4.3.3-Les causes internes de la violence des
élèves
4.3.3.1-Mauvaise gestion administrative et pédagogique
des élèves
- Parrainage et corruption lors des recrutements
Les enseignants tout comme les élèves se
plaignent du parrainage et du monnayage des places comme mode de recrutement
pratiqué jusque-là. En effet, rien n'est fait pour
vérifier les antécédents disciplinaires de
l'élève à recruter puisque parfois les bulletins
présentés sont faux. En outre, les élèves exclus au
sein du même lycée pour des problèmes de disciplines sont
réadmis avec la complicité de certains membres de
l'administration et des enseignants. Cette situation est source d'indiscipline
et de violence dans la mesure où, aucun engagement n'étant pris
par les élèves pour leur réadmission, ils pensent que
l'argent donné pour acheter la place ou encore
négocier la place suffit à les exempter de toute
représailles et même si représailles il y'a, ils savent
désormais comment contourner la loi et avec l'aide de qui ils la
contourneront.
Il nous est arrivé de suivre plusieurs fois des
élèves dire que leurs parents étaient venus
négocier leur admission au lycée. Et parmi les
élèves qui sont indexés dans les cas de violences et dont
certains ont été exclus depuis la rentrée scolaire
2016-2017, plusieurs étaient d'anciens élèves exclus pour
indiscipline et violence (cf. NOE, Rassemblement 17/10/2016 ; NEP,
20/10/2016)
- Les effectifs pléthoriques
Les effectifs dépassent largement la marge prescrite de
60 élèves dans les classes de 6ème et 80
élèves dans les autres classes. Les classes sont bondées,
les élèves s'asseyent à trois ou quatre sur une
table-banc prévue pour au plus deux personnes. La circulation des
élèves et des enseignants dans la classe est pratiquement
impossibles, notamment dans les classes de troisième et les
élèves évoquent la chaleur pour justifier leur
présence régulière dehors. La gestion du chahut de tant
d'élèves est difficile comme le souligne Mme Rita qui pense
que les élèves profitent de l'effet de masse pour poser leurs
actes, mais seuls, ils sont faibles et deviennent doux. (NEP, 12/10/2016)
- L'absence de sécurité
appropriée
Les enseignants estiment que l'administration du lycée
ne fait pas assez d'effort pour maintenir la discipline au sein du
lycée. Au niveau du portail par exemple, les entrées et les
sorties ne sont pas filtrées et n'importe qui peut entrer, commettre des
vols ou des agressions et ressortir sans être inquiété.
(NEE, M. baba) En outre, ils considèrent que l'administration ne les
protège pas assez. En effet, beaucoup sont encore jeunes et comptent
parmi les élèves, leurs égaux ou leurs aînés.
Lorsqu'ils font recours à la Surveillance générale par
exemple, ces élèves, de leur avis ne sont pas assez punis
« Ils reviennent de la Surveillance Générale avec
plus de mépris et on devient une proie facile » (M.
Baba).
- Admission des élèves sans niveau en
classe supérieure et tricherie
Certains élèves accèdent en classe
supérieure sans le niveau requis, ils frustrent ainsi ceux qui ont
repris la classe avec une moyenne plus élevée par manque de
moyens financiers pour monnayer leur réussite ou découragent ceux
qui ont effectivement réussis sans avoir besoin de corrompre.
L'élève N° 3 le déplore et trouve qu'il n'ya plus
de mérite.(NEE, 17/11/2016). D'autres encore trichent et obtiennent
de bonnes notes et narguent ceux qui ont travaillé sans
fraude : « Si celui qui compose avec les cartouches a
la note et celui qui n'a pas les cartouches n'a pas de note, ça peut
créer des conflits » (NEE, 3ème
17/11/2016)
- Mauvais système d'évaluation
L'évaluation est faite avec des critères qui,
à la base défavorisent les élèves faibles.
Aucune pédagogie différenciée n'est appliquée pour
ceux-là et ils composent au même niveau que les autres. Parfois,
certaines classes sont évaluées sur la base de la progression
dans les classes du même niveau provoquant ainsi des
inégalités de chance pour l'accès au niveau
supérieur et la frustration.
Les élèves se plaignent aussi de ces enseignants
qui font des évaluations par embuscade (NEE, 21/10.2016),
corrigent mal les copies et donnent de mauvaises notes. D'autres donnent
même des notes même sans avoir évalué ou alors sans
corriger les copies comme nous l'avons observé chez ce jeune enseignant
d'informatique qui a abandonné à la salle des professeurs les
copies de ses élèves (NOE, 21/10/2016) qui se sont d'ailleurs
plaints de sa façon d'évaluer sans leur donner assez de temps
pour traiter l'épreuve.
- Mauvaise gestion des sportifs
L'élève N°3 se plaint du fait que le
lycée n'accorde pas un soutien aux sportifs qui jouent pour le compte du
lycée en matière d'équipement. Il a demandé
à être soutenu pour avoir de nouvelles chaussures, ce qui n'a pas
été fait. En outre, il a eu une fracture lors d'un match et ses
parents ont dû supporter seuls les frais médicaux. En plus de cela
l'argent de taxi n'est pas suffisant « 100Frs ne payent même
pas ma moto », dit-il.
D'autre part, il estime que les sportifs ne sont pas assez
protégés par l'administration du lycée. En effet, il dit
avoir repris la classe parce que les évaluations ont eu lieu pendant
qu'il était aux jeux FENASCO et aucune disposition n'a été
prise pour qu'il soit réévalué alors qu'il
défendait les couleurs du lycée. Cet élève exprime
un sentiment de révolte qui peut être cause de violence.
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