4.3.3.2-L'attitude des enseignants ou l'abus de pouvoir
La violence des enseignants traitée plus haut est
perçue comme une cause de la violence des élèves. M. Guy
affirme que « pour qu'un élève réagisse mal,
il faut qu'il soit poussé à bout » (NEP,
20/10/2015). En effet, les enseignants, conscients de leur
supériorité sur en tout point sur les élèves, se
démarquent par des comportements qui finissent par révolter les
élèves à savoir :
- Les humiliations des élèves
Les enseignants prennent du plaisir à provoquer les
élèves en les humiliant devant leurs camarades par des injures,
des moqueries, des dénigrements.
Elève N° 11 :«Il y'a des
élèves qui n'aiment pas qu'on les affiche devant les gens et
quand on les affiche, ça les pousse à réagir. ...Moi quand
on m'enseigne, si tu me grondes, je ne dis plus rien...Je ne pars jamais au
tableau à son cours, sinon on va m'insulter. »
(17/11/2016)
Le verbe afficher ici est synonyme d'humilier. Les
élèves semblent être sensibles à ces pratiques et
réagissent violemment lorsqu'ils sentent leur intégrité
menacée. Dans un entretien avec les élèves de
2nde l'un d'entre eux justifie la violence en prouvant que face
à une humiliation, l'élève « est
obligé de montrer qui il est pour survivre » (NEE,
N°3, 21/10/2016)
- Punitions exagérées, à deux
mesures et/ou injustes
Ces punitions sont parfois des punitions de masse, des
punitions sans preuves ou des punitions qui ne correspondent pas à la
faute commise, l'accumulation des punitions. Les élèves de
2nde (op. cit) se plaignent du fait qu'on les punisse souvent parce
qu'ils sont dehors. Cependant, leur classe est régulièrement
occupée par les cours de 2ème Langue, mais personne
n'écoute leurs explications. Certains enseignants mettent les
élèves dehors, parfois injustement ou alors sans leur donner le
temps de s'expliquer. Ils trouvent cela injuste.
Parfois, pour les mêmes fautes, l'on donne deux
punitions différentes aux élèves ou alors on punit un
élève et on laisse l'autre. Ceci est souvent une cause de
révolte et d'insolence. Cependant certains enseignants pensent qu'il
faut punir et c'est le cas de Mme Rita qui affirme que « La
société brandit la tête (d'un meurtrier) pour que les
futurs candidats au meurtre y lisent leur avenir et reculent ».
Tout comme elle, M. Guy et M. Etienne pensent que l'école est comme
un Etat et dont les règles doivent être
respectées
- Tenue vestimentaire des enseignants
Nous avons pu remarquer que les enseignants, surtout les
femmes s'habillent de manière indécente. Arborant des jupes
courtes et serrés, des pantalons épousant de façon
excessive les formes du corps, des collants, des décolletés
mettant en exergue la poitrine, etc. Une élève s'exprime
là-dessus en ces termes : « Il y'a certaines dames
qui ne s'habillent pas très bien quand elles viennent donner cours
...les yeux des élèves sont ... Quand un élève va
lui avancer les mots, elle va penser que c'est le mépris, or c'est elle
qui a cherché » (NEE, Elève N°11).
Parfois les enseignants vont en classe comme s'ils allaient faire une
course à la boutique de leur quartier sans se soucier de leur apparence
physique, chose que les élèves et même les membres de la
société regardent pour accorder du respect ou non à une
personne.
- Conception et application du règlement
intérieur
Nous avons pu constater que le Règlement
Intérieur est conçu et adopté par une poignée de
personnes qui constituent le Conseil d'Etablissement. Ceux -ci ne consultent
pas les élèves et décident de façon arbitraire des
catégories de fautes et des sanctions. Ce qui a pour conséquence
que, plusieurs élèves ne découvrent la faute et la
sanction que lorsqu'ils ont commis un forfait. N'étant pas à la
base de l'élaboration du Règlement intérieur, ils ne le
connaissent pas. (NEE, 20/10/2016) Certains enseignants le trouvent même
trop rigide.
Les punitions ainsi que les sanctions semblent
démesurées ou injustes à cause du manque d'application du
Règlement Intérieur qui prévoit pourtant toutes les
catégories de fautes et établit les règles de
fonctionnement au sein de l'établissement. Les élèves se
plaignent par exemple que, du fait que la fermeture du portail soit
prévue à 07H45 Min, mais généralement l'on ferme
à 07h30 et ils sont encore mis en corvée. Ils évoquent
aussi « l'exclusion des élèves sans
preuves » juste sur la parole d'un enseignant. (NEE,
2nde).
- Familiarité avec les
élèves
Nous avons observé que les enseignants
développent une certaine familiarité envers les
élèves. Ils rigolent, parlent de tout sauf de leur
éducation. Certains font même des business avec leurs
élèves, des transactions de filles, etc. Cette attitude
amène les élèves à les mépriser. D'autres
enseignants courtisent des élèves filles qui le disent à
leurs camarades et elles en profitent pour humilier l'enseignant qui perd de
son autorité. (NEE, 17/11/2016)
- Le favoritisme ou la corruption
Selon les élèves, un enseignant peut demander
l'avis d'un élève pour punir ses camarades ou travailler avec
certains élèves en négligeant d'autres qui ont moins de
capacités intellectuelles ou financières que les autres. Les
élèves se plaignent aussi de la corruption au niveau des
Surveillances en ce qui concerne les heures d'absences : « on
t'ajoute des heures d'absence... parce que tu as refusé de participer
à la corruption ... si tu refuses, on va te mettre mal à
l'aise...jusqu'à ce que tu cèdes ». Ils se plaignent
aussi de leurs camarades qui monnaient afin d'avoir la moyenne dans certaines
matières : « ceux qui échouent vont en classe
supérieure parce qu'ils ont négocié et ceux qui ont plus
de niveau échouent et sont frustrés » (NEE,
2nde)
- Le sentiment permanent d'injustice
Face à l'Enseignant, l'élève, même
s'il est dans ses droits, a toujours tord. Nous avons suivi plusieurs fois dire
à un élève qui se révoltait en croyant fermement
que ses droits étaient bafoués : « Tu ferais
mieux de te soumettre, puisque tu n'auras jamais raison » ou
encore « Tu ne peux jamais avoir raison face à ton
enseignant ». Et comme le dit l'Elève N°3,
« l'élève sachant qu'il aura toujours tord, il
préfère se rendre justice ». C'est ce sentiment
qui fait que les élèves forment comme un bloc contre
l'enseignant, ils soutiennent leurs camarades et dissimulent leurs forfaits.
Lorsque le professeur demande par exemple « qui a lancé ce
mot », personne ne répond et malgré la punition de la
masse, ils ne dénoncent pas.
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