4.2.2- La violence des enseignants envers les
élèves
Tableau N° 11: Présentation de la
violence des enseignants envers les élèves selon les
élèves
NEE 2nde
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NEE 3ème
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-Abus de pouvoir
-humiliation des élèves
-Harcèlement
-injures
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-Diminuer les points
-Mal corriger les copies
-Gronder
- Imposer des cours de rattrapage Samedi
-Mettre les élèves dehors
-Punir à tout moment
-Donner des notes arbitraires
-Faire du favoritisme
-Refuser de donner un billet de sortie à un
élève malade
-Punir injustement
-Détruire les objets des élèves
-Faire la cours ou harceler sexuellement les élèves
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Tableau N° 12: Présentation de la
violence des enseignants envers les élèves selon les enseignants
eux-mêmes
NEP
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Mme Rita
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M.Wilson
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M. Baba
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M.Guy
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M. Etienne
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Mme Carine
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M. Balia
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-Punir sans motifs valables
-Dicter rapidement le cours et en Espagnol -Être
intolérant
-Expliquer le cours en Espagnol
-Voix non audible de l'enseignant(4)
-Dénigrement
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-Violences verbales
et psychologiques
-Violences physique :,
-punitions parfois injustes ou sans motifs
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-Gronder
-Insulter
-Dénigrer,
-Frustrer
-Punitions humiliantes ou entraînant
des blessures physiques
-Fouetter
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-Fouet
-Faire recopier un devoir 10 fois
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-Punitions
-humiliantes
-Harcèlement sexuel
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-Manque d'attention aux élèves
-Attitudes
-Préjugés sur certaines ethnies
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-Harcèlement sexuel
-Mauvaise notation
-Fouet
-Punitions
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4.2.2.1- Les violences psychologiques
Mme Rita nous confie dans un entretien qu'après deux
semaines de cours, elle a demandé à ses élèves de
lui dire, sur des bouts de papier, ce qu'ils pensaient de ses méthodes
d'enseignement. Elle nous les a fait lire et il en est ressorti plusieurs
formes de violence subies par les élèves à
savoir :
- Les punitions sans motifs valables ou
injustes
Ici il s'agit de punir des élèves sans preuve
ou punir les innocents avec les coupables. Ce sont généralement
les punitions en masse. Par exemple, un élève lance un mot et le
professeur ne parvient pas à l'identifier, ses camarades non plus ne
veulent le trahir, alors toute la classe est punie.
- L'intolérance
Il s'agit de ne pas tolérer le moindre écart de
comportement d'un élève et de le punir pour tout ce qu'il fait,
sans recours, sans lui donner de chance de s'amender. Un Surveillant à
qui un enfant demandait pardon lui a
rétorqué : «On demande pardon au ciel ».
(NOE, 20/10/2016) Le Proviseur lui-même rappelle
régulièrement aux élèves lors des rassemblements
qu'aucun cas d'indiscipline ne sera toléré et chaque semaine se
tient au moins un conseil de discipline, et plusieurs cas d'exclusion sont
réglés aussitôt que la gravité est
établie.
- Expliquer et dicter rapidement le cours en
Espagnol
Il y va de l'Espagnol comme de toutes les langues
étrangères qui traduisent déjà l'imposition d'une
culture. Les comprendre est déjà un défit à relever
et le fait de dicter le cours, et le dicter rapidement rend encore
l'apprentissage difficile.
- Parler de façon inaudible
Certains enseignants, comme Mme Rita, ont une voie qui ne
porte pas assez et ne permet pas aux élèves de bien suivre le
cours. Cela rend le cours ennuyeux pour ceux qui y portaient peu
d'intérêt ou alors frustre ceux qui veulent noter les explications
et la dictée du cours.
A ces formes de violence des enseignants on peut
ajouter :
- Les injures et les insultes
Pour des raisons diverses. Nous notons des injures comme
Chenapan, ordure, fainéant (NEP, M. Wilson). Les
élèves de 3ème se plaignent du fait que rater
un exercice au tableau constitue souvent un motif d'injures pour le professeur.
« Il y'a des enseignants, dès que tu fais une erreur au
tableau, il va insulter toute ta famille » (NOE,
17 /11/2016).
- Le dénigrement
Le dénigrement consiste à exposer les limites
d'un élève devant ses camarades. On peut exprimer ses
incompétences scolaires ou ses limites physiques en le traitant par
exemple de faible, ou avec des expressions comme :
« s'il était au moins beau ! » (Mme
Rita)
- Les punitions humiliantes
et/ou entraînant une souffrance
physique
Nous avons pu noter des punitions telles que : se coucher
à plat ventre au sol, s'enrouler au sol, demander à une fille de
lever les pieds, se mettre à genoux, se déplacer avec les genoux,
etc.
- Les punitions pendant des heures ou toute la
journée
Nous avons pu constater que les Surveillants punissent des
élèves pendant des heures entières, parfois sous le soleil
et en leur faisant rater des leçons importantes. La punition n'a plus
son caractère éducatif, elle devient une torture pour
l'élève qui, la trouvant peut-être juste au départ,
va se révolter.
- L'indifférence pour certains
élèves et le favoritisme
Les élèves se plaignent du fait que les
enseignants négligent certains et préfèrent travailler
avec d'autres, à cause de la situation aisée de leurs parents ou
de leur appartenance ethnique ou religieuse, ou parce qu'ils achètent le
fascicule de l'enseignant ou encore parce qu'ils font partie de son groupe de
répétition. Ils obtiennent des faveurs de la part des enseignants
ou du corps administratif, frustrant ainsi les autres. Parfois l'enseignant a
une préférence pour les élèves forts qui
ne lui donnent pas l'impression de perdre son temps. M. Guy l'exprime pendant
un de ses cours : « Je vais travailler avec ceux qui veulent
faire l'école, même si vous êtes 10. D'ailleurs vous
êtes trop nombreux » (NOC, 11/10/2016)
- La soustraction des points
Mme Rita déplore cette pratique qu'ont certains de ses
collègues car elle estime que le Règlement Intérieur
prévoit tout genre de punition pour chaque cas. Il nous est
arrivé de voir un professeur donner la note de 00/20 à un
élève qui avait 17/20 parce qu'il estimait qu'elle n'avait pas
mis assez de temps à la Surveillance Générale pour
l'exécution de sa corvée, seul un rappel à l'ordre du
Censeur l'a fait revenir sur sa décision. (NOE, 24/10/2016)
- Le harcèlement sexuel
Il est courant au lycée de Tigaza qu'aussi bien les
enseignants que les membres de l'administration harcèlent les
élèves. Les élèves tout comme les enseignants
évoquent cela dans les entretiens, mais aucune dénonciation n'est
faite. Cependant, il en ressort que les élèves victime de ce
harcèlement souffrent en silence et subissent toute sortes de pressions
à travers des punitions et des mauvaises notes jusqu'à ce
qu'elles cèdent. Au cas où ils fréquentent un
élève garçon, celui-ci devient le souffre-douleur du
professeur ou du Surveillant qui le punit à tous les coups.
- Refuser de donner le billet de sortie à un
élève malade
Les élèves se plaignent du fait que les
Surveillants refusent de leur donner des autorisations de sortie lorsqu'ils ne
se sentent pas et les soupçonnent de feindre la maladie. Cela est pour
eux une forme de violence psychologique.
- Imposer des cours de rattrapage aux
élèves
Généralement, les enseignants aiment exploiter
les heures libres des classes pour faire leur cours et ce, sans aviser les
élèves. D'autres encore, sans s'enquérir de l'opinion des
élèves programment les cours le samedi, jour où les
enfants sont censés aider les parents et faire leurs devoirs pour
apprêter la semaine à venir.
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