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La violence en milieu scolaire: cas du lycée de tigaza


par Estelle FOUDA MENYENG
Institut Universitaire Catholique de Bertoua - Master 2 2016
  

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2.1.3- Les travaux sur les types de violence à l'école

François Dubet (1998) dans un article intitulé Les figures de la violence à l'école décrie le « succès » médiatique que connaît subitement le thème de la violence scolaire qui, des années auparavant n'était abordé qu'en des termes voilés tels que : élèves « difficiles », problèmes sociaux, désintérêt scolaire, violence des enseignants. Il s'insurge également contre la tendance à mélanger dans le même concept des conduites qui, selon lui, sont « hétérogènes » et « relèvent de logiques différentes » (vol, agressions contre les enseignants, bagarres entre élèves, désordre, inattention scolaire, relations tendues avec les parents, etc). Il se propose donc de distinguer les types de violence ainsi que les mécanismes qui les engendrent tout en affirmant que le thème de la violence scolaire pose le problème de la vocation et de la nature même de l'école qui n'est pas seulement destinée « à un service de formation et de qualification», mais doit conduire « vers une réflexion sur l'éducation et la civilité » ( 36)

Après une enquête personnelle, il se rend compte que ce qui est perçu comme de la violence dépend de l'expérience professionnelle de l'enseignant et de la stigmatisation des établissements dits « à problème » à cause de leur proximité avec certains quartiers. La perception de la violence dépendrait aussi de la fragilité et du manque d'assurance sociale de celui qui se sent en insécurité. Il en déduit que « la violence est une catégorie générale désignant un ensemble de phénomènes hétérogènes, un ensemble de signes des difficultés de l'école, parmi lesquelles les conduites violentes proprement dites ne sont qu'un sous-ensemble. » Vols, agressions, injures, menaces et toutes les conséquences liées à la vie scolaire et à l'environnement social des apprenants peuvent ainsi s'ajouter à ce qu'on va nommer violence scolaire mais qui n'inclut pas tout ce qui touche les élèves même hors de l'école.

Dubet pointe aussi un doit accusateur sur l'idéologie politique, notamment celle de la gauche qui, avec l'accent mis sur la sécurité, a entraîné une autre perception de la violence. Il ainsi distingue trois (03) types de violences :

· La déviance tolérée :

Elle peut être contrôlée sans pour autant être éradiquée. Elle s'exprime dans les limites fixées par la société pour la transgression de certaines normes à travers des carnavals, fêtes diverses, charivari, chahuts initiatiques et même pour certains sports tel le Rugby ainsi que dans les casernes. A l'école, le bizutage, les espaces de déviance aménagés, les vols de trousse étaient tolérés et contrôlés. Ceci faisait partie de la formation et nécessitait un consensus pour que tous comprennent les codes, ce qui malheureusement n'est plus le cas aujourd'hui. L'auteur déplore la disparition de cette complicité entre enseignants et apprenants du fait des écarts culturels et sociaux qui se sont creusés. Cette cécité culturelle dramatise les situations les plus anodines et renforce le sentiment d'insécurité à travers une discipline rigoureuse qui provoque des réactions violentes.

· La violence sociale :

Elle se manifeste dans un premier temps par le chômage, la précarité, la pauvreté relative, la recherche d'une identification ethnique et territoriale pour les jeunes immigrés, la dégradation de l'image des parents qui renforcent la délinquance juvénile, et l'entré à l'école des vices du quartier tel que le racket, le vol et la violence. Dans un second temps, la massification scolaire et le prolongement jusqu'à 18 ans donnent le sentiment que les problèmes sociaux envahissent l'école qui n'est plus un « sanctuaire », un hâvre de paix. Enfin, l'école perd de sa crédibilité car n'assure pas l'intégration sociale, assertion que l'auteur réfute tout en affirmant que croire en l'école n'éloigne pas la peur qu'ont les parents des enseignants leur brandissant sans cesse leur incompétence.

· Les violences anti-scolaires

Ces violences sont générées par l'école elle-même. Sans s'attarder sur le thème de la violence symbolique, l'auteur pense qu'il faille démonter le mécanisme structurel qui renforce les inégalités et remet en question les valeurs individuelles à travers des jugements infamants. Les élèves répondent à cette forme de violence et de mépris en agressant le professeur. Ils trouvent leur violence « légitime » car elle leur permet de défendre « l'honneur du groupe »p.41 C'est en effet, la « révolte dépendante contre un appareil et des acteurs qui intègrent pour mieux exclure » et même si les enseignants sont d'accord avec eux, ils n'osent pas l'exhiber par solidarité de corps.

Dans la même optique, Carra et Faggianelli (2003) passent en revue les recherches faites en ce qui concerne la violence scolaire pour en ressortir les grandes tendances actuelles au plan international en sociologie, rendre compte des principaux éléments qui ont contribué à la structuration du champ et en dégager les implications. Les auteures partent du constat que les procédures de gestion de la violence sont du ressort de la police et de la justice et les faits relatifs à la violence scolaire sont faibles car les statistiques institutionnelles sont récentes et manquent de régularité. En outre, les données auto-déclarées recueillies grâce aux questionnaires ainsi que l'enquête de victimation rendent mieux compte de la relativité de la notion de la violence et permettent de mesurer l'ampleur du phénomène tout en dégageant les profils des victimes et des auteurs. Partant des études de Janosz et al.(2002) et de Débardieux (2000), Carra et Faggianelli montrent que la perception est plus catastrophique que les faits auto-déclarés et c'est la multiplicité et la répétition de micro-agressions qui nourrit le sentiment d'insécurité. Elles en déduisent que limiter la violence scolaire aux crimes et délits réduirait l'ampleur du phénomène. Ainsi les grandes catégories avec lesquels la violence est appréhendée sont :

· Le comportement anti-social ou anti-social behaviour :

Il « désigne des actes dont le caractère illicite n'est pas avéré mais qui contribue à déstabiliser la communauté de voisinage ou à perturber le climat scolaire ». En effet, Une personne antisociale est indifférente, délibérément ou involontairement, aux normes de la société. Ce type de comportement peut se manifester par l' agressivité, la violence, le non-respect des droits d'autrui, l'égocentrisme, les comportements irresponsables et l'absence de culpabilité. Carra et Faggianelli recommandent de repérer ces comportements ainsi que leurs auteurs afin de prévenir une « contagion ».

· Les incivilités :

Les auteures les définissent comme « les menus désordres sociaux qui minent la cité » au quotidien et qui se caractérisent par les paroles blessantes, les humiliations, le racisme, le manque de respect, l'indifférence aux cours, les comportements perturbant l'ordre scolaire dont la répétition crée un climat d'insécurité au sein de l'école. Cependant, la perception de l'incivilité est purement subjective et dépend du contexte socioculturel et situationnel. Elle peut aussi être « la forme de base des rapports de classe exprimant un amour déçu pour une école qui ne peut tenir les promesses égalitaire d'insertion » comme le pense Débardieux (2000, 404 cité par Carra et Faggianelli)

· Le school bullying :

Il désigne les brimades répétées ou le harcèlement entre pairs et peut se traduire par la moquerie, les insultes, les menaces, la bastonnade, la bousculade, l'enferment dans une pièce, les messages méchants et injurieux (Smith, Sharp, 1994). Les conséquences pour les victimes vont du décrochage scolaire au suicide, en passant par l'anxiété et les troubles psychiques et pour les bullies, dont le but est de conserver leur statut de dominant, c'est la voie facile pour une vie de déviances comme le montrent les recherches de Smith, Sharp (1994) et Cullingford, Morrison (1995, 1997).

· Les violences avec armes ou School shooters :

Cette violence qui use d'armes à feu reste, selon Carra et Faggianelli, typiquement américaine. Le taux élevé d'homicide des adolescents aux Etats-unis au fil des années a conduit au financement des recherches en vue de lutter contre ce fléau. Carra et Faggianelli concluent que les chercheurs préfèrent se limiter aux déviances liées à l'ordre scolaire dans sa quotidienneté et expliquent la violence du point de vue des acteurs et en se fondant sur les tendances en rapport avec la tradition scientifique des pays et la demande sociale.

Benoît Galand (2001) dans sa thèse intitulée Nature et déterminants des phénomènes de violences en milieu scolaire/Nature and factors of violence in schools décide d'aborder le phénomène de la violence du point de vue psychologique afin de voir quelles étaient les méthodes pouvant aider dans la prévention et l'intervention dans l'enseignement secondaire belge francophone. Après avoir passé en revue les approches sociologiques, psychologiques et contextuelles de la violence qu'il trouve soit peu élaborées, soit très spécialisées, il opte pour une double approche articulant influences contextuelles, réactions cognitivo-affectives et comportements, en tenant compte des caractéristiques socio-démographiques des sujets et qui lui permet de mieux comprendre la violence scolaire. Il part de l'hypothèse que la perception de la violence d'un évènement dépend du contexte organisationnel et qu'à l'école c'est la chronicité et non l'intensité d'un évènement qui crée problème. Ne voulant pas se focaliser sur le harcèlement entre pairs et la délinquance qui sont les plus médiatisés, il veut évaluer quantitativement le problème de la violence scolaire tant du point de vue des élèves que des enseignants en y apportant des solutions. Il procède à des entretiens, à une enquête de victimisation et consulte des études de la Communauté française pour rechercher la démotivation et le désengagement des élèves face à l'école, les relations intergroupes en milieu scolaire ainsi que l'agression interpersonnelle et l'indiscipline à l'école.

Son enquête de victimisation dans l'enseignement secondaire auprès de 5000 élèves environ et 1500 membres de l'équipe éducative provenant d'à peu près 40 établissements démontre qu'adultes et élèves n'ont pas la même définition de la violence. Pour les enseignants les manifestations de la violence scolaire sont :

· les écarts de langage,

· la violation des règles établies,

· le désintérêt pour l'école,

· l'absentéisme.

De leur côté, les élèves classent parmi les actes de violence scolaire :

· la discrimination,

· la distance et la rigidité des enseignants,

· les disputes entre élèves,

· les conflits liés au prestige social

· les moqueries.

Cependant, l'école n'apparaît pas comme un lieu totalement insécurisé et les élèves affirment même s'y sentir mieux. Galand en déduit que la violence scolaire est liée à la socialisation normale des adolescents.

A l'aide d'une enquête sur le vécu scolaire des élèves, leurs motivations, leurs croyances et attitudes portant sur 1250 élèves de 10 écoles de Bruxelles et Charleroi, Galand démontre que la violence scolaire n'est pas omniprésente à l'école. C'est le manque de motivation, la tension permanente entre élèves et enseignants et entre élèves qui crée un climat de violence.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984