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La violence en milieu scolaire: cas du lycée de tigaza


par Estelle FOUDA MENYENG
Institut Universitaire Catholique de Bertoua - Master 2 2016
  

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2.1.2- Le rôle de la sanction à l'école

Pierre François Edongo Ntede (2010), abondant dans un sens pratiquement opposé aux auteurs précédents, remet en question la démocratisation de l'école et le laisser faire, le laisser aller, le laisser être qu'elle entraîne pour mettre en lumière la valeur réparatrice des sanctions négatives. Il utilise l'approche anthropologique basée sur l'observation participante et des entretiens approfondis pour analyser les rapports qu'ont les enfants avec l'école. Selon lui, la punition occultée par les instructions officielles apparaît comme le versant le moins noble du rôle de l'enseignant qui doit se contenter de transmettre les savoirs. La conduite et l'organisation de la vie quotidienne de l'apprenant sont ainsi reléguées au second plan. Il pense cependant que l'élève a besoin de connaître les règles imposées par le groupe social en ce qui concerne les récompenses et les punitions ainsi que les limites à ne pas franchir. Ceci est d'autant plus important pour l'action éducative que Mbondji Edjenguele, en préfaçant l'oeuvre de Edongo Ntede affirme que « Si le système éducatif ne punit pas ou punit mal, il se punit lui-même et par effet d'entraînement, il punit la société qui opposera la violence à la violence.» p.11

Pour Edongo Ntede, les jeunes, avec le modèle occidental qui s'impose à eux et à leurs parents, sont en manque de repères. Leur violence est le signe du déséquilibre dû à cette éducation permissive qui s'alimente de la démocratie, des droits de l'enfant, de l'interdiction d'interdire (Mbondji Edjenguele, dans la préface de l'oeuvre de Edongo Ntede, 2010) et rend les questions d'autorité taboues. L'auteur cherche alors à déconstruire les préjugés sur les sanctions à l'école en partant d'un objectif général : voir si les punitions en vigueur dans le système éducatif ont une valeur éducative. Pour y arriver, il veut prouver qu'une punition adéquate permet d'acquérir des valeurs nécessaires à l'intégration dans le groupe social et que l'abolition de celle-ci conduit à la montée de l'indiscipline. Il est donc primordial, de son avis, de connaître l'origine des personnes à éduquer afin d'adapter les punitions à chacun. Il s'inspire de la culture du peuple Béti pour mettre en exergue les bases de sa pédagogie coutumière ainsi que les valeurs de son système pédagogique afin de démontrer que toute éducation est en rapport avec la culture.

Passant au crible le contexte social camerounais ainsi que les opinions diverses sur les sanctions, il fait le constat que le règlement intérieur dans les écoles est conçu de façon arbitraire car les obligations, formulées par les enseignants, ne concernent que les élèves. Il fait ensuite la distinction entre les punitions qui sont décidées en réponse immédiate par les personnels de l'établissement (professeurs, personnel administratif) et les sanctions disciplinaires qui relèvent du chef d'établissement ou du conseil de discipline (141). En effet, la punition sert à réparer les dommages causés à un tiers afin d'obtenir son pardon tandis que la sanction « permet à l'enfant de se confronter à la réalité grâce au lien entre son acte et les conséquences qui en découlent. »(142) Edongo Ntede pense que la sanction éducative ou positive doit amener l'enfant à assumer sa responsabilité vis-à-vis d'autrui, du groupe et de lui-même et à s'engager à mieux se comporter.

Il définit ensuite l'éducation comme « le devoir moral de léguer aux autres et à la postérité, soit quelque chose de nouveau, soit une valeur culturelle que nous avons nous-mêmes reçue des générations précédentes. »(146) en distinguant éducation coutumière ou traditionnelle qui véhicule l'histoire et la morale d'un groupe social et éducation moderne ou institutionnelle qui se doit de bâtir la personnalité des apprenants, mais qui, comme le remarque l'auteur, se limite à l'intellect en délaissant la formation morale, sociale, civique et religieuse qui passe aussi par des sanctions éducatives. Celles-ci doivent être, selon lui, proportionnelles à la faute commise, justifiées, acceptées de celui qui est sanctionné et réparatrices.

L'auteur dresse ensuite un panorama des formes de violences éducatives au Cameroun et qui ne sont pas seulement perpétrées à l'école, mais aussi à la maison. Ces violences éducatives sont :

· Les châtiments corporels : ici il s'agit surtout de la bastonnade à l'école et à la maison,

· La brimade non seulement par les pairs mais aussi par les adultes à travers le travail des enfants et la soumission,

· Les rites  que Mbala Owono (1990) définit comme « des écoles de jurisprudence, d'intégration des jeunes et de réintégration des adultes défaillants, mais encore comme des institutions socio-religieuses dont s'est dotée la société traditionnelle pour sa sauvegarde et son développement harmonieux, fondement de toute éducation. » Les rites marquent aussi les passages d'un cycle scolaire à un autre ou l'entrée dans une école (cas du bizutage)

· Les violences psychologiques parmi lesquelles, les traumatismes, les frustrations, le nom, sa désignation et sa fonction, la violence symbolique et subjective.

Pour l'auteur, les médias et les jeux importés constituent le plus grand marché de la violence et conclut que la punition est nécessaire à l'action éducative, car prévient des récidives, mais elle doit s'adapter au contexte social et culturel des personnes à éduquer pour atteindre ses objectifs. La famille doit être appuyée par l'école où les enseignants doivent privilégier la communication relationnelle et pratiquer une pédagogie de l'implication.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld