Paragraphe 2 : La promotion de la croissance
économique
Pour contrôler l'équilibre
macroéconomique, assurer la croissance et tendre vers le plein emploi,
on distingue habituellement les politiques centrées sur la demande
visant au soutien ou à la relance de l'activité
économique, des politiques privilégiant l'offre favorables
à l'épargne et/ou cherchant à améliorer la
compétitivité des entreprises.
A- L'accroissement de l'épargne
Au Sénégal, une politique économique et
sociale est définie par l'Etat pour conduire le pays sur la voie de
l'émergence à l'horizon 2035, grâce à une
transformation structurelle de l'économie. Le support de cette politique
est le Plan Sénégal Emergent35
C'est dans cette optique que les pouvoirs publics s'appuient
sur plusieurs instruments de politique économique, en vue de participer
à une redynamisation de notre économie parmi lesquels, figure en
bonne place l'incitation à l'épargne. Celle-ci se manifeste par
une imposition modérée des revenus des citoyens.
Pour promouvoir également le développement au
niveau de l'investissement, le volet fiscal pourrait constituer un important
moyen pour accompagner le gouvernement dans ces objectifs. L'épargne
correspond à la partie du revenu d'un ménage ou d'une entreprise
qui durant une période donnée, n'est pas affectée à
la consommation.
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35 PSE, établi en 2014.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 28
Le Professeur SALIOU SECK36, dans sa publication
parue en août 2003 intitulé « impact de la
libération financière sur l'épargne domestique : cas du
Sénégal » affirmait en substance que la croissance de
la production de toute économie dépend entre autres de
l'accumulation du capital qui a son tour, requiert une épargne
suffisante pour satisfaire l'investissement nécessaire. Il existe deux
types d'épargne, c'est-à-dire la somme de l'épargne
publique et de l'épargne privée. Cette dernière
étant constituée de l'épargne de l'entreprise et des
ménages est insuffisante dans les pays en développement. Le
Sénégal ne déroge pas à la règle car son
épargne est relativement faible.
Elle était égale à 9,6% du PIB en 1970,
devient négative dans les années 80 puis s'établit
à 11,8% du PIB en 2000. L'épargne nationale a globalement
représenté 17,3% du revenu national brut disponible sur la
période 2001-200937
Cette évolution aux antipodes des justifications
économiques marquée par la conjoncture économique à
l'époque peut avoir des explications fiscales. Compte tenu du rôle
de l'épargne eu égard du financement de l'économie et de
la satisfaction des besoins futurs des ménages conformément
à la conception de CHARLES GIDE38 de l'épargne qu'il
définit à travers deux acceptations : l'épargne
économie et l'épargne prévoyance, les pouvoirs publics ont
jugé nécessaire de poursuivre leur combat pour sa stimulation.
Pour preuve, les réformes fiscales entreprises par le
Sénégal jusqu'en 2004 n'avaient-elles pas donné une place
de choix à l'épargne. En vertu de la loi de 200439 des
efforts ont été consentis en faveur des contribuables personnes
morales, par un allègement du fardeau fiscal.
Aussi, des mesures d'une grande envergure doivent-elles
être consenties au profit des ménages dont la capacité
financière a été affectée par la crise
économique.
Le moment était venu d'accéder à cette
demande sociale récurrente de revalorisation du pouvoir d'achat
notamment des salariés.
Pour cela, il a été décidé de
revoir en profondeur le système de fiscalisation des revenus des
personnes physiques dans leur niveau d'imposition. Cette volonté a
été matérialisée par une refonte du système
de l'impôt sur le revenu avec l'accord d'exonérations et surtout
avec l'application du barème progressif quant à la liquidation de
l'impôt sur le revenu.
36 Economiste sénégalais et auteur de
« impact de la libéralisation financière sur
l'épargne domestique : cas du Sénégal » 87
pages
37 ANSD (rapport sur l'investissement et
l'épargne au Sénégal)
38 Cours d'économie politique, p.531 et 535.
39 Loi N° 2004-12 du 06 février 2004
modifiant certaines dispositions du CGI
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 29
Pour une revalorisation de l'économie, l'Etat pourrait
avoir besoin de l'épargne. En effet, l'épargne permet à
l'Etat d'assouvir son besoin de financement. Aujourd'hui le taux
d'épargne nationale a atteint 17,3%.
Notre analyse ne sert pas de péremptoire en ce qui
concerne l'impact de la fiscalité dans la stimulation de
l'épargne.
Mais, on peut, par ailleurs, retenir que si elle n'est pas
absolument le facteur déterminant de la variation du taux
d'épargne au Sénégal, elle en est par conséquent un
qui concourt à son évolution.
Comme défini, l'épargne permet aux
ménages d'avoir une autonomie financière pour satisfaire sans
aucune difficulté à leurs besoins futurs. L'épargne permet
également de financer le développement national.
L'accroissement de l'épargne n'est pas le seul
fondement économique, l'accroissement de l'investissement aussi joue un
rôle déterminant dans cette partie.
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