4.2.1.1.2- Les violences psychologiques
Les violences psychologiques ou
morales ou encore mentales, voire
émotionnelles, se manifestent en général
par des paroles ou des actes pouvant influencer l'autre dans ses sentiments
d'être aimé ou détesté.
Parmi les violences psychologiques évoquées nous
avons :
Ø La menace »
Ø Les abus sexuels
Ø Les injures
Ø Les insultes
Ø Le mépris
Ø Les noms et qualificatifs péjoratifs
Ø Les moqueries
Ø Les mots choquants
Ø Le vol
Ø Le mensonge
Lors de notre enquête nous avons remarqué que les
élèves excellent dans ce type de violence, certes
mentionné dans le Règlement Intérieur, mais rarement
sanctionné car difficile à identifier et les victimes s'en
plaignent rarement, ce qui accentue encore leur mal-être.
La menace est, selon le Larousse, une
parole ou un comportement par lesquels on indique à
quelqu'un qu'on a l'intention de lui nuire, de lui faire du mal, de le
contraindre à agir contre son gré. Les
élèves subissent des menaces de la part de leurs
camarades pour des raisons diverses et régulièrement, il s'agit
des menaces liées aux règlements de compte hors de
l'établissement, menaces de bastonnades et bien d'autres choses. Pour
eux, c'est une forme d'intimidation visant à faire peur à
l'autre.
Les abus sexuels sont de plus en plus
récurrents entre camarades. Il s'agit ici d'utiliser la menace, la
violence ou la pression psychique pour faire subir à la victime
« un acte analogue à l'acte sexuel, ou un acte d'ordre
sexuel. » Zermatten (2010). Ces abus sont difficilement
repérables à cause de la honte que ressent la victime ainsi que
le sentiment de culpabilité qui la pousse à se taire. Parfois,
l'absence de preuve ou de témoin est une cause du silence.
Les injures sont des paroles qui blessent
d'une manière grave et consciente tandis que les
insultes sont des paroles ou des actes qui offensent, qui
blessent la dignité. Ceux qui les évoquent n'y voient
généralement aucune différence. Cependant il est question
ici de paroles proférées par les élèves à
l'endroit de leurs camarades et qui porte atteinte à leur psychique.
Ces derniers sont souvent associés à l'attribution des
noms et qualificatifs péjoratifs que Mme Rita cite tels
que : « Kirikou », « laid »,
« regarde-moi le laid garçon là ». Elle
souligne aussi que pour qualifier leurs camarades filles qui sont assez
corpulentes, les élèves utilisent des expressions tels que
« vroom, vroom, vroom, vroom » ou
« Caterpillar ». (NEP, 12/10/2016),
« bouboul » (NOE, 14/11/2016) d'autres insultes tels que
« canard », « espèce de ver de terre»
(NOE, 16/11/2016), et beaucoup d'autres encore sont utilisés. Dans cette
catégorie, on peut classer ce que les élèves et les
enseignants qualifient de mots choquants.
Les moqueries constituent aussi une forme de
violence très présente dans la classe, surtout pendant les cours.
Elles se manifestent aussi par l'attribution des noms et qualificatifs
péjoratifs, mais revêtent plusieurs autres formes. En
effet, les élèves aiment bien se moquer de leurs camarades qui
donnent des mauvaises réponses aux questions des professeurs, qui sont
blâmés par les professeurs ou qui ont des mauvaises notes.. les
élèves de troisième s'expriment là-dessus :
Elève : quand quelqu'un part au tableau
et qu'il rate ce qu'il devait faire, on se moque de lui.
Un autre : ...Tu pars au tableau, tu trembles
seul...
Lors de l'observation des cours, nous avons remarqué
que c'est une façon pour les élèves de se défouler
et de rendre le cours vivant, puisque les autres en rient. Cela réveille
ceux qui dormaient ou s'ennuyaient, bien qu'il y'ait une atteinte à
l'intégrité psychique de leurs camarades.
Un autre aspect qui affecte sérieusement les
élèves sur le plan psychologique est le vol.
C'est le fait de prendre, s'approprier quelque chose qui est le bien
d'autrui par la ruse ou par la force. Il a des conséquences sur le plan
financier, matériel, psychique et émotionnel.
Séquence 5 :
Vendredi, 14 octobre 2016, à 18h30, alors que le
proviseur s'apprête à rentrer et qu'il prend congé de nous,
une élève de 2nde arrive, accompagnée de sa
mère. Son sac de classe a été volé en
matinée après le cours d'EPS alors qu'elle se changeait au
couloir. Sa camarade déclare avoir vu un garçon prendre son sac.
Elle ne l'a pas identifié. Sa mère est éplorée. Sa
fille a passé toute la journée sans faire cours. (NOE, 14
octobre 2016)
Plus tard, nous saurons que la fille en question est orpheline
et que sa mère a demandé un moratoire pour le paiement de ses
frais de scolarité. Elle a un bébé que sa mère
garde et vend les croquettes en classe pour pouvoir lui acheter du lait.
L'argent et les croquettes ont été volés en même
temps que le sac. (NOE, 17/10/2016)
Séquence 6 :
Une élève de 3ème :
Madame, je suis venue me plaindre. On a volé mes lunettes en classe.
Censeur :Que s'est-il
passé ?
Elève : J'ai
laissé mon sac dehors pendant qu'on composait. On a mis certains
élèves dehors parce qu'ils n'assistaient pas souvent au cours et
ils rôdaient là au niveau de la véranda. Je suis
rentrée à la maison après l'épreuve et j'ai
découvert que la pochette qui contenait mon argent et mes lunettes
n'était plus là. (NOE, 16/11/2016).
Le lendemain (17/11/2016), dans un entretien que nous classons
dans les Notes d'Observations, elle nous confie : « Je me
sens vraiment mal, je n'ai même pas pu dormir ». Elle
ajoute que ses camarades ont aussi été victimes de vol. Ce
phénomène de vol ne concerne pas seulement ces classes, en effet
les effets personnels des élèves sont régulièrement
volés soit pendant les cours d'EPS soit pendant les évaluations,
lorsque tous sont concentrés et que les sacs sont dehors, soit encore
par les camarades de classes qui profitent de la distraction de leurs camarades
pour dérober des choses à leur insu.
Ces séquences montrent quelles peuvent
être les conséquences dévastatrices du vol sur les
élèves et même sur les parents d'autant plus qu'il est
difficile d'établir qui en est le coupable.
|