CHAPITRE II : LES LIMITES D'ORDRE EXTERNE
La politique fiscale nationale fait face à des limites
d'ordres externes qui sont dû d'une part grâce aux
différentes coopérations entre les Etats membres et d'autre part
par l'avènement d'une concurrence entre les Etats d'une même zone
économique88.
C'est pourquoi il faut prendre en compte le fait que de plus
en plus des décisions prises en matière fiscale sont
insérées dans un environnement juridique et conventionnel sont de
plus en plus complexe. On sait que les directives et autres décisions de
l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ou celles
à venir limitent ou limiteront le champ d'intervention des Etats, qui ne
peuvent ou ne pourront plus aider un secteur particulier de l'économie
sans un accord des autorités de la Commission.
De l'autre côté, l'importance de la coordination
fiscale peut poser le problème de l'efficacité de la politique
fiscale. Une trop forte coordination fiscale n'est pas recommandée.
Outre les effets dissuasifs sur l'initiative privée d'un
prélèvement fort et les aspects psychologiques négatifs
d'un système souvent perçu comme bureaucratique et complexe, il
faut souligner que "trop de concurrence tue la concurrence" et qu'un poids
fiscal excessif tend à favoriser la fraude et sa dissimulation.
Il importe donc de trouver le juste milieu et analyser la
politique fiscale quasiment au cas par cas, secteur d'activité par
secteur d'activité, localité par localité, et non des
politiques globales qui sont souvent la règle.
L'appartenance à une union
économique89, renforce les risques liés à la
concurrence fiscale (Section 1) mais aussi ceux liés à
l'harmonisation fiscale (Section 2).
88 Union économique et monétaire ouest
africaine (UEMOA)
89 UEMOA
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l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 68
Section 1 : les limites liées à la
concurrence fiscale
Selon le lexique des termes juridiques, « la
concurrence fiscale consiste pour un Etat, en vue de favoriser ses exportations
ou d'attirer des entreprises ou des capitaux étranger, à diminuer
de façon excessive ses impôts en dessous des Etats concurrents
».
Ainsi, dans l'espace UEMOA, la suppression des entraves
à la circulation des biens, des personnes et des capitaux favorise les
délocalisations, la fraude fiscale et la mobilité
géographique des bases d'imposition.90 Les Etats Ouest
Africains s'étaient engagés dans une véritable concurrence
fiscale. La baisse du taux de l'impôt sur les bénéfices a
été constatée dans la plupart des Etats. Ce qui a conduit
la commission de l'UEMOA a proposé une harmonisation des taux et des
assiettes d'imposition en 2008.91
A terme, la concurrence fiscale pose un problème
d'équité, car les assiettes fiscales mobiles se
délocalisent à la recherche de systèmes les plus
cléments, alors que les assiettes fixes se retrouvent davantage
surtaxées, notamment pour compenser les pertes liées à la
fuite devant l'impôt des facteurs mobiles. Il en va ainsi au regard de
l'équité horizontale puisque des contribuables ayant des revenus
comparables peuvent supporter des prélèvements différent
selon l'origine de ces revenus. Il en va également ainsi au regard de
l'équité verticale puisque l'inégale taxation des revenus
selon leur origine est susceptible de déboucher sur une taxation plus
lourde des contribuables les moins bien dotés.92
Paragraphe 1 : les manifestations de la concurrence
fiscale
En zone UEMOA,93 l'inopportunité de la
concurrence fiscale se trouve en ce sens que la fiscalité n'est pas le
premier critère d'établissement des entreprises, d'autres
considérations entrent en jeu. Ce sont la taille du marché, la
stabilité politique et économique, l'Etat de droit et la
protection du droit de propriété. La fiscalité se
classerait onzième sur douze facteurs selon une étude de
l'ONUDI.94
La concurrence fiscale est généralement
modélisée sous la forme d'un enjeu non coopératif entre
les Etats, chacun d'entre eux souhaitant attirer le plus d'investissement
possible.
90 Ibidem
91 Ibidem
92 Ibidem
93 L'espace économique communautaire des huit
pays membres doté d'une même monnaie le FCFA
94 ONUDI, enquête auprès de 7000
entreprises de 19 pays africains 2011
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Financière et Fiscale Page 69
Cette concurrence se manifeste d'une part par la
réduction du taux d'impôt sur le bénéfice (A) et
d'autre part la diversité des assiettes d'impositions (B).
A- La réduction du taux d'impôt sur le
bénéfice
La réduction peut être définie comme une
façon de baisser, de diminuer ou de rendre moins élevé une
chose. De ce fait la réduction du taux d'impôt sur le
bénéfice est le fait de baisser le taux applicable sur la base
imposable d'une société ou d'entreprise. Ainsi, le taux de
l'impôt est le pourcentage à appliquer à la base
d'imposition pour trouver le montant d'impôt dû au niveau du
fisc.
Par exemple au Sénégal le taux d'imposition des
sociétés de capitaux est de trente pourcent (30%).95
Ce taux peut varier d'un pays à un autre pour des raisons
différentes, soit pour attirer le maximum d'investisseurs, soit pour des
mesures incitatives. La concurrence fiscale d'une union économique se
manifeste à travers la diversité des taux d'impositions.
C'est-à-dire qu'il n'y a pas une harmonisation sur les taux. Chaque pays
est libre d'appliquer le taux qui l'arrange de plus.
L'impôt sur les sociétés repose sur le
résultat des entreprises et de ce fait, affecte le rendement des
investissements. Les entreprises sont imposées dans le pays dans lequel
elles s'installent et sont donc incitées, si elles le peuvent et toutes
chose égales par ailleurs, à se localiser dans les Etats à
faible fiscalité.96 Dans ce cas, le choix d'un lieu
d'implantation repose sur la comparaison du taux de rendement qu'obtiendrait
une entreprise pour un investissement donné dans chaque Etat de la
sous-région.
Cependant pour remédier à cela, la solution pour
accroitre l'investissement serait donc de se concentrer sur ces obstacles pour
les éliminer directement, plutôt que d'accorder les mêmes
avantages que d'autres pays.
De ce fait, chacun des Etats membres de l'union
économique essaie de diminuer le maximum possible le taux d'imposition
dans le but d'attirer les investisseurs étrangers. Cette
réduction du taux d'imposition permet d'attirer les investisseurs
étrangers, au même moment il favorise la création d'emploi.
Mais cette politique fiscale a des effets, car le fait d'utiliser un taux
très faible pour attirer plus d'investisseurs peut entrainer une perte
énorme de recettes.
95 Taux de l'IS au Sénégal
96 El hadj DIALIGUE BA, droit fiscal, p.68
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l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 70
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