4.3.1.2-Le contexte culturel
Comme évoqué au chapitre III, la population de
la ville de Bertoua est composée de personnes issues de toutes les
Régions du Cameroun et d'expatriés. L'appartenance ou non
à un groupe ethnique est parfois source de mésentente ou de
préjugés. Il en est de même des personnes partageant les
mêmes croyances religieuses. Les deux religions prédominantes
sont la religion musulmane et la religion chrétienne. De l'avis de M.
Balia et aussi de l'Elève N°2 qui sont tous issus du
Grand-Nord-Cameroun en majorité musulman, les élèves de
cette religion aiment marcher en groupe et son très solidaires. En
outre, comme le souligne l'Elève N°2, ils aiment la
bagarre...en groupe et insultent les chrétiens. Il en
est de même des groupes ethniques dont les stigmates sont connus à
travers le territoire national qui n'épargnent pas le milieu scolaire.
Les médias constituent un autre facteur culturel qui
contribue à la montée de la violence en milieu scolaire. En
effet, grâce à la télévision et à Internet
les élèves y copient des modèles de vie et des
façons de faire qui son contraires aux normes africaines et qui, comme
le pense Mme Rita, mènent à la perte des valeurs africaines qui
exigent le respect des aînés. Elle déplore cette perte des
valeurs en racontant comment un élève lui a lancé un
papier après l'avoir froissé. Les médias véhiculent
ainsi des modèles culturels occidentaux et des stars que les
élèves copient facilement: se lever dès la sonnerie sans
attendre que le professeur clôture son cours, porter des pantalons
rétrécis pour les garçons, faire des coiffures
fantaisistes, utiliser le langage de stars, etc.
4.3.1.3-Dévalorisation du statut de l'enseignant
Pour beaucoup d'élèves dont les parents
excellent dans les affaires ou occupent des postes « juteux»,
être enseignant n'est pas l'idéal puisque la société
elle-même le dévalorise. Nous avons pu observer que les parents
d'élèves, lorsqu'ils sont convoqués à
l'établissement ou alors viennent simplement pour un problème
concernant leurs enfants adoptent une attitude de mépris, chose qui est
rare dans d'autres services où travaillent des personnes moins
gradées. Cette dévalorisation est certainement due à la
condition précaire vécue par l'enseignant et
évoquée plus haut.
4.3.1.4-La violence des élèves liée
à la nature et à l'âge
M. Wilson considère que la violence de
l'élève est liée à l'instinct naturel qui
le pousse d'abord à réagir, même si après il le
regrette (NEP, 14/10/2016). En effet, la majorité des
élèves du Lycée de Tigaza sont dans la phase de
l'adolescence, période de transition qui, pour l'enfant en manque de
repères, de normes et de valeurs, peut conduire à des
comportements déviants et à la violence. C'est la période
des crises ouvertes avec les adultes accompagnées d'affrontements
violents liés à la recherche permanente de son identité.
Cette identité qui, selon Christine Arbisio (1999)
« représente ce qu'il doit être, ou voudrait
être » et est source de conflit. Par son agressivité,
l'adolescent cherche à s'affirmer et la violence est « comme
seul recours, et seul moyen de mettre de la distance ». M. Guy fait
le constat que l'élève est sur la défensive face
à l'enseignant: « dès qu'il voit l'enseignant,
il change d'humeur ». Il le considère comme un
« adversaire », « un obstacle à
l'épanouissement »
La violence des élèves n'est cependant pas
limitée à ce facteur, mais est aussi liée au fait que
beaucoup d'élèves, à cause des multiples échecs
scolaires ou pour d'autres raisons, ont diminué leur âge et se
retrouvent dans la même classe que leurs cadets. Ils tiennent à
s'imposer auprès de ces derniers à travers des brimades. La
façon dont les élèves en parlent témoigne de la
peur qu'ils ressentent vis-à-vis de ces grands élèves. Ils
en parlent en termes de « grand et petit »,
« grand frère et petit frère » pour
désigner leurs camarades de classe plus matures.
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