Les stratégies camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale. Enjeux et défis.par Ghislain Marceau BANGA Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2015 |
2 - Une collaboration insuffisanteLes pays africains ont des problèmes pour harmoniser leur disparité militaire tant sur le plan matériel (communication et système d'armes) que de la ressource humaine (volonté de combattre et aptitude opérationnelle). Le manque de collaboration entre les Etats de l'Afrique centrale, peut en partie être expliqué par le fait que le continent a une faible capacité financière ; mais le plus grand frein à cette collaboration est la non domination de la conception westphalienne de la sécurité qui prévaut en au sein de chaque Etat. Le contexte géopolitique qui est celui des zones à forte concentration des conflits, et les intérêts particuliers des Etats font que les engagements des différentes forces mises sur pieds, ne reçoivent pas toujours l'adhésion des Etats. En effet, la décision de déployer une mission relève trop souvent de considérations et d'opportunismes politiques visant à défendre des intérêts nationaux. C'est l'exemple de l'Afrique du Sud qui s'est engagée en République Centrafricaine, pour la préservation de ses intérêts économiques, fragilisant ainsi la FOMAC qui est la force légitimement mandatée par la CEEAC pour la consolidation de la paix en Centrafrique. Ces querelles de positionnement ou d'intérêts particuliers des Etats anéantissent souvent tous les efforts menés pour améliorer le processus d'intégration sécuritaire à l'échelle sous régionale et même continentale. Il faut savoir que « pour combattre efficacement la multiplication des actes terroristes, leur caractère et leurs effets internationaux croissants, les Etats doivent renforcer leur coopération en ce domaine, en particulier en rendant systématique l'échange d'informations sur la prévention du terrorisme et les moyens de le combattre [...] »149(*). Ce qui précède montre à suffisance qu'en évoluant en rangs dispersés, les Etats pris individuellement, ne peuvent pas parvenir à lutter efficacement et durablement contre les différentes formes de menaces existantes. Pour l'heure, l'Afrique centrale évolue encore dans ce que l'on pourrait appeler les égoïsmes étatiques, qui jusque-là empêchent une collaboration franche. Toute chose qui freine une véritable intégration sécuritaire dans la sous-région. * 149 Résolution 49/60 du 9 décembre 1994 de l'ONU. |
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