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Organisation mondiale du commerce à  l'épreuve de multiples crises. Perspective du système de régulation du commerce international.


par Kossi Kafui SAMBOE
Université de Lome  - Master 2 droit public fondamental 2017
  

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§ 2. LA REFORME SOUHAITEE DE L'ORGANE DE REGLEMENT DES DIFFERENDS

S'il est vrai que l'ORD présente quelques failles dans son fonctionnement, il n'en demeure pas moins qu'il présente l'originalité, du point de vue du contentieux international interétatique, de pouvoir comporter deux instances344 qu'il serait intéressant d'améliorer. D'une part, les groupes spéciaux (A), et d'autre part, l'Organe d'appel (B).

A. Des réformes relatives aux Groupes spéciaux

Une multitude de critiques ont été émises au sujet de la constitution des groupes spéciaux.

L'un des problèmes étaient relatifs à la sélection des membres de ces groupes spéciaux. Pour remédier à ces problèmes, le mode de sélection doit être revu. Au lieu d'un processus unique de sélection, il serait nécessaire d'alterner les combinaisons. L'ORD pourra par exemple sélectionner les membres de ces groupes spéciaux sur une liste préétablie ou recourir à un choix alternatif tel qu'une désignation à partir d'un mécanisme ad hoc.

De même, pour éviter les accusations relatives à la transparence qui entachent la crédibilité des groupes spéciaux, _ car il faut le souligner, les procédures de règlement des différends sont en principe confidentielles _ il serait souhaitable que les audiences soient largement ouvertes au public.

344 Le Mémorandum d'accord sur le règlement des différends aménage un véritable double degré de juridiction : d'une part, les groupes spéciaux s'analysant comme le premier niveau de « juridiction » et d'autre part l'Organe d'appel qui constitue le second niveau de juridiction. V. Mémorandum d'accord sur les règles et procédures régissant le règlement des différends, Annexe 2 de l'Accord de Marrakech instituant l'Organisation mondiale du commerce, 14 avril 1994, 1869 R.T.N.U. 426.

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En outre, le Mémorandum d'accord dispose que, si un Membre le demande, une partie à un différend doit « fournir [...] un résumé non confidentiel des renseignements contenus dans ses exposés écrits qui peuvent être communiqués au public ». Mais, dans la pratique les parties se sentent rarement liées par cette disposition. Les Membres donc doivent être tenus de rendre publique une partie ou la totalité de leurs communications. Cette obligation devrait aussi s'élargir à tous les documents relatifs à un différend porté devant l'OMC, à savoir les demandes d'établissement d'un groupe spécial, les communications du Groupe spécial et les rapports finaux des groupes spéciaux. Tous ces documents importants doivent être librement accessibles au grand public sur le site Web de l'OMC dans l'ensemble des trois langues officielles de l'OMC.

Au plan organique, il serait convenable de professionnaliser les groupes spéciaux. La professionnalisation des groupes spéciaux serait en effet un moyen nécessaire pour mieux garantir l'indépendance des « panels » et pour diversifier leur composition dans l'optique de renforcer davantage le caractère juridictionnel de l'ORD.

Au plan de la procédure, le Mémorandum d'accord a entendu conférer une force obligatoire aux décisions de l'ORD345. Mais le défaut de ce texte, c'est qu'il n'a pas assorti ces décisions de la force exécutoire, puisque pour l'exécution de celles-ci, il est simplement demandé aux parties de faire part de leurs intentions. Résultat, l'application de ces décisions peut paraître très aléatoire. L'instauration d'une force exécutoire complétant les décisions de l'ORD sera ainsi un excellent rempart contre la mauvaise foi et les procédures dilatoires régulièrement relevées dans les phases d'exécution des ces décisions.

Afin de résoudre le problème actuel de l'engorgement de l'ORD, et surtout celui des retards procéduraux, l'action se doit d'être double : en premier lieu, une procédure préventive, en réponse à un constat de menace dans le cadre du Mécanisme d'évaluation des politiques commerciales, mérite d'être mise en place à l'OMC. Il faudrait déjà commencer par penser à l'autosaisine de l'ORD. Ensuite, la mise en place d'une procédure d'urgence paraît aussi nécessaire pour régler les litiges impliquant d'énormes enjeux financiers. Cette action en référé qui intègre la possibilité de prononcer les mesures provisoires ou conservatoires est d'autant plus nécessaire que, laissé à la libre disposition des Etats, le mécanisme d'appel est le plus souvent utilisé comme un excellent prétexte pour retarder le

345 L'article 17.4 du Mémorandum d'accord dispose à cet égard que « les rapports de l'organe d'appel seront acceptés sans condition par les parties au différend ».

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processus de règlement de différends. A cet égard, on pourra s'inspirer du référé pré-arbitral existant dans le cadre de la Chambre de Commerce Internationale (CCI) reconnue comme l'instance mondiale des entreprises.

Si la réforme de l'ORD est avant tout destinée à corriger les défauts des Groupes spéciaux, elle devrait davantage portée sur l'organe d'appel.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote