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Gestion du burnout par le personnel soignant du pavillon Lagarde de l'HCV.


par Lionel Bonga
Rosière supérieur - Diplôme d'état infirmier 2017
  

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INTRODUCTION

Un des besoins fondamentaux de l'Homme selon Virginia HENDERSON est celui de s'occuper en vue de se réaliser. La profession infirmière est un exemple d'occupation parmi tant d'autres. Au cours de l'expérience professionnelle, les infirmiers sont soumis à des contraintes liées à l'environnement de travail et pouvant influencées sur leur état de santé. Ils sont conscients de leurs responsabilités vis-à-vis de la profession mais oublient quelques fois les risques auxquels ils s'exposent. Un des problèmes de santé le plus rencontré chez ces derniers est l'épuisement professionnel. C'est en effet un fait réel, en rapport avec une organisation de travail inappropriée. Et lorsque des mesures de sécurité au travail ne s'avèrent pas adéquat, les soignants sont abandonnés à eux même et n'ont plus que recours à leurs propres mécanismes de défense.

Selon l'Organisation Internationale du Travail (2009), environ 2,3 millions de personnes meurent chaque année dans le monde du travail : environ 360.000 meurent d'accidents à proprement parler et environ 1,95 million meurent de maladies professionnelles incurables. Pour connaitre et comprendre comment les soignants s'y prennent pour résoudre le problème d'épuisement professionnel, nous avons mené une recherche sur la « gestion du Burnout par le personnel soignant du pavillon Lagarde de l'HCY ».

Pour mieux aborder le sujet, nous avons scindé ce mémoire en quatre grands chapitres succincts à savoir :

Ø Problématique ;

Ø Méthodologie ;

Ø Présentation des résultats ;

Ø Synthèse et discussion.

CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE

I.1. Contexte du problème.

Le personnel soignant confronté à des exigences professionnelles croissantes, ne concordant plus avec le temps de travail accordé et les ressources qui lui sont propre, finit par ressentir un grand épuisement physique, psychologique et émotionnel ; il s'agit du Burn-out.

Selon Herbert Freudenberger (1974), le Burn-out ou épuisement professionnel est une perte de motivation d'une personne pour son travail, surtout quand sa forte implication n'a pas produit de résultats escomptés. Généralement, on distingue chez les personnes concernées, des troubles de sommeil important, une fatigue chronique, des attitudes négatives ou encore un recours au cynisme ; notons que cette affection se développe à l'égard de toutes psychopathologies.

D'après Richelson et al (1980), le Burn-out est un état de fatigue chronique, de dépression et de frustration apporté par la dévotion à une cause, un mode de vie, ou une relation, qui échoue à produire les récompenses attendues et conduit en fin de compte à diminuer l'implication et l'accomplissement du travail.

D'autres auteurs à savoir Christina Maslach et Susan Jackson (1976), définissent ce concept comme étant un syndrome d'épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de réduction de l'accomplissement personnel qui apparait chez les individus impliqués professionnellement auprès d'autrui. Les trois dimensions soulignées dans cette définition renvoient respectivement à un manque d'énergie, soit une sensation d'être « vidé », au développement d'attitudes impersonnelles, détachées, négatives et cyniques envers autrui, et à une dévalorisation de son travail, de ses compétences, une diminution de l'estime de soi. Son implication est d'autant plus remarquable au niveau de la vie privée de l'individu affecté car il engendre par exemple des divorces au sein des couples ou encore un isolement de son entourage. Au niveau du travail, l'épuisement professionnel de la personne impliquée, contribue à augmenter l'insatisfaction au travail et à diminuer l'engagement ; ce qui occasionne par conséquent des abandons de services ou des démissions d'emplois par certains. Selon Yeor Etzion (2001), l'état de suicide est une forme caractéristique extrême, observée chez la plupart des sujets concernés. On note par ailleurs, la détérioration des relations interprofessionnelles ne permettant plus une collaboration adéquate pour le bien-être des populations, on note surtout la détérioration de la relation soignant- soigné où le soignant n'éprouve plus d'empathie pour la santé de son patient, répond moins à ses questions, ne discute même pas des différentes options de son traitement, ou encore commet des erreurs diagnostiques ou thérapeutiques pouvant faire croire à un manque de connaissances ou d'expériences.

Autant d'auteurs ont apporté leur part dans la littérature du Burn-out au fil du temps ; l'affection telle décrite par certains, présente des caractéristiques variées et vu les dommages qu'il peut engendrer au professionnel de santé, il est important d'en démontrer et d'en évaluer l'importance ; pour se faire, nous allons nous attarder dans les lignes qui suivent sur quelques données statistiques recensées à travers le monde.

En Amérique, plus précisément au Canada, une première étude fait par Bourbonnais et al (2000), a révélé que sur 2006 infirmières : les diagnostics de santé mentale sont les plus posés (25%) et la densité d'incidence des absences pour ceux-ci a quadruplée entre 1993 et 1999. Les résultats indiquent aussi que la durée moyenne d'absence pour diagnostic de santé mentale est passée de 51, 6 jours entre 1993 et 1995 à 78,1 jours ente 1998 et 1999. Une seconde étude, réalisée dans un Centre d'Hébergement et de Soins de Longue Durée (CHSLD) de la région de Montréal en 2001, et portant sur  trente trois infirmières , a révélé que : la majorité des infirmières se plaignent du manque de reconnaissance de la part de la hiérarchie et des autres professionnels de la santé, du manque de confiance, de solidarité et de cohésion, du manque de considération en regard de leurs besoins, une ambiguïté de rôles entre les divers personnels soignants ; pour terminer, elles se sont plaint aussi de la charge de travail ainsi que le manque d'espace de paroles.

D'après Aiken LH (2002), une étude ultérieure fût réalisée sur le personnel infirmier au Canada, aux Etats unis et en Angleterre, à l'issu de cette enquête, 38,3 à 48,1% des infirmiers avaient déclaré être insatisfaits au travail et 32,9 à 54,2% étaient atteints de Burn-out. Le journal intitulé TVA nouvelles consulté le 22/12/16, rapporte en 2010, qu'au Québec, les infirmiers et inhalothérapeutes affiliés à la Fédération Interprofessionnelle de la santé au Québec (FIQ), ont maintes fois dénoncé leurs conditions difficiles de travail, telles que l'insuffisance de temps de travail ; à ce titre, 27% déclaraient qu'elles envisageaient quitter leur travail, 63% craignaient d'être victimes d'un épuisement professionnel et 39% évaluaient la possibilité de travailler dans le secteur privé.

En Europe, la Suisse et la Suède sont les pays les plus concernés par le Burn-out, affirme Perruchoud Jacinthe (juillet 2008) dans son travail de recherche ensuite vient la Norvège, l'Allemagne et la France ; d'après certaines enquêtes menées, l'affection serait dû à un stress de travail lié à une surcharge de travail, la Suisse et la Suède ayant un taux de 33% de stresseurs ; en 2002, 44% de la population suisse est sujette à d'importantes tensions nerveuses sur le lieu de travail avec 38% de femmes et 21% d'hommes stressés qui se plaignent en outre de symptômes somatiques importants ; de plus , le Burn-out chez eux, implique au minimum 6 mois d'arrêt maladie. D'autres déclarations affirment : qu'un soignant sur trois est atteint de Burn-out.

Selon le site web www.basta.mag.net , consulté le 22 décembre 2016, le taux de Burn-out des personnels de santé avoisinerait les 40% en Europe, et celui-ci se manifeste par : des courbatures, des hernies discales, la fatigue chronique, le manque de temps, un surpoids d'empathies via d'émotions, l'impression de vide et d'inefficacité etc. le tout lié aux différentes taches exercées dans la profession.

Vincent Olivier ( janvier 2014) rapporte que le personnel soignant en Europe serait victime d'un Burn-out issu d'un stress lié à une charge de travail excessive chez ces derniers ; dans une étude cohorte réalisée en septembre 2013 par des scientifiques européens, sur 40 établissements sanitaires, soit plus de 20000 employés exerçant la fonction de médecins, d'infirmiers, d'aides soignantes, sages-femmes, etc., 30% ont accusé un niveau de tensions ayant un impact sur leur travail ; par ailleurs, l'étude a révélé cinq types de profil parmi lesquels il ya eu : 18% d'enthousiastes, 32% satisfaits de leur travail, 32% en attente de reconnaissance et de satisfaction de leur travail, 18% pessimistes et 14% critiques.

D'après S. Molenda et F. Ducrocq (2011), la profession d'infirmier spécialisé ou non, est à haut risque en ce qui concerne le Burn-out. En effet, une étude réalisée en France sur 3600 infirmiers et infirmiers spécialisés a montré des scores de Burn-out élevés (selon le Maslach Burn-out Inventory ou M.B.I) chez 21,1% d'entre eux dès 5 ans d'ancienneté. Ce taux croix ensuite de manière régulière avec l'ancienneté pour toucher 26,8% des infirmiers ayant plus de 25 ans d'ancienneté ; D'autres résultats par contre, ont montré des scores de Burn-out moyens et élevés chez respectivement 58,8% et 16,6% des infirmiers de moins de 5 ans d'ancienneté (d'après le Copenaghen Burnout Inventory ou C.B.I).

En Asie, des études menées en Jordanie, en Turquie et en Arabie Saoudite ont montré que les infirmiers dans ces pays, avaient un taux de Burn-out pouvant aller à plus de 50%.

En Afrique, notamment en Tunisie, une étude descriptive transversale réalisée entre le 1er Avril et le 31 Mai 2010 par des experts, sur 60 infirmiers de six services de Sousse et de Monastir, a établie à partir des échelles d'évaluation M.B.I et B.M.S (Burn-out Maslach Syndrome), une prévalence de Burn-out de 70% avec 81% d'infirmiers affectés ; soit 80% ayant un niveau élevé d'épuisement émotionnel, 70% avec un niveau élevé de dépersonnalisation et 17% ayant un niveau bas de sentiment d'accomplissement personnel ; il était élevé chez les hommes soit 70,8% contre 69,4%, chez ceux qui voulaient améliorer les conditions de travail soit 70,2% contre 66,7%, chez ceux qui voulaient améliorer les conditions de salaire (70,2% vs 66,7%) et chez les infirmiers suivi en psychiatrie (71,4% vs 69,8%) ; Une autre étude menée cette fois ci au Nord ouest de la Tunisie, notamment dans les hôpitaux de Tabarka et Jendouba, et rapportée par le European scientific journal d'Avril 2015, a révélé que plus de la moitié de cette population (56%) était touchée par le Burn-out, 47% avaient un épuisement émotionnel élevé, 36,6% avaient un niveau élevé de dépersonnalisation et 33% avaient un niveau bas d'accomplissement professionnel. Le syndrome de Burn-out était plus marqué chez les infirmiers par rapport aux médecins. Un niveau élevé de Burn-out était retrouvé chez les personnels qui ont effectué un congé de maladie avec 32% d'épuisement émotionnel, 21% dépersonnalisation et11% d'accomplissement personnel bas et chez ceux qui ont un désir de mutation avec 34% d' épuisement émotionnel, 25% de dépersonnalisation et 16% d'accomplissement personnel. Un Burn-out élevé a été retrouvé chez les personnels de sexe masculin ayant un âge inferieur à 45 ans travaillant moins de 40 heures par semaine et ayant une ancienneté inferieure à 10ans. Fatigue, céphalée, absentéisme et désir de mutation étaient les conséquences de l'épuisement les plus évoquées dans cette étude.

Au Congo, Emmanuel Kulimushi Karume (2010) démontre dans son travail de recherche, que la surcharge de travail à l'hôpital de Heal Africa de Goma, est l'une des causes pouvant induire un Burn-out chez le personnel infirmier avec des conséquences directes sur la qualité et le rendement des soins, telle que l'insuffisance et/ou l'absence de mise en oeuvre d'un diagnostic infirmier et la mauvaise surveillance des malades.

Au Cameroun, Tsakeu Nekdem Arsène Raoul, révèle dans son travail de recherche en 2012, que la majorité du personnel soignant du service de médecine A et B de l'Hôpital Général de Yaoundé, perçoit une surcharge de travail sur leur état de santé, se manifestant par des signes tels que l'épuisement, la survenue d'hernies discales, des sciatiques, des lombalgies, des troubles anxieux, ou encore des accidents d'exposition au sang ; ces troubles ne semblent pour autant pas exclure un processus de Burn-out en cours ; mais aucune prise en charge sérieuse n'est appliquée à part le simple fait d'abandon de service, ou de prise de congé de maladie considéré ici comme mécanisme de défense. L'Hôpital Central de Yaoundé étant un hôpital de référence au même titre que l'Hôpital Général de Yaoundé, doit sûrement connaitre les mêmes aspects cliniques au niveau de son personnel en ce qui concerne le Burn-out.

C'est donc au vue de tout ce qui précède que nous nous sommes posé la question de recherche suivante : Comment le personnel soignant du pavillon Lagarde de l'Hôpital Central de Yaoundé gère-il le Burn-out ?

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo