2.1.3.1- Les violences
basées sur le genre en milieu scolaire
Dans le Rapport final sur les violences de genre en milieu
scolaire, Halim Banabdallah (2010) met en jeu la dimension sociale des
rapports entre femme et homme en présentant les violences faites aux
femmes et en particulier aux élèves filles en milieu scolaire. Il
différencie entre trois types de violences :
- Les violences sexuelles :
Elles sont constituées d'une part par des abus sexuel
avec harcèlement verbal ou physique à connotation sexuelles, des
attouchements, des agressions sexuelles, des viols. D'autre part il
présente l'exploitation sexuelle traduite par des relations
transactionnelles qui passent par les notes ou le financement des
études. Selon ce rapport, 30% de ces violences sexuelles subies par les
filles au Cameroun seraient exercées par leurs camarades garçons
et en République Centrafricaine, les enseignants sont les principaux
auteurs d'abus sexuel.
- Les violences physiques :
Elles se traduisent par des châtiments corporels, des
travaux forcés et des coups divers. Il définit la violence
physique comme « tout acte dans lequel la force physique est
employée avec l'intention d'un inconfort ou d'une douleur. Elle comporte
aussi l'usage de la force physique ou verbale afin d'engager un individu dans
des actions causant des blessures physiques. » (10) Benabdallah
évoque les causes systémiques ainsi que les insuffisances de la
formation pédagogique qui fait que les enseignants ne connaissent pas
les formes non violente des punitions et perpétuent en même temps
des représentations sexuées inéquitables.
- Les violences psychologiques :
Celles-ci, considérées comme norme pour le
personnel scolaire, se manifestent par la violence verbale (insultes),
l'intimidation (menaces), la manipulation émotionnelle (refus de
corriger les devoirs des élèves, répression des
émotions des élèves), les humiliations publiques. Entre
élèves il note les brimades, le vol ou la dégradation des
biens personnels. Au plan institutionnel, il souligne la représentation
sexuée des programmes scolaires, l'intimidation sous couvert de
discipline.
Benabdallah fait également état de ce que toutes
ces violences sont exercées dans l'école, principalement dans
les toilettes, les salles de classe vides et les dortoirs ainsi que sur
le chemin de l'école.
Tout en notant la difficulté à chiffrer l'impact
de la violence basée sur le genre, Benabdallah relève au plan
sanitaire :
- les troubles alimentaires,
- les tendances dépressives et suicidaires,
- les grossesses précoces et non désirées
compromettant la formation, la réussite et la rétention
scolaire,
- les Infections Sexuellement Transmissibles et le VIH/SIDA.
Au plan éducatif, il note :
- la peur,
- la haine de l'école,
- la peur de sortir dans la cour de l'école ou de
fréquenter la bibliothèque ou la salle informatique,
- la faible estime de soi et le stress qui affectent la
qualité du travail scolaire conduisant à l'échec et
à l'abandon scolaire.
En outre, les violences subies par les élèves
poussent les parents à être réticents vis-à-vis de
la scolarisation de leurs filles. Scolarisation qui n'atteint pas les 50%
particulièrement au Cameroun où une étude a
été menée par Mbassa Menick (2002) dans 10
établissements secondaires publics et privés de la ville de
Yaoundé en 1999. Partant de l'hypothèse que les
élèves sont de plus en plus victimes d'attentats sexuels en
milieu scolaire, généralement perpétrés par leurs
enseignants et/ou leurs camarades de classe et d'établissement l'auteur
a montré que sur 1688 élèves interrogés, 269
élèves soit environs 15,9 % ont été victimes d'abus
sexuel avant l'âge de 16 ans parmi lesquels 27,5 % de garçons et
72,5 % de filles. 15 % des cas d'abus sexuel s'était produit dans un
environnement scolaire et 30 % environ étaient perpétrés
par des camarades de classe. Les enseignants représentaient 7,9 % des
agresseurs extra-familiaux et les répétiteurs de cours, 7,3 %.
Hallim Benabdallah donne une lueur d'espoir en
présentant des instruments juridiques internationaux et nationaux, la
législation de protection des enfants, les initiatives et programmes
majeurs internationaux et nationaux sur les violences de genre en milieu
scolaires dont l'efficacité est freinée par des obstacles
culturels et institutionnels tel que le silence des victimes, le sentiment
d'impunité aggravé par la pénurie d'enseignants que l'on
veut, malgré leur moralité pervertie, retenir faute de mieux.
L'auteur fait donc un plaidoyer en direction des décideurs politiques et
des bailleurs internationaux pour un échange de bonnes pratiques entre
Europe et Afrique et la coordination de tous les acteurs de la
communauté éducative des différentes écoles.
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