d. Les risques d'une non-communication
Selon soins aides-soignantes (Fisanne, p.12) si les personnes
âgées « ne sont pas appareillées, le risque
d'isolement, de dépression, de chute et de déclin cognitif est
majoré. C'est pourquoi il est important de dépister les troubles
de l'audition et d'équiper la personne d'une prothèse auditive
» [5]. Pour cette population, le facteur va être encore plus
néfaste pour sa santé car ils sont déjà sujet
à risque.
La communication est vectrice de la relation
soignant-soigné, les conséquences apporteraient une perte plus ou
moins durable de la confiance du patient envers l'équipe soignante. Sans
cette confiance, le patient éprouvera de la déplaisance, pouvant
l'amener à devenir rébarbatif et le conduisant au refus de soins
successifs. Le refus du soin peut être à l'origine d'une
non-communication. Le soigné ne rentrera plus en relation avec le
soignant ce qui engendra de l'anxiété. Lors d'un soin, si le
soignant n'explique pas ou mal ses actes, le patient peut être surpris et
être dans l'incompréhension du soin. Il risquera de bouger et
faire échouer le soin, voire de se faire mal. L'adhésion aux
soins est primordiale, sans elle, le stress et de la douleur peuvent en
être induit lors du soin.
Tous ces risques sont évitables et pour terminer cette
partie sur la communication, la notion de recherche du consentement aux soins
est essentielle, car il pourrait engendrer de l'incompréhension dans la
demande et du stress pour le résident. Le port d'appareil auditif peut
minimiser les risques et le soin pourra mieux se dérouler. Pour la
personne âgée, l'étape de l'acceptation risque d'être
difficile psychologiquement.
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4) L'isolement
a. L'isolement en EHPAD
D'après le Nanda (2018, p. 53), l'isolement social est
défini comme étant : « Expérience de solitude que
la personne considère comme imposée par autrui et qu'elle
perçoit comme négative ou menaçante » [7].
L'isolement peut se caractériser par le manque de communication et le
retrait social. Toujours dans le Nanda (2018, p.180), il sera néfaste
pour la personne et causera un sentiment de solitude qui est un : «
sentiment de mal-être associé au désir ou au besoin de
plus de contacts avec d'autres, qui peut compromettre la santé
» [7] La solitude peut influencer la qualité de vie d'une
personne. Pour un résident d'EHPAD, il est loin de sa famille et de ses
amis, son mal-être et le sentiment d'abandon peuvent être
accentués. L'isolement et la solitude peuvent être à
l'origine de stress et d'anxiété.
« L'anxiété est un état de
trouble psychique plus ou moins intense et morbide, s'accompagnant de
phénomènes physiques (comportement agité ou
immobilité complète, pâleur faciale, sueurs,
irrégularités du rythme cardiaque, sensation de constriction
épigastrique, spasmes respiratoire) ... » (Paillard, 2016, p.
41) [9].
L'isolement en EHPAD peut se caractériser par deux
origines. Premièrement, en lien à la non-communication du
soignant car l'isolement peut en être induit. Les professionnels de
santé doivent accompagner le patient dans leur ressenti face à
leur problème pour l'aider à les surmonter. Secondairement, il
peut être lié à l'environnement. L'entrée en EHPAD
est souvent évènement difficile à vivre pour la personne,
comme expliquer dans la revue des soins aides-soignantes (Mira, 2019, p. 22)
ces personnes vont se sentir isolées et elles n'auront plus aucun
repère. « Pour les personnes malentendantes, le problème
est plus complexe car elles ont vécu au sein de leur communauté
» [6]. En effet une personne avec un handicap va faire partie
d'association et elle parlera plus facilement avec une personne dans le
même cas qu'elle. D'après soins aides-soignantes, (Retailleau,
2022, p.9) : « L'impact sur la qualité de vie, sur la relation
à l'autre, sur les relations sociales est immense et
délétère, notamment en raison de l'isolement dans lequel
se trouve la personne » [10]. A son arrivé dans l'EHPAD, elle
risque de se sentir différente des autres et isolée.
b. Isolement des EHPAD induit par la covid-19
Selon OMS, « la COVID-19 est la maladie causée
par un nouveau coronavirus, le SARS-CoV-2 » [27]. C'est un nouveau
virus qui se propage par gouttelettes et contact, qui est devenu une «
pandémie mondiale » qui aurait pris existence dans la
ville de Wuhan, en Décembre 2019. Pour éviter la propagation, des
mesures de protection furent misent en place par le gouvernement à
l'ensemble de la population. Pour limiter l'expansion, il a été
décidé « d'arrêter de tous les rassemblements
même dans le cadre familial », ainsi que la mise en place de
16
« gestes barrières » et des mesures
de « distanciation sociale ». Des « confinements de
la population » ont été décidé en
réponse à la pandémie. Les personnes âgées
sont considérées comme sujettes à « risque
d'aggravations des symptômes » pouvant conduire à une
hospitalisation en réanimation voir même au décès.
De ce fait, les résidents des EHPAD sont particulièrement
fragiles et exposés au risque de contamination du virus. Il leur faut
une protection particulière qui doit être une priorité.
La covid-19 a induit une part supplémentaire
d'isolement pour les résidents, qui ont été
confinés et interdits de visites pendant plusieurs semaines, ceci
imposé par toutes les conditions sanitaires. Elle causa des
conséquences problématiques multiples pour les personnes
âgées :
« Une perte de la mobilité et compliquant la
qualité vie mais aussi avec un fort risque d'impact psychologique, de
dépression et de dénutrition, que le confinement en chambre
individuelle, en établissement, est venu renforcer, ainsi que des
risques pathologiques accrus (troubles posturaux, chutes, escarres, etc.).
» (Rapport lutter contrôle l'isolement, sur le site du
gouvernement) [29].
Cette mesure pose aussi de grandes difficultés d'ordre
éthique pour les professionnels de santé. Il est paradoxal de
demander à des soignants de limiter la liberté d'aller et de
venir des résidents alors que l'EHPAD est leur lieu de vie et qu'ils
sont chez eux. Certains EHPAD, hors confinement, ont décidé de
fermer les secteurs entre eux, limiter les visites, obliger le port du masque
à tous, mettre en place des plexiglas, vaccination obligatoire des
résidents, etc.
Les visites en EHPAD, pour les personnes âgées
sont un moment agréable de partage avec une ou plusieurs personnes qui
leur est chère. Se retrouvant privée de contact à cause de
la covid, cela peut engendrer un sentiment de tristesse et de solitude. C'est
une expérience difficile à vivre, certaines personnes
âgées ayant des troubles cognitifs ou qui ont des pathologies
dégénérescentes dont la déficience auditive,
peuvent ne pas comprendre toute cette situation et ce changement brutal. Avec
les troubles d'audition, les résidents arrivaient à nous
comprendre en lisant sur les lèvres ou quand on leur parlait plus fort
dans leurs oreilles. Mais aujourd'hui avec le masque chirurgical cela est plus
compliqué, du fait qu'ils ne puissent plus voir nos lèvres, qu'on
ne peut plus leur parler trop près et de plus, ils ne sont plus capables
pour certains, de nous différencier et de nous reconnaitre.
Ce masque soulève un grand nombre de questionnement, il
s'agit d'un moyen de protection contre la contamination du virus mais il cache
une grande partie du visage. Le masque transparent n'a pas été
approuvé car il faisant trop de buée. Pour certains malentendants
qui ne peuvent ni entendre une voix, ni utiliser la lecture labiale et ni voir
l'expression faciale, cela engendre un réel frein à la
communication. C'est un facteur supplémentaire de l'isolement pour
17
toutes personnes présentant une déficience
auditive, et d'ailleurs, même sans déficience auditive. Cet
isolement peut entraîner une diminution ou une aggravation de
l'état de santé général des résidents. De
plus, on doit « obligatoirement porter un masque buccal dans
toutes
les situations où il est impossible de garantir le
respect des règles de distanciation sociale et
qu'il y a un risque de contamination » (site
info coronavirus) [23]. Dans certains services médicaux, le masque
était déjà porté mais pour la majorité de la
population ce fut une nouveauté. Le masque restera un symbole de cette
crise sanitaire.
Pour certains patients, la covid-19 a induit un stress
important, ainsi qu'une vulnérabilité physique et psychologique
accrue. Il fut créé un déficit de leur état de
santé voire d'une perte de motricité par le manque de relation
sociale. Le terme médical syndrome de glissement a été de
nombreuses fois rapportées en conséquence de la covid-19. Selon
le Dictionnaire des concepts en science infirmières (Paillard 2021, p.
517) : « certaines personnes âgées semblent vouloir se
laisser mourir. Leur état général se dégrade
rapidement. Des troubles psychiques et moteurs apparaissent alors. [...] Evolue
très rapidement, de quelques jours à un mois, vers une issue
fatale » [8]. Les signes verbalisés montrés sont : la
symptomatologie dépressive, la perte d'appétit,
décès rapide de chagrin et la mort par isolement.
c. Les moyens de lutte contre l'isolement
Comme cité auparavant, la pandémie mondiale de
la Covid-19 a prédisposé à des phénomènes
néfastes pour la santé et à un isolement social. Des
moyens ont été mis en place contre cet isolement, le meilleur
moyen est la relation humaine et la communication. En tant que soignant, on
doit percevoir les besoins de la personne et maintenir du lien social.
L'enjeu consubstantiel est de mettre en place des actions avec
les personnes en déficience auditive dès l'entrée dans
l'établissement de soins, car elles vont permettre de créer un
lien avec la personne soignée et aussi avec les autres
résidents.
L'isolement des personnes en trouble auditif, est
malheureusement très fréquent. Beaucoup de ces personnes sont
rejetées de la société moderne et n'ont pas accès
à certains lieux qui sont non adaptés. En tant que soignant, on
doit faire participer le résident aux animations inter-résidents,
inciter la personne à avoir de la visite familiale ou amicale. La
préservation du lien avec la personne est essentielle pour contrer sa
solitude. Selon le rapport de l'INPES et la CNSA (2012, p. 9), « pour
instaurer des échanges de bonne qualité, il est important de
s'adapter à son interlocuteur : prendre en compte sa surdité et
son mode de communication » [4]. En terme d'actions à mettre
en place pour contrer l'isolement des personnes en trouble auditif, on peut
utiliser des supports qui devront être adaptés à la
personne tels que : l'écrit, la gestuelle ou les supports
électroniques. En terme d'outils, on peut mettre en place des
pictogrammes qui sont visuels et simples pour la personne.
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Dans la revue soins aides-soignantes (Mira, 2019, p. 23),
« il sera nécessaire de former le personnel au fonctionnement
des boucles magnétiques, au changement des piles, à l'entretien
des appareils auditifs et aux bonnes conditions de communication avec une
personne déficiente auditive » [6]. Les professionnels de
santé doivent être formés à l'utilisation des
appareils ou moyens comme les tablettes...
Il est important d'organiser un lieu de vie adéquate
pour les personnes âgées et que les professionnels de santé
travaillent en équipe, car chaque personne à ses
spécialités et des idées différentes. Plusieurs
moyens de communication et des supports peuvent être mis en place comme
expliquer dans les parties précédentes. Il est primordial que les
résidents se sentent écoutés afin qu'ils arrivent à
formuler leurs besoins, leurs peurs, leurs envies, sans craintes d'être
incompris.
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