La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et la sécurité au Cameroun.par Aliou GARGA Université de Ngaoundé - Master 2 2016 |
B- L'APPLICATION DES SCIENCES EXACTES ET NATURELLES A LA GESTION DES FLEAUX NATURELS ET LA BIOETHIQUEIl s'agit de la promotion des recherches sur la gestion des catastrophes naturelles et le développement durable (1), ainsi que l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques en matière de science, de technologie et d'innovation au service de la bioéthique (2). 1- PROMOUVOIR LA RECHERCHE ET LE RENFORCEMENT DES CAPACITES TECHNIQUES EN RAPPORT A LA GESTION DES CATASTROPHES NATURELLES ET LE DEVELOPPEMENT DURABLE Parmi les dix-sept objectifs du développement durable (ODD), l'Unesco c'est engagée à une contribution directe de neuf d'entre eux, par une approche intégrée en s'appuyant sur ses domaines d'expertise spécialisée, et en partenariat étroit avec d'autres institutions du système des Nations Unies, et d'autres partenaires des secteurs public et privé. Elle encourage les États parties à « agir en faveur [...] de la défense d'un environnement durable, et du renforcement de la résilience face aux effets du changement climatique, aux catastrophes et aux conflits »215. Elle assiste l'État du Cameroun par la « recherche et formation dans les domaines des sciences de la vie, du changement climatique, des catastrophes naturelles et de la qualité de l'eau »216. Pour FLAVIA SCHLEGEL, sous-directrice générale pour les sciences exactes et naturelles de l'UNESCO, « Sans la science il ne peut guère y avoir de progrès vers le développement durable. 215 Voir objectif n° 11 des ODD. 216 Cf. objectif n°3 des ODD. Mémoire présenté par Aliou GARGA, en vue de l'obtention du diplôme de Master recherche en science politique Page 59 2016-2017 La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et la sécurité au Cameroun C'est en cherchant à savoir et à comprendre grâce à la science que nous pourrons être équipés pour trouver des solutions aux problèmes économiques, sociaux et environnementaux de plus en plus ardus auxquels l'humanité fait actuellement face »217. L'Unesco s'emploie à encourager les étudiants, en particulier les jeunes, les femmes et les hommes des pays en développement, à choisir plus les filières scientifiques de l'ingénieur par ce qu'elles sont indispensables pour répondre aux besoins fondamentaux des populations tels que, la prévention des catastrophes naturelles et le développement durable. Grace au programme international de géoscience (PICG), crée en 1972 et initié par elle, l'Unesco permet aux États en général, et à l'États du Cameroun en particulier, de comprendre les changements qui bouleversent le monde, et, « encourage la collaboration internationale en géoscience, donnant la vedette aux projets et aux scientifiques des pays en développements. Il promeut des projets clairement orientés vers la société et le développement durable notamment, la mitigation des catastrophes, la géologie médicale et l'extraction des ressources minérales et des eaux souterraines »218. Pour BODET ,« il s'agit de faciliter aux chercheurs des régions que les circonstances ont tenues à l'écart du mouvement scientifique contemporain, l'accès aux connaissances et aux sources d'information dont les États les plus avancés ne peuvent ni ne veulent garder le monopole »219. L'Unesco grâce à son initiative pour faire face au changement climatique, en collaboration avec d'autres programmes de l'organisation des nations unies, « aide les États membres à atténuer les effets liés aux changements climatiques et à s'y adapter. Cette initiative a également pour but d'évaluer les risques des catastrophes naturelles ainsi que de surveiller les effets du changement climatique sur les sites du patrimoine mondial et les réserves de biosphère »220. Elle se propose de promouvoir des plates-formes et des réseaux nationaux comme ceux situé dans les universités Camerounaises, régionaux et internationaux servant à évaluer, suivre et atténuer les risques naturels, tout en mettant en place des systèmes d'alertes avancés, afin de surveiller les tsunamis, les sècheresses, les inondations et les risques géophysiques. Elle conseil sur la prévention des catastrophes, à travers ses programmes de réduction des risques de catastrophes ciblés sur les politiques nationales, le renforcement des capacités humains et institutionnelles, la promotion de 217 UNESCO, l'Unesco et la science au service de la paix et du développement durable, 2013, p.4. 218 Ibid. 219 372 (8) MP01 A 63 (81), III : lt. De Stanley Applegate à Oscar Vera, 12 nov. 1960, 9 p., p. 2-4, 6-7 ; V : rapport final sur les activités du 5 e cours de spécialistes en éducation pour l'Amérique latine, par Maria Graciela Ortiz E., boursière du Paraguay, 1962 ; rapport du boursier du Chili Rolando Miranda Sanchez, sur le cours 6, marsdéc. 1963, 5 p., p. 1-2 ; rapport du boursier Gonzalez Latuf, 1 er sept. 1964 ; VIa : lt. De Henquet à Diaz-Lewis, 16 sept. 1965 ; rapport semestriel de l'expert Marquez, janv. juin 1965, 17 p., p. 6-7, cité par Chloé MAUREL, l'Unesco de 1945 à 1974, thèse de doctorat, 2005, p.588-589. Op.cit. 220 Ibid. Mémoire présenté par Aliou GARGA, en vue de l'obtention du diplôme de Master recherche en science politique Page 60 2016-2017 La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et la sécurité au Cameroun l'éducation à la préparation et à la prévention des catastrophes, la mise en conformité des bâtiments scolaires et l'adaptation aux changements climatiques. Elle donne son avis sur l'évaluation, l'intervention et le rétablissement post catastrophes, en soutenant les études d'évaluations des besoins et en réalisant des projets immédiatement après une catastrophe, via le programme sur l'homme et la biosphère, elle soutient la préservation de l'environnement et le développement durable par l'intermédiaire du Réseau des réserves de biosphère de l'Afrique (AfriMAB)221. Apparue au début des années 1960-1970, des nouvelles recherches sur les cellules souche, les tests génétiques, la procréation médicalement assistée, le clonage d'embryons humains, le prélèvement d'organes en vue de la transplantation, l'euthanasie et le génie génétique vont révolutionner le domaine des sciences de la vie. 2- ÉLABORATION ET MISE EN OEUVRE DES POLITIQUES EN MATIERE DE SCIENCE, DE TECHNOLOGIE ET D'INNOVATION AU SERVICE DE LA BIOETHIQUE Le vingt-unième siècle est considéré comme un siècle de vitesse et de précision, un siècle dominé par le dictat de la science et de la technologie et les prouesses de la science. Allant au-delà de l'entendement humain, brisant toutes formes de barrières qui, dans le temps étaient considéré comme étant infranchissable par l'homme ou au mieux un tabou. Ces « miracles de la science » tendent pour certains à vouloir remplacer « Dieu », c'est pourquoi En 1954, Pierre Auger le chef du département des sciences, rédige un manuscrit intitulé L'homme microscopique, développant des réflexions philosophiques rationalistes. Il affirme dans ce manuscrit que, « la science va peu à peu remplacer la religion »222. Les prouesses de la science de nos jours est impressionnantes. Son développement rapide suscite des questions éthiques et sociétales qui, concerne un bon nombre d'acteurs parmi lesquels les médecins, les chercheurs, mais aussi les philosophes, les juristes et l'ensemble des citoyens. L'objectif ici est de s'accorder sur les limites à poser aux différentes interventions de l'homme sur les sujets sensibles comme la génomique, les procréations médicalement assistées, les cellules souches, l'euthanasie et la réanimation des prématurés. L'Unesco n'est pas contre la recherche scientifique. Dans sa déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'homme de 2005, elle « reconnait l'importance de la liberté de la recherche scientifique et des bienfaits découlant des 221 Ibid. 222222 Chloé MAUREL, l'Unesco de 1945 à 1974, thèse de doctorat, 2005, op.cit. , p.117 Mémoire présenté par Aliou GARGA, en vue de l'obtention du diplôme de Master recherche en science politique Page 61 2016-2017 La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et la sécurité au Cameroun progrès des sciences et des technologies, et encourage même pour ce fait un accès équitable aux différents progrès de la médecine, des sciences et des technologies, ainsi que la plus large circulation possible, et un partage rapide des connaissances concernant ces progrès, et le partage des bienfaits qui en découlent. Cependant, elle insiste sur la nécessité pour cette recherche et ces progrès de s'inscrire, dans le cadre des principes éthiques énoncés dans la présente Déclaration et, de respecter la dignité humaine, les droits de l'homme et les libertés fondamentales223 »224. Elle encourage ses États membres dont le Cameroun à, « renforcer la coopération internationale dans le domaine de la bioéthique, en tenant particulièrement compte des besoins spécifiques des pays en développement, des communautés autochtones et des populations vulnérables »225. Afin de garantir un bon usage des sciences de la vie, l'Unesco à travers sa déclaration de 2005 amène la société scientifique de l'État du Cameroun à respecter un certains nombres de principes dans les décisions qu'ils prennent ou, dans les pratiques qu'ils mettent en oeuvre. Ils ont pour responsabilité de garantir le respect de la dignité humaine et les droits de l'homme ainsi que les libertés fondamentales de ces derniers, tout en reconnaissant que les intérêts et le bien-être de l'individu devraient l'emporter sur le seul intérêt de la science ou de la société226. Toute intervention médicale de caractère préventif, diagnostique ou thérapeutique ne doit être mise en oeuvre qu'avec le consentement préalable, libre et éclairé de la personne concernée, fondé sur les informations suffisantes. Toute personne engagé dans une expérience scientifique doit pouvoir avoir la possibilité de se retirer à tout moment et pour toute raison sans qu'il en résulte pour elle aucun désavantage ni préjudice227. Elle exige la mise sur pied des comités d'éthique indépendants, pluridisciplinaire, et pluralistes228. Ces comités auront pour fonction d'évaluer les problèmes éthiques, juridique, scientifiques et sociaux pertinentes, relatifs aux projets de recherches concernant les êtres humains, fournir des avis sur les problèmes éthiques qui se pose dans les contextes cliniques, évaluer les projets scientifiques et technologiques, fournir des recommandations et des contributions à l'élaboration des principes directeurs sur les questions relevant de la déclaration sur la bioéthique et les droits de l'homme, favoriser le débat, l'éducation ainsi que la sensibilisation et la mobilisation du public en matière de bioéthique229. 223 Surligné par nous. 224 Voir art. 2 d et f de la déclaration universelle de l'Unesco sur la bioéthique et les droits de l'homme de 2005. 225 Voir Préambule de la déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'homme. 226 Voir art. 3 de la déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'homme de 2005. 227 Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'homme de 2005, op.cit. 228 . Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'homme de 2005, op.cit. 229Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'homme de 2005, op.cit. Mémoire présenté par Aliou GARGA, en vue de l'obtention du diplôme de Master recherche en science politique Page 62 2016-2017 La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et la sécurité au Cameroun Selon Ismaël NGNIE-TETA et al. , « La recherche biomédicale est pratiquée en Afrique Subsaharienne depuis l'époque précoloniale »230. Le Cameroun n'est pas resté à l'écart de ce vent de la recherche biomédicale. En 2005, elle a tenté de réaliser quelque essai clinique lié à l'évaluation du ténofovir231 comme prophylaxie au VIH. Malheureusement, le dit essai sera suspendu232 du fait des vifs débats publics et scientifiques, doublé d'une mobilisation de l'opinion publique233. À travers l'arrêté ministériel234 de 1987, le pays va officiellement mettre en place l'encadrement éthique de la recherche impliquant les êtres humains en se dotant d'un comité d'éthique de la recherche235. Le Cameroun accorde une importance à la recherche biomédicale. Partit d'une seul faculté de médecine (Yaoundé I) en 1960, il en compte aujourd'hui plusieurs (Douala, Buea, Dschang et N'Gaoundéré), ainsi que plusieurs écoles privées de médecine parmi lesquelles, l'institut de recherche médicale de plantes médicinales, au centre internationale de recherche Chantal Biya et au Centre de recherche de Nkolbisson, et le centre d'assistance médicale à la procréation de Douala, considéré comme le père du premier bébé éprouvette, et ses recherches sur la stérilité masculine en pratiquant l'injection intra-cytoplasmique de sperme (ICSI). En juillet 2016, Le centre hospitalier de recherche et d'application en chirurgie endoscopique et reproduction humaine Paul et Chantal Biya (CHRACERH) de Ngousso, va de nouveau frapper les esprits par la naissance des nouveaux nés conçue par les dernières techniques médicales de pointe (fécondation in vitro par micromanipulation). L'Unesco encourage le Cameroun dans cette lancé, en octroyant des aides par exemple au CIRCB à travers son projet, « Families First Africa », contribution au projet de la mise en place du laboratoire virtuel de l'Université de Yaoundé I. Cependant, elle reste exigeante sur la prise des mesures appropriées relative à la mise sur pied d'une législation administrative en conformité avec le droit international des droits de l'homme, la mise 230Ngnie-Teta, I., Kamga Youmbi, C., Kokolo, M. & Fumtchum Tamdem, G. (2009). Le comité d'éthique de la recherche au Cameroun : la décentralisation comme solution? Cahiers de recherche sociologique, (48), p.129. 231 Le ténofovir est la dénomination commune internationale d'un médicament antirétroviral c'est-à-dire utilisé dans le traitement de l'infection par le VIH. Il est également efficace dans les hépatites virales B chronique. Il peut être utilisé en injection intraveineuse, mais est disponible sous forme orale de fumarate de ténofovir disoproxil (pro-drogue), qui sera ensuite transformé par le corps en ténofovir. Information consulté le 02/02/2018 sur Wikipédia en ligne, http://www.fr.m.wikipedia.org 232 En fait, la controverse sur cet essai a commencé par un article de L. Mbango et S. MODO qui parut dans le journal local en décembre 2004 sous la rubrique « Spécial ténofovir : tout sur les prostituées cobayes de Douala », faisant ainsi allusion au recrutement de 400 jeunes femmes prostituées sur lesquelles le test du ténofovir devait être réalisé. 233Ngnie-Teta, I., Kamga Youmbi, C., Kokolo, M. & Fumtchum Tamdem, G. (2009). Le comité d'éthique de la recherche au Cameroun : la décentralisation comme solution? Cahiers derecherche sociologique, (48), op.cit., pp. 129-139. 234Ministère de la Santé publique du Cameroun, arrêté no 079/A/MSP/DS du 22 octobre 1987 portant sur la création et l'organisation d'un comité d'éthique de la recherche impliquant les êtres humains. 235Ngnie-Teta, I., Kamga Youmbi, C., Kokolo, M. & Fumtchum Tamdem, G. (2009). Le comité d'éthique de la recherche au Cameroun : la décentralisation comme solution? Cahiers de recherche sociologique, (48), op.cit., pp. 129-139. Mémoire présenté par Aliou GARGA, en vue de l'obtention du diplôme de Master recherche en science politique Page 63 2016-2017 La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et la sécurité au Cameroun en place de comité d'éthique indépendant, pluridisciplinaire et pluraliste, tout en garantissant de l'éducation , de la formation et de l'information du public, ainsi qu'il doit coopérer avec les autres États à ce sujet236. L'Unesco de par son appui technique et financier, assiste le Cameroun en ce qui concerne son développement sous toutes les formes. Elle incite ce dernier à miser sur les biens fondés des sciences exactes et naturelles, afin de répondre aux besoins économiques, technologiques et sanitaires de sa population. Il ressort de tout ceci que, la bonne gestion des sciences exactes et naturelles contribue à instaurer un climat de paix dans le pays et au-delà. Quant est-il des sciences sociales et humaines. |
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