La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et la sécurité au Cameroun.par Aliou GARGA Université de Ngaoundé - Master 2 2016 |
SECTION II : UNE CONTRIBUTION À TRAVERS LA COOPÉRATION AVEC D'AUTRES ACTEURS DE L'ÉDUCATIONPour Jacques DELORS, « Trois acteurs principaux contribuent au succès des réformes éducatives : en tout premier lieu la communauté locale, notamment les parents, les chefs d'établissements et les enseignants ; en deuxième lieu, les autorités publiques ; en troisième lieu, la communauté internationale »160. L'État doit prendre ses responsabilités, non seulement en ce qui concerne l'effectivité de l'éducation, mais aussi en ce qui concerne l'amélioration des conditions de vie de la population (Paragraphe I). L'éducation est un processus d'où, la nécessité aussi de prendre en compte la responsabilité d'autres acteurs impliqués au processus d'éducation (paragraphe II). 159Dictionnaire Français Larousse. [Enligne]. http://www.larousse.fr/dictionnaires/français/civisme, consulté en janvier 2018. 160 Jacques DELORS et al. , L'éducation : Un trésor est caché dedans, Rapport à l'UNESCO de la Commission internationale sur l'éducation pour le vingt et unième siècle, 1996, op.cit., p. 25. Mémoire présenté par Aliou GARGA, en vue de l'obtention du diplôme de Master recherche en science politique Page 41 2016-2017 La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et la sécurité au Cameroun PARAGRAPHE I : OBLIGATIONS DE L'ÉTAT ET RESPONSABILITES DU GOUVERNEMENTL'Unesco étant une organisation internationale « apolitique », elle se doit donc de respecter la souveraineté de ses États membres. Elle ne peut impulser l'éducation populaire, et la diffusion de la culture de la paix qu' « en collaborant avec les États membres qui le désirent pour les aider à développer leur action éducatrice »161. L'État à des obligations d'ordre juridico-social d'une part (A) et les obligations d'ordre économico-politique d'autre part (B) à remplir. A- LES OBLIGATIONS D'ORDRES JURIDICO-SOCIALL'Unesco encourage l'État Camerounais à mettre sur pied, un cadre législatif solide en matière d'éducation (1) tout en prenant soin d'élaborer des politiques éducatives fondées sur la culture de la paix (2). 1- LA MISE SUR PIED D'UN CADRE LEGISLATIF SOLIDE EN MATIERE D'EDUCATION Dans le souci d'appliquer les recommandations de l'EPT édictées lors de la Conférence Mondiale sur l'Éducation pour Tous tenue du 05 au 09 mars 1990 à Jomtien en Thaïlande, l'État du Cameroun, malgré le contexte macroéconomique difficile, a pu engager une série de réforme allant du dispositif normatif, politique, stratégique et objectifs nationaux de son système éducatif. Il a mis sur pied son propre Plan d'Action National de l'EPT (PAN-EPT), inspiré du Cadre de Dakar 2000. Quant à ce qui concerne les reformes au niveau du dispositif normatif, le préambule de la norme fondamentale du pays déclare que, « l'État assure à l'enfant le droit à l'instruction. L'enseignement à tous les degrés sont des devoirs impérieux à l'État »162. D'autre part, l'État Camerounais reconnais l'éducation comme une priorité nationale, voilà pourquoi, il garantit l'égalité des chances pour tous les citoyens à travers, la loi portant organisation 161 Voir Art. I, para. 2b, p.2 de la constitution de l'Unesco. 162 Cf. préambule de la constitution du Cameroun du 16 janvier 1996. Mémoire présenté par Aliou GARGA, en vue de l'obtention du diplôme de Master recherche en science politique Page 42 2016-2017 La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et la sécurité au Cameroun de l'enseignement primaire élémentaire, celle portant orientation de l'éducation163, et celle portant orientation de l'enseignement supérieur164, Au niveau international, il adhère à un certain nombre d'initiative en matière d'éducation. Il a ratifie la Déclaration mondiale sur l'enseignement pour tous, adoptée à la conférence Mondiale sur l'éducation pour tous, de Jomtien de 1990, dont le but était d'universaliser l'enseignement fondamental, et de réduire radicalement l'illettrisme avant la fin de la décennie 90, ainsi que les résolutions de la conférence internationale des experts sur l'enseignement secondaire général au vingt-unième siècle, organisées par l'Unesco à Beijing en Chine en mai 2001. De cette conférence, des pistes de restructuration de l'enseignement secondaire général ont été proposées afin de permettre à ce type d'enseignement, de faire face aux défis de massification et d'amélioration de sa qualité et de sa pertinence. De tout ce qui précède, il y a lieu de noter que, l'objectif premier du Cameroun après la conférence de Jomtien, était de promouvoir des savoirs, et savoir-faire, ainsi que des compétences et des valeurs humaines indispensables à la vie courante. Vue que ces objectifs non pas été atteints, les ministères Camerounais en charge de l'éducation165 vont prendre l'engagement d'oeuvrer à l'élaboration d'une stratégie sectorielle globale, adossée au cadre macroéconomique de Réduction de la Pauvreté (DSRP), afin de garantir la parité entre les genres pour l'éducation et la scolarisation primaire universelle. En 2013, la stratégie sectorielle de l'éducation va être révisée et validée sous une nouvelle appellation, le document de stratégie du secteur de l'éducation et de la formation (DSSEF) qui, met l'accent sur l'élaboration des politiques éducatives fondées sur les droits de l'homme, le respect de la différence, la culture de la paix et la non-violence. 163 Voir la Loi n°98/004 du 14 avril 1998 portant orientation de l'éducation au Cameroun. 164 Voir la Loi n°2001/005 du 16 avril 2001 portant orientation de l'enseignement supérieur au Cameroun. 165 Ces ministères sont au nombre de quatre : MINEDUB, MINESEC, MINESUP, MINEFOP. Cependant, il faut noter qu'il n'existait qu'un seul ministère de l'éducation à savoir le ministère de l'éducation nationale qui, lors de l'organisation gouvernementale de 2004 va éclater en trois autres ministères à savoir : Ministère de l'Éducation de Base qui est chargé des enseignements maternel, primaire ainsi que de la formation des enseignants de ces deux niveaux ; Ministère des Enseignements Secondaires, chargé des enseignements au niveau du secondaire ; Ministère de l'Enseignement Supérieur. Dès lors, la mise en oeuvre de l'EPT incombe au plan institutionnel à plusieurs départements ministériels. En plus des ministères déjà cités, il y a lieu d'ajouter : le Ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle et le Ministère de la Jeunesse et de l'Éducation Civique. Tous ces départements ministériels travaillent en partenariat avec d'autres Ministères tels que : le Ministère des Sports et de l'Éducation Physique ; le Ministère de la Santé ; le Ministère des Affaires Sociales ; le Ministère de la Recherche Scientifique et de l'Innovation; le Ministère de la Communication ; le Ministère des Arts et de la Culture ; le Ministère des Finances ; le Ministère de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire. Mémoire présenté par Aliou GARGA, en vue de l'obtention du diplôme de Master recherche en science politique Page 43 2016-2017 La contribution de l'Unesco à la promotion de la paix et la sécurité au Cameroun 2- ÉLABORATION DES POLITIQUES EDUCATIVES FONDEES SUR LA CULTURE DE LA PAIX ET LA NON-VIOLENCE La culture de la paix, contenue dans les programmes scolaires sur l'éducation à la citoyenneté, et aux valeurs démocratiques, favorisent le vivre ensemble des individus en leurs inculquant des valeurs allant du respect de l'autre en dépit des différences, le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, et le respect des symboles de la république. L'Assemblée générale des Nations Unies considère, qu'une culture de la paix consiste « en des valeurs, des attitudes et des comportements qui reflètent et favorisent la convivialité et le partage fondés sur les principes de liberté, de justice et de démocratie, tous les droits de l'homme, la tolérance et la solidarité, qui rejettent la violence et inclinent à prévenir les conflits en s'attaquant à leurs causes profondes et à résoudre les problèmes par la voie du dialogue et de la négociation, et qui garantissent à tous, la pleine jouissance de tous les droits et les moyens de participer pleinement au processus de développement de leur société »166. L'Unesco en 2013 pensait pour sa part que, « le concept de culture de la paix doit pouvoir se nourrir de l'ensemble des valeurs, des systèmes de pensée, des formes de spiritualité, de transmission des savoirs et technologies endogènes, des traditions, et des formes d'expressions culturelles et artistiques qui, contribuent aux respects des droits humains, à la diversité culturelle, à la solidarité et au refus de la violence en vue de la construction de sociétés démocratiques »167. La mise sur pied d'un cadre législatif solide en matière d'éducation seul ne suffit pas à débarrasser l'individu de l'esprit de violence, il y à lieu aussi pour l'État de garantir un environnement économique et politique favorable aux apprenants. |
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