CHAPITRE IV : SYNTHESE ET DISCUSSIONS
Après avoir
dépouillé et présenté les résultats, nous
procédons dans cette partie du mémoire à la
synthèse et discussion des points saillants de notre étude
relatifs aux volets ci -dessous :
- Identification des caractéristiques socio
-professionnelles du personnel soignant ;
- Données organisationnelles liées au
travail ;
- Identification des connaissances, aptitudes et pratiques du
personnel soignant du pavillon Lagarde sur le Burn-out.
1. Données relatives à l'identification
des caractéristiques socioprofessionnelles du personnel
soignant.
En observant la répartition des
enquêtés selon le genre, on se rend compte que notre
échantillon est composé en grande partie des femmes soit
7/10 ; cet effectif veut pour autant signifier que la condition
féminine de la femme, c'est-à-dire ayant des obligations
familiales (procréation, responsabilité des enfants et autres) et
étant plus affectueuse, favorise un stress supplémentaire
à celui liée aux activités professionnelles ce qui tend
à réaliser progressivement et rapidement un épuisement
professionnel comparément aux hommes qui n'ont pas une si grande
dépense en matière d'affection.
Au niveau des tranches d'âge, nous remarquons
que les soignants appartenant à la tranche de 41 à 50 ans et
plus représentent un grand nombre d'effectif soit 6/10 soignants. Or
nous savons qu'à cette période de la vie la personne subit un
ensemble de mécanismes du vieillissement cellulaire qui croit avec le
temps tant sur le point physiologique que mental ; le soignant perd
progressivement ses capacités à accomplir un bon nombre de
tâches que requiert sa profession ; les exigences de sa profession
deviennent inadaptées pour son âge ; c'est ainsi qu'une
quelconque pression au lieu du travail pourrait l'entrainer à perdre de
façon répétée la maitrise des activités
professionnelles comme le confirme 3/10 soignants âgés de 45 ans
et plus en déclarant que cela les a arriver plusieurs fois. Cette suite
pourrait rimer avec les propos d'Aide - mémoire
OMS (Avril 2016) qui stipulent que : Les
personnes âgées sont vulnérables à la maltraitance
physique, sexuelle, psychologique, émotionnelle, financière et
matérielle...qui peut conduire non seulement à des traumatismes
physiques mais également à des conséquences psychologiques
graves parfois durables, y compris la dépression et
l'anxiété.
Parlant des qualifications professionnelles, ce sont
les infirmiers qui composent essentiellement notre échantillon qui
comprend : 01 IB, 06 IDEP et 03 IS. La domination quantitative d'un tel
rang de soignant dans le service voudrait tout simplement signer un bon nombre
de tâches à accomplir et des efforts à fournir notamment
pour la prise en charge des patients ; selon le cours de démarche
scientifique en soins infirmiers (2016), l'infirmier à lui seul assure
non seulement un rôle propre (hygiène des locaux, toilette du
malade, alimentation et gavage, etc.), un rôle social (IEC à
l'entourage du patient) mais également joue un rôle de
collaboration (administration des médicaments, surveillance des effets
secondaires, etc.). L'ensemble de ses activités quotidiennes peuvent
influencer l'état de santé des soignants du moment où
elles s'amplifient, sont répétées, et/ou lorsque
l'individu est submergé par d'autres activités ou
problèmes relevant ou pas de sa profession ; cette hypothèse
peut être s'en aucun doute en corrélation avec les
résultats de notre étude qui révèlent que 4/8
soignants perdent l'estime de soi et ont des attitudes négatives
lorsqu'ils subissent l'épuisement professionnel et 6/8 sont plutôt
victime d'une fatigue chronique.
S'agissant de l'ancienneté dans le service,
plus de la moitié des soignants soit 7/10 ont une ancienneté
inférieure ou égale à 5 ans tandis que 3/10 ont une
ancienneté de plus de 8 ans. Cela laisserait sous-entendre d'une part
que le personnel soignant de ce pavillon a pris le temps de se familiariser
avec les risques d'épuisement professionnel et d'autres part qu'ils ont
su adapter des techniques de défense telle que le repos pour se
préserver des dégâts de l'affection.
2. Données liées à l'organisation
au travail.
Au regard de la répartition des
enquêtés selon la charge de travail, le constat est le
suivant : la majorité des soignants (7/10) la trouve
élevée ; cette affirmation laisserait croire que les
équipes de soins constituées de 2 à 3 soignants pour 20
à 35 patients au quotidien, seraient susceptibles de subir un stress
important, vu la quantité de tâches à fournir pour un
seul patient ; le personnel ainsi serait confronté aux situations de
Burnout telles les troubles de sommeil important déclarés par 5/8
soignants ou encore la fatigue chronique déclarée par 6/8
soignants. En revanche, le besoin de dormir et se reposer d'après
Virginia HENDERSON (1960), est une nécessité
pour chaque individu de prévenir et réparer la fatigue, diminuer
les tensions, conserver, promouvoir l'énergie ; ce qui justifierait
le fait que 8/10 soignants usent du repos soit pendant les heures libres de
travail rarement disponibles, soit en faisant une demande d'autorisation de
repos médical.
Du point de vue rémunération et
récompense des efforts fournis, 9/10 contre 1/10 soignants affirment
qu'ils n'ont pas toujours été rémunérer normalement
et 8/10 contre 2/10 affirment que la récompense n'a pas toujours
été en leur faveur. Les deux cas de figure semblent
démontrer une insuffisance de motivation qui en elle-même semble
être un facteur favorisant le stress au travail et parallèlement
l'épuisement professionnel ; cette hypothèse se
complète plus loin devant par 7/10 soignants qui accusent une
insuffisance salariale comme cause favorisante du Burn-out. En outre, le
modèle de Siegrist (1996) considère que les
récompenses sont constituées de trois éléments que
sont l'argent, l'estime et le contrôle du statut professionnel et un
déséquilibre entre ces récompenses et l'effort fourni au
travail a des effets négatifs sur les individus tels que
l'épuisement, les plaintes psychosomatiques, des symptômes
physiques et d'insatisfaction au travail.
3. Données relatives à l'identification
des connaissances, attitudes et gestion du Burn-out par le personnel soignant
du pavillon Lagarde.
Concernant la représentation du Burn-out,
l'ensemble du personnel semble avoir une même idée sur
l'affection ; il la caractérise comme étant un état
de fatigue extrême liée aux exigences excessives et
disproportionnées de leur profession. Cette idée pourrait
s'accorder avec celle de Christina Maslach et Susan
Jackson (1980) qui pensent qu'il s'agit d'un syndrome
d'épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de
réduction de l'accomplissement personnel apparaissant chez les individus
impliqués professionnellement auprès d'autrui. Ainsi donc, une
prise en soin psychologique serait d'une grande nécessité pour
remédier à un tel état.
Par ailleurs, la répartition du personnel suivant
les causes de l'affection, fait savoir que la surcharge de travail, la mauvaise
rémunération, les frustrations et l'insuffisance quantitative du
personnel sont les plus remarquables étant donné qu'elles sont
déclarés par 7/10 soignants comparément à 3/10
soignants qui accusent le nombre élevé d'activités
à effectuer, le manque de soutien social et de récompense. Ces
circonstances confirment les causes organisationnelles et interindividuelles de
l'épuisement professionnel.
Parmi les enquêtés, 8/10 soignants
affirment avoir été victime du Burn-out dont la
quasi-totalité des manifestations et conséquences
suggérées furent indiquer ; notamment les troubles de
sommeil, le manque de concentration et d'attention chez 8/8 soignants, la
fatigue chronique chez 6/8, les difficultés dans l'administration des
soins chez 4/8 et les mésententes dans le couple chez 3/8 soignants.
Cette panoplie de difficultés laisserait sous-entendre que le
problème d'épuisement professionnel réside dans toutes les
dimensions de l'Homme soit celles du personnel soignant étant
donné qu'ils sont considérer comme des êtres biologiques,
psychologiques, sociaux, culturels et spirituels ; la prise en soin de ces
derniers ne serait donc pas évidente surtout lorsqu'il n'existe pas de
structure de prise en soin psychologique du personnel face aux activités
professionnelles au sein de ladite structure.
Cependant, la plupart du personnel soignant du pavillon
Lagarde (8/10 soignants), affirment qu'ils usent de repos soit pendant les
heures libres de travail rarement disponibles, les 02 jours de repos en
semaine, soit en faisant une demande d'autorisation de repos médical.
Mais reste à savoir si cela suffit ; Dominique COPPE
et Coralie CARTON (18 mars 2013) abordent dans le
même sens lorsqu'ils affirment : le repos est essentiel puisque les
réserves d'énergie sont à plats chez les victimes
d'épuisement professionnel ; seulement, il est insuffisant pour
régler le problème et éviter les rechutes ; le repos
ne guérit pas le Burnout. Autrement dit, ce moyen de prise en soin ne
contribue qu'au soulagement du soignant.
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