5.1.2-Interprétation de l'hypothèse de
recherche N°2 (HR1)
La deuxième hypothèse de recherche prédit
que l'environnement socioéconomique contribue à la montée
de la violence en milieu scolaire. En effet, nous avons constaté en
présentant les résultats que d'une part, l'origine
socioéconomique, voire culturelle, la nature et l'âge de
l'élève d'autre part, la situation économique et sociale
de l'enseignant qui fait de lui un marginalisé dans la
société ainsi que la nature même tant de
l'élève que de l'enseignant sont de nature à favoriser la
montée de la violence en milieu scolaire.
Les inégalités socioéconomiques qui se
manifestent par le statut social et économique des parents se
répercutent à l'école avec les enfants dits de familles
nantis qui ne se lassent pas de brandir leur supériorité aux
élèves issus de familles pauvres, renforçant en eux le
complexe d'infériorité et les frustrations qui les poussent
à vouloir ressembler aux autres. Le vol et le racket des pairs sont les
expressions de cette recherche de repères. Et lorsqu'en plus de cela
les enseignants le leur confirment par des attentions particulières
qu'ils donnent à certains de leurs camarades du fait des moyens
financiers dont disposent leurs parents pour pouvoir leur offrir tous les
manuels scolaires, un répétiteur et le confort possible, cela
contribue à les révolter et à les rendre violents.
En outre, certains groupes religieux ou ethniques exhibent,
dans la société, leur supériorité vis-à-vis
des autres et ceci se répercute souvent à l'école. En
effet, les membres de ces groupes religieux ou ethniques aiment bien se
distinguer des autres en restant entre eux, comme l'affirme M. Balia. Ils
adressent des paroles dépréciatives aux autres groupes et il est
à noter que, l'appartenance à une ethnie, à une religion
ou à une culture en général et la valeur symbolique qu'on
y apporte peut être si forte que toute atteinte à cette
identité si bien construite est vécue de manière
douloureuse. La réaction à cette douleur est
généralement violente, car exprime le désespoir et la
volonté de réparer l'affront ou l'humiliation subie. On pourrait
dire ici que la violence symbolique met en branle la violence fondamentale dans
l'optique de la préservation du soi identitaire et de sa
dignité.
Les médias contribuent aussi à
l'ébranlement des identités des apprenants à travers la
diffusion des idéaux culturels dictés par l'occident, par le
style de vie des stars et qui sont intégrés comme modèles
par excellence au détriment des valeurs africaines qui, comparées
à celles prônées par les médias semblent
inférieures, rétrogrades, désuets. C'est pour cette raison
qu'on verra des élèves rétrécir les pieds de leurs
pantalons, mettre la ceinture en dessous des fesses, faire une crête avec
leurs cheveux, en ce qui concerne les garçons, les filles quant à
elles rétrécissent les jupes, portes des bijoux, des maquillages
et des chaussures extravagants. La façon même de s'exprimer change
et bien d'autres choses, c'est ce que Braud caractérise de
« intériorisation de l'infériorité identitaire
associée parfois à des mécanismes de surcompensation par
imitation compulsive des comportements dominants ». Ces comportements
dominants seront aussi le fait de se lever aussitôt qu'on sonne, sans
laisser le professeur conclure le cours, répondre avec insolence aux
enseignants, etc.
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