CHAPITRE I : LES FONDEMENTS DES MESURES FISCALES
INCITATIVES
Il est important de souligner que le caractère
incitatif d'un système fiscal ne doit pas se lire sous le seul prisme
des niveaux d'imposition.
En effet, outre l'allègement de la charge fiscale, la
simplification de la norme y compris celle relative aux procédures et au
renforcement de l'équité dans le but d'éviter les
distorsions de concurrence et de préserver l'équité
horizontale, constituent des facteurs incitatifs pour les contribuables. C'est
d'autant plus pertinent que des dispositions plus simples rendent la norme
fiscale plus intelligible tandis que des procédures plus simples en
facilitent le respect des obligations fiscales. Il apparaît dès
lors que la simplicité et l'équité sont des facteurs de
promotion du consentement volontaire à l'impôt et contribuent
à rendre le système fiscal plus incitatif, au même titre
que l'allègement du fardeau fiscal qui s'opère à travers
l'adoption de niveaux d'imposition plus faibles. C'est pourquoi, dans son
rapport « Doing Business », la Société
financière internationale (SFI), filiale du Groupe de la Banque
mondiale, inscrit les éléments de procédures au rang des
facteurs déterminants de l'amélioration de l'environnement des
affaires, notamment en matière fiscale.
Ainsi, les lignes directrices de la mise en place d'un DCI
sont la simplification, le renforcement de l'équité et
l'amélioration de l'efficacité du système fiscal à
travers, notamment, l'élargissement de l'assiette.
Ainsi, l'idée dans ce chapitre est d'essayer de
transcender les lettres du texte de la loi portant code général
des impôts23 afin d'explorer les réalités qui se
cachent derrière celle-ci. Autrement dit, il s'agit d'interpréter
les dispositions du code relatives aux fondements sociaux mais aussi des
fondements économiques.
Pour ce qui concerne ces fondements, il n'est pas surprenant
de constater que les enjeux sociaux sont plus importants que ceux
économiques d'autant plus que l'Etat se soucie plus du social que de
l'économie. C'est pourquoi les justifications sociales que nous
tenterons d'apporter dans cette présente partie seront beaucoup plus
substantielles que celles économiques.
23 Texte de loi voté par l'assemblée
nationale, le 27-12-2012
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 19
SECTION 1 : les fondements sociaux.
L'impôt est un phénomène complexe, il est
certes étroitement tributaire des impératifs économiques,
mais il constitue aussi, en tant qu'acte de puissance publique, un
élément essentiel du pouvoir politique.
Ainsi, la fiscalité définie comme instrument de
politique économique et sociale semble être utilisée par
les pouvoirs publics dans l'optique de répondre aux nombreuses questions
sociales qui les interpellent. Conscient des problèmes sociaux auxquels
sont confrontées les populations, l'Etat juge nécessaire
d'exonérer certaine catégorie d'impôts par des mesures qui
permettent d'assurer une meilleure équité sociale et soutenir les
populations démunies24 à avoir accès à
un emploi décent et aux services sociaux de base.
Ces mesures peuvent généralement visées
l'accès sans entrave aux besoins primaires par la quête du
bien-être social et le renforcement du tissu social.
Paragraphe 1 : La quête d'un bien-être
social
Il est indéniable que les incitations fiscales
poursuivent un dessein/objectif social. Elles peuvent ainsi participer à
la quête inlassable par les populations d'une vie sécuritaire et
prometteuse. Celle-ci s'explique par une volonté des pouvoirs publics
d'assurer aux citoyens l'accès à un emploi décent et aussi
faciliter l'accès aux services sociaux de base.
A- La création de l'emploi
Sous l'effet de la crise économique et
financière, le taux de chômage à grimper dans certains pays
de la sous-région Ouest-Africaine. Cette croissance a conduit le
Sénégal et certains pays membres de l'UEMOA à envisager
une réforme fiscale afin de lutter contre le chômage de longue
durée, dans le même temps les responsables de la politique fiscale
s'interrogent sur les moyens d'atténuer les fortes contre incitation au
travail que les systèmes fiscaux génèrent souvent.
La finalité sociale de l'impôt, notamment
l'impôt sur le revenu25 des personnes physiques a une
incidence sur l'incitation au travail et l'offre de main d'oeuvre, le poids des
prélèvements
24 Qui sont privé de ressources de quelque
genre que ce soit.
25 Article 47 du nouveau CGI « il est
établi au profit du budget de l'Etat, un impôt annuel unique sur
les revenus de sources sénégalaise et/ ou étrangère
des personnes physiques désigné sous le nom d'impôt sur le
revenu »
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 20
obligatoires constitue un frein à l'embauche. Tout
prélèvement fiscal diminue la capacité financière
de l'entreprise, ce qui limite la possibilité d'embaucher du
personnel.
L'imposition de la masse salariale telle que la contribution
forfaitaire à la charge de l'employeur est de nature à
décourager l'emploi de main d'oeuvre. Une telle distorsion favorise les
investissements qui économisent la main d'oeuvre, aux dépens des
branches. L'ampleur des incidences que la fiscalité peut exercer sur la
demande de main-d'oeuvre est largement tributaire de la nature de l'impôt
prélevé. Une augmentation de l'impôt sur le revenu des
personnes physiques peut inciter les salariés à revendiquer un
prélèvement de leur salaire nominal pour défendre leur
revenu réel net d'impôt ce qui peut avoir pour effet
d'élever le prix de la main d'oeuvre par rapport à celui du
capital.
Ainsi, quant à la politique fiscale de l'emploi, elle
consiste à détaxer directement ou indirectement l'emploi.
Quelques formes d'incitations fiscales créatrices d'emploi que le
Sénégal pourrait adopter pour renforcer les incitations au
travail seraient.
D'abord d'introduire (ou développer) des crédits
d'impôts sur le revenu du travail visant les travailleurs à bas
revenus. Néanmoins, ces crédits doivent être conçus
avec soin, car leur retrait, lorsque le revenu augmente, peut avoir un effet
dissuasif sur le travail.
Ensuit accorder aux seniors des allègements fiscaux en
fonction de l'âge, plutôt que des avantages liés à la
retraite, et! ou abaisser leur cotisation de sécurité sociale.
En fin passer d'une imposition par foyer fiscal à une
imposition individualisée (11 pays de l'OCDE appliquent l'imposition par
foyer fiscal sous une forme ou sous une autre) et! ou réduire ou
éliminer les abattements pour conjoint.
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