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La violence en milieu scolaire: cas du lycée de tigaza


par Estelle FOUDA MENYENG
Institut Universitaire Catholique de Bertoua - Master 2 2016
  

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Chapitre V : INTERPRETATION DES RESULTATS, DISCUSSION ET SUGGESTIONS

Dans le présent chapitre, nous nous attèlerons à relire les résultats sous l'angle des théories qui on guidé notre recherche afin d'expliquer la violence en milieu scolaire. Ensuite, il sera ensuite question de discuter ces résultats pour identifier et faire comprendre leurs limites. A la fin, nous nous permettrons d'émettre quelques suggestions sur la base des résultats obtenus.

5.1-INTERPRETATION DES RESULTATS

L'interprétation des résultats obtenus grâce à l'analyse de contenu nous permettra, à partir des hypothèses de recherche, de confronter les théories qui soutiennent notre étude après les avoir commentés et mis en forme.

5.1.1-Interprétation de l'hypothèse de recherche N°1 (HR1)

Notre première hypothèse affirme que le fonctionnement de l'institution scolaire contribue à la montée de la violence en milieu scolaire. A la suite des observations faites du quotidien des acteurs du milieu et des cours et à l'aide des entretiens et des documents qui nous ont permis de compléter les observations nous avons fait une analyse des manifestations et des causes internes de la violence. Celle-ci montre des défaillances dans la gestion administrative et pédagogique des élèves ainsi que dans l'attitude des enseignants, ce qui peut contribuer à l'escalade de la violence en milieu scolaire.

En effet, la violence symbolique développée par Pierre Bourdieu (1972, 1997) se manifeste dans le fonctionnement de l'institution scolaire par cette imposition des représentations et des normes, c'est ce que Joan Galtung (1972) appelle la « violence structurelle ». Les enseignants représentent la classe dominante exerçant, au sein de l'école, son arbitraire sur les élèves qui, de façon consciente ou non intègrent leur position de dominés. Ils doivent obéissance et soumission sans conditions aux enseignants face auxquels ils auront toujours tord. Ils acceptent alors tant bien que mal les normes imposées par un Règlement Intérieur jugé trop rigide et à l'élaboration duquel ils n'ont pas participé. Par ailleurs, il n'existe aucune règle explicite régissant le comportement des enseignants qui, eux, agissent en toute impunité. C'est à cause de cela que les élèves sont solidaires les uns des autres, tout comme les enseignants le sont entre eux. Ils forment un bloc face à la classe dominante pour défendre un des leurs, même s'il est dans l'erreur.

Les enseignants brandissent leur mission éducatrice comme le faisaient les colons avec leur « mission civilisatrice ». Pour eux, les élèves sont tous des petits sauvages ou des « sauvageons » pour reprendre le terme de Débardieux (1998), des « ignorants », des petits « mal éduqués » ou « pas éduqués » qu'il faut à tout prix « dresser » ou « redresser » (Cf. M. Guy), à qui il faut transmettre la civilisation, les « civilités ». Ceci passe par la discipline, la discipline et encore la discipline. Tout le monde est pour que soient respectées les règles.

Un autre aspect de la violence symbolique est l'inégalité des chances pour accéder à l'école et même pour y réussir. En effet, le recrutement est truqué à la base car on a l'impression que pour y entrer, il faut soit être parrainé soit monnayer. Et en plus de cela la démocratisation et la massification de l'école fait que pauvres et riches se battent pour que leurs enfants aillent à l'école, ce qui fait que les effectifs sont pléthoriques comme le montre le tableau de répartition des divisions par classe. Une fois qu'ils y ont accès, il leur faut encore pour y réussir, se battre en travaillant dur. Certains élèves peuvent réussir aisément à cause de leurs facultés intellectuelles plus développées. Les enseignants préfèrent ainsi travailler avec eux délaissant les autres qui sont obligés de fournir plus d'effort pour être à la hauteur quand ils ne se découragent pas et restent passifs sachant qu'ils seront toujours « faibles », « mauvais élèves ». D'autres encore réussissent à cause de la corruption favorisée par les enseignants eux-mêmes, créant ainsi des frustrations qui plus tard génèrent de la violence. En outre le système d'évaluation favorise juste les élèves « forts », sans tenir compte de ceux qui ne comprennent pas facilement. Parfois les évaluations sont faites sans préparation préalable des élèves qui, quand ils ont de mauvaises notes, sont traités de « faibles », « fainéants ».

Philippe Braud (2002), considère aussi que cette dépréciation qui se traduit aussi par toute forme d'injures, de paroles et d'attitudes de dénigrement, de calomnie, de stéréotypes est une violence symbolique. Braud le démontre en montrant que Car selon Braud, « c'est l'École, une institution égalitaire, ouverte à tous mais vouée à consacrer le mérite et l'excellence, qui constitue le lieu privilégié d'intériorisation du stigmate. » Les enseignants aussi parfois victimes de l'arbitraire de l'administration qui ne leur donne pas assez de parole dans la prise de décision et même des élèves qui, parfois les poussent à bout, réagissent à cette violence qui leur fait perdre leur dignité et leur autorité devant les élèves de façon instinctive. Ils vivent l'attitude des élèves comme échec dans l'exercice de leurs fonctions et se sentent harcelés en permanence par ceux qu'ils sont censés conduire, éduquer.

Enseignants et élèves s'attaquent mutuellement chacun à l'identité physique ou morale de l'autre à travers l'attribution des qualificatifs ou des noms péjoratifs, qui de façon subtiles sont dépréciatifs. Ils se retrouvent dans une situation où les repères sont ébranlés car chacun se méfie de l'autre qu'il soupçonne constamment de lui vouloir du mal. C'est ce qui justifie cette animosité permanente entre les deux, cette agressivité spontanée face à l'attitude des uns et des autres.

Partant ainsi de la théorie de la violence fondamentale de Jean Bergeret, nous pouvons constater que les élèves réagissent de façon violente à la sensation qu'ils ont d'être opprimés, de perdre leur dignité. Ils agissent de façon instinctive et défensive à  la menace «  narcissique », celle de leur identité, que leur opposent les enseignants, sans haine préalable, juste de façon spontanée. Ainsi, les humiliations ou encore ce qu'ils considèrent comme « manque de respect » de la part des pairs ou des enseignants, les punitions exagérées ou injustes et la rigidité du Règlement intérieur constituent autant de motifs pour que les élèves réagissent de façon violente vis-à-vis de leurs pairs et des enseignants. Les incivilités, les agressions physiques et verbales, les refus d'obtempérer sont autant de réactions spontanées face à la menace que représente l'enseignant.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus