNESCO, Lettre de l'Unesco Bulletin d'information n°8,
2ème semestre 2007, p. 12.
416 Ibid. à la p. 12.
417 Ibid. à la p.12.
418 Ibid. p.12.
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La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et
la sécurité au Cameroun
Les médias « associés au pluralisme,
à la diversité de la programmation, à
l'indépendance éditoriale, au financement approprié, et
à la responsabilité et à la transparence, peuvent servir
de pierre angulaire à la démocratie »419.
Toutes ces lois vues plus haut ont pour buts d'encadrer la
liberté d'opinion et d'expression dans la légalité et la
transparence. Si les médias classiques et modernes contribuent à
la liberté d'expression et au dialogue inclusif, ils peuvent aussi
être des sources de conflit telles que, les discours haineux
fondés sur la race, l'ethnie, le sexe, la religion, et la
pédopornographie, la propagande en faveur de la guerre, l'incitation
à la violence imminente, qui méritent d'être
prohibés. Cependant, l'interdiction doit être légitime,
acceptée par la plus grande majorité du peuple au cas contraire,
l'on parlera de la « censure » qui en fait, est
considérée comme une violation à la liberté
d'expression, chose que l'Unesco combat.
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