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La violence en milieu scolaire: cas du lycée de tigaza


par Estelle FOUDA MENYENG
Institut Universitaire Catholique de Bertoua - Master 2 2016
  

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2.1.3.1- Les violences basées sur le genre en milieu scolaire

Dans le Rapport final sur les violences de genre en milieu scolaire, Halim Banabdallah (2010) met en jeu la dimension sociale des rapports entre femme et homme en présentant les violences faites aux femmes et en particulier aux élèves filles en milieu scolaire. Il différencie entre trois types de violences :

- Les violences sexuelles :

Elles sont constituées d'une part par des abus sexuel avec harcèlement verbal ou physique à connotation sexuelles, des attouchements, des agressions sexuelles, des viols. D'autre part il présente l'exploitation sexuelle traduite par des relations transactionnelles qui passent par les notes ou le financement des études. Selon ce rapport, 30% de ces violences sexuelles subies par les filles au Cameroun seraient exercées par leurs camarades garçons et en République Centrafricaine, les enseignants sont les principaux auteurs d'abus sexuel.

- Les violences physiques :

Elles se traduisent par des châtiments corporels, des travaux forcés et des coups divers. Il définit la violence physique comme « tout acte dans lequel la force physique est employée avec l'intention d'un inconfort ou d'une douleur. Elle comporte aussi l'usage de la force physique ou verbale afin d'engager un individu dans des actions causant des blessures physiques. » (10) Benabdallah évoque les causes systémiques ainsi que les insuffisances de la formation pédagogique qui fait que les enseignants ne connaissent pas les formes non violente des punitions et perpétuent en même temps des représentations sexuées inéquitables.

- Les violences psychologiques :

Celles-ci, considérées comme norme pour le personnel scolaire, se manifestent par la violence verbale (insultes), l'intimidation (menaces), la manipulation émotionnelle (refus de corriger les devoirs des élèves, répression des émotions des élèves), les humiliations publiques. Entre élèves il note les brimades, le vol ou la dégradation des biens personnels. Au plan institutionnel, il souligne la représentation sexuée des programmes scolaires, l'intimidation sous couvert de discipline.

Benabdallah fait également état de ce que toutes ces violences sont exercées dans l'école, principalement dans les toilettes, les salles de classe vides et les dortoirs ainsi que sur le chemin de l'école.

Tout en notant la difficulté à chiffrer l'impact de la violence basée sur le genre, Benabdallah relève au plan sanitaire :

- les troubles alimentaires,

- les tendances dépressives et suicidaires,

- les grossesses précoces et non désirées compromettant la formation, la réussite et la rétention scolaire,

- les Infections Sexuellement Transmissibles et le VIH/SIDA.

Au plan éducatif, il note :

- la peur,

- la haine de l'école,

- la peur de sortir dans la cour de l'école ou de fréquenter la bibliothèque ou la salle informatique,

- la faible estime de soi et le stress qui affectent la qualité du travail scolaire conduisant à l'échec et à l'abandon scolaire.

En outre, les violences subies par les élèves poussent les parents à être réticents vis-à-vis de la scolarisation de leurs filles. Scolarisation qui n'atteint pas les 50% particulièrement au Cameroun où une étude a été menée par Mbassa Menick (2002) dans 10 établissements secondaires publics et privés de la ville de Yaoundé en 1999. Partant de l'hypothèse que les élèves sont de plus en plus victimes d'attentats sexuels en milieu scolaire, généralement perpétrés par leurs enseignants et/ou leurs camarades de classe et d'établissement l'auteur a montré que sur 1688 élèves interrogés, 269 élèves soit environs 15,9 % ont été victimes d'abus sexuel avant l'âge de 16 ans parmi lesquels 27,5 % de garçons et 72,5 % de filles. 15 % des cas d'abus sexuel s'était produit dans un environnement scolaire et 30 % environ étaient perpétrés par des camarades de classe. Les enseignants représentaient 7,9 % des agresseurs extra-familiaux et les répétiteurs de cours, 7,3 %.

Hallim Benabdallah donne une lueur d'espoir en présentant des instruments juridiques internationaux et nationaux, la législation de protection des enfants, les initiatives et programmes majeurs internationaux et nationaux sur les violences de genre en milieu scolaires dont l'efficacité est freinée par des obstacles culturels et institutionnels tel que le silence des victimes, le sentiment d'impunité aggravé par la pénurie d'enseignants que l'on veut, malgré leur moralité pervertie, retenir faute de mieux. L'auteur fait donc un plaidoyer en direction des décideurs politiques et des bailleurs internationaux pour un échange de bonnes pratiques entre Europe et Afrique et la coordination de tous les acteurs de la communauté éducative des différentes écoles.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore