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Les mesures fiscales incitatives dans l'espace UEMOA. Le cas du Sénégal.


par Daouda DIALLO
Université Dakar Bourguiba - Master 2 2017
  

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Paragraphe 2 : les effets de la concurrence fiscale

Toutes les formes de concurrence sont nuisibles lorsqu'elles ne sont pas encadrées par des règles. La concurrence entre Etat en vue d'attirer les facteurs de productions peut avoir autant de conséquences néfastes que les autres formes de concurrences.

Pour améliorer l'environnement des affaires et ainsi attirer les investisseurs, beaucoup de pays ont recours à des politiques d'incitation fiscale. Elles consistent à accorder des régimes fiscaux plus favorables à certains secteurs ou acteurs de l'économie plus qu'à d'autres et constituent malheureusement les principales manifestations de la concurrences fiscale entre les Etats. Ainsi, la concurrence fiscale remet en cause le principe de la souveraineté des Etats qui, dans les faits, perdent la liberté de déterminer le niveau et la structure de leurs impositions.

Pour mieux aborder les effets de la concurrence fiscale, nous allons voir en premier lieu la baisse des recettes (A) et en second lieu l'augmentation des emprunts (B).

A- La baisse des recettes

Un système d'imposition est équitable s'il répartit la pression fiscale entre les agents économiques en fonction de leur capacité contributive. Or, la concurrence fiscale tend à entraîner une réduction de l'imposition des assiettes les plus mobiles et un alourdissement de celle des assiettes les moins mobiles.

En effet, en l'absence de coordination, un Etat confronté à la fuite des assiettes les plus mobiles vers les pays où elles sont le moins taxées, est conduit, soit à accepter un tarissement de ses recettes, soit à baisser le taux d'imposition sur les bases mobiles.

La concurrence fiscale remet en cause le principe de la souveraineté des Etats, qui, dans les faits, perdent la liberté de déterminer le niveau et la structure de leur imposition.

Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 72

Ainsi, du fait de la concurrence, les impositions convergent presque mécaniquement vers la baisse.98 Des lors, les Etats engagés dans une concurrence fiscale courent le risque de voir leurs ressources fiscales diminuer.

Les autres éléments de la fiscalité pesant sur les entreprises telles que la charge patronale sur les salaires et les impôts locaux ne sont harmonisés et demeurent très hétérogènes.99 La pression concurrentielle semble inciter les Etats de l'UEMOA à alléger les prélèvements pour réduire leur incidence sur les couts de productions ou sur le cout de la main d'oeuvre.

La théorie économique s'est ainsi focalisée sur les effets comparés de la concurrence fiscale sur le travail, supposé peu mobile, et le capital, supposé très mobile. Elle indique que le taux de l'impôt sur le capital tend vers zéro lorsque le nombre d'Etats en concurrence devient très grand. A la limite, seul le travail supporte alors le fardeau fiscal. Les modèles théoriques tendent à montrer que l'impôt sur le capital est prélevé en l'absence de coopération - à un taux nettement plus faible que celui sur le travail.

La mise en oeuvre de ces incitations fiscales se fait pour l'essentiel par un système dualiste, c'est-à-dire qu'on utilise, mis à part les incitations de droit commun, des régimes fiscaux dérogatoires. Les dépenses fiscales sont à l'origine d'un manque à gagner énorme en matière de recettes pour les économies de la région, car elles constituent des ressources auxquelles l'Etat a renoncé. Pour y remédier, la directive n°01/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009 portant Code de Transparence dans la gestion des finances publiques au sein de l'UEMOA, transposée au Sénégal par la loi 2012-22 du 27 décembre 2012, préconise que les décisions ayant une incidence sur le budget de l'Etat soient chiffrées et rendues publiques, et que l'évaluation de l'impact financier de ces décisions fasse partie des documents budgétaires à joindre au projet de loi de finances de l'année.

Dans la même optique que cette directive, au Sénégal, le Ministère en charge des Finances a entrepris, avec la Direction Générale des Impôts et des Domaines (DGID) une évaluation des dépenses fiscales pour les périodes 2008 et 2009, puis 2010, 2011 et 2012. Avec ces études, on a répertorié 327 dispositions fiscales dérogatoires à la norme de référence dont 58% dans le droit commun et 42% résultant des régimes dérogatoires. Ces régimes dérogatoires prennent la

98 Ibidem

99 Ibidem

Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 73

forme de codes, de conventions d'établissement, de lois ou règlements comportant des mesures ayant une incidence fiscale.

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