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La violence en milieu scolaire: cas du lycée de tigaza


par Estelle FOUDA MENYENG
Institut Universitaire Catholique de Bertoua - Master 2 2016
  

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4.2.1.2.2- Les violences contre l'institution scolaire ou violences anti-scolaire

- Le chahut

La violence des élèves se manifeste beaucoup plus par le fait de troubler les cours, soit par le chahut, soit par des paroles ou des actes déplacés. Testanière (1967), définit le chahut comme « tous cas de désordre qui résulte directement ou indirectement d'un acte positif ou négatif, accompli par l'élève lui-même et qu'il savait devoir produire ce résultat ». En nous inspirant de Georges Felouzis (1991) nous avons pu observer plusieurs formes de chahuts à savoir :

· Le bavardage avec un voisin de banc pour des motifs autres que le travail en groupe,

· Les grands gestes,

· Les grimaces,

· Des rires bruyants,

· Les déplacements à l'intérieur de la classe sans rapport avec le travail

· Les échanges d'objets sans rapport avec le travail.

A cette liste nous ajoutons les jeux en plein cours, tous les bruits produits par les élèves et qui pèsent sur l'ambiance de la classe. Des parties du cours observés en 6ème Bilingue nous aiderons à comprendre ce phénomène :

Séquence 7 :

Le professeur mène une activité d'intégration de ce qu'il a enseigné antérieurement aux élèves. Il demande aux élèves de situer leur village.

Un élève : Mon village est situé au Nord

L'enseignant : Le Nord c'est vague.

Les autres élèves pêle-mêle : Nord des Etats-Unis, Pôle Nord...

Pendant ce temps une fille du dernier banc de la première rangée tape sur la table-banc avec ses mains, son voisin de devant tape aussi la table avec ses deux stylos à bille (il se ressaisit quelques seconde lorsque nos regards se croisent et continue de taper en mimant quelque chose). Les autres se moquent des noms de villages de leurs camarades et rient aux éclats.

Un élève : Monsieur, on pousse les gens. (le professeur ne le regarde même pas car il écoute les réponses des élèves). Il pose une question.

Plusieurs élèves crient: Moi monsieur, moi monsieur...

Le professeur : qui tape ? (pas de réponse et il continue)

Tout le monde parle et le prof ne suit pas.

Le Professeur tente de les ramener à l'ordre :Ooo ! Ooo !

Plus tard : Ooo, Guizou !

Plus loin : écoutez ce que Kenfack dit !

Trois élèvent tapent sur la table avec leurs stylos et les autres bavardent.

Le professeur : les autres suivez !

Le professeur interpelle la fille évoquée plus haut et qui bavarde: Djamilatou !

Un élève que je ne repère pas tape sur la table, une autre fille tape aussi sur la table...Une élève s'accroupit et semble raconter une histoire à ses voisines de banc.

Le Professeur : Suivez ! Ooo ! Ooo !

Plus loin encore : Ooo, Adama, qu'est-ce qu'il y'a ?...Taisez vous !...

En environ 40 minutes de cours nous avons noté 15 interpellations visant à ramener l'ordre dans la classe. Ceci est épuisant pour l'enseignant qui doit faire des efforts supplémentaires. Nous avons remarqué que ces derniers sortent des cours exténués à force d'avoir crié. Pour éviter ce chahut, certains enseignants sont obligés de monopoliser la parole et de faire faire le maximum d'exercices possibles, comme le mentionne l'enseignante observée en 3ème Allemand (NOC, 25/10/2016).

Si certains cherchent à ramener le calme, d'autres enseignants par contre préfèrent ignorer le bruit et dispensent leur cours au détriment de ceux qui veulent vraiment suivre, c'est le cas de Mme Rita. Elle souligne cependant lors de l'interview que : « certains élèves sont gênés lorsque les autres bavardent et leur chahut peut avoir une influence sur leur rendement ». Ici, elle évoque non seulement la violence que le chahut exerce sur les camarades, mais aussi anticipe sur les conséquences de celui-ci. Elle ajoute que « la classe n'est pas un cimetière...il n'ya pas de miracle pour que les élèves soient muets. Quelque chose va toujours les amener à parler. »

- la destruction du cadre scolaire

La plupart des salles de classe que nous avons observées ont des graffitis sur les murs. Les élèvent utilisent des substances difficiles à effacer pour exprimer tout ce qui leur passe par la tête. Les tables-bancs subissent le même sort, ce qui donne une impression d'insalubrité à ces bâtiments qui n'ont pas plus de cinq ans d'âge. Un élève a d'ailleurs été sanctionné à repeindre la salle de classe parce qu'il inscrivait des graffitis sur les murs (NOE, Rassemblement du 14/11/2016).

- La violation des règles et des normes

La plupart des violences perpétrées par les élèves sont liées au non respect du Règlement Intérieur. En effet, toutes les catégories de fautes ainsi que les sanctions prévues pour les élèves y sont inscrites, mais les élèves violent au quotidien ces règles par leur tenue vestimentaire et corporelle non conforme, les absences injustifiées, les retards, le refus de se faire évaluer, la désertion des salles de classe aux heures de cours à travers l'escalade de la clôture ou avec la complicité des gardiens.

- La passivité, l'ennui, le sommeil en plein cours et l'indifférence

Nous avons constaté, en observant les cours, que les élèves manifestent généralement peu d'intérêt vis-à-vis de ceux-ci. Plusieurs se couchent sur la table pendant que l'enseignant donne des explications, dorment, ne participent pas aux activités et ne lèvent même jamais le doigt pour répondre aux questions. Ils sont indifférents, passifs et semble avoir l'esprit ailleurs que dans la salle de classe. Parfois même ils ne recopient pas le cours, signe de leur manque d'engagement, de leur démotivation face à l'école. C'est ce type d'élève qui attend la pause avec impatience, qui se plaint de la longueur du cours et fait qu'on écrit trop.

Lorsqu'un enseignant se retrouve face à une classe passive, dont les élèves ne font pas les devoirs à la maison, n'ont pas de bonnes notes aux évaluations, cela crée en lui un sentiment de découragement. Il est aussi à noter que plusieurs élèves ne connaissent pas les noms des enseignants, ni des membres du corps administratif. Ils ne maîtrisent même pas leur emploi du temps, comme c'est le cas de cet élève de 5ème, amené par son Chef de classe chez le Censeur parce qu'il tapait sur la table-banc :

Séquence 8 :

Censeur : Vous avez quel cours maintenant ?

Elève : Je ne sais pas.(Ses camarades répondent qu'ils ont EPS, Education à la Citoyenneté et à la Morale et l'Anglais).

Censeur : Tu as quel cahier dans ton sac ?

Elève : le cahier d'ECM.

Censeur : et l'Anglais alors ?

Elève : Je ne savais pas qu'on avait Anglais le vendredi.

Le Censeur lui donne 08 coups de fouets parce qu'il ne connaît pas son emploi du temps et demande ensuite : Tu as eu quelle moyenne à la 1ère séquence ?

Elève : 08(sur 20), Monsieur. Et le Censeur lui ajoute deux coups pour ce motif, en promettant de le fouetter s'il avait une mauvaise note à la 2ème séquence. (NOE, 18/11/2016)

Le cas de cet élève démontre le désintérêt qu'il manifeste face à l'école et sa note le prouve suffisamment. En dehors du fait qu'il n'a pas tous ses cahiers, qu'il ne connaît pas son emploi du temps et fait du bruit en classe, sa tenue est toute est sale et déchirée.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984