Les stratégies camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale. Enjeux et défis.par Ghislain Marceau BANGA Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2015 |
SECTION II : PERSPECTIVES DE RATIONALISATION ET DE COORDINATION AVEC LES PAYS DE LA SOUS-REGIONNicolas TENZER pense que « la politique est à la fois un art mais aussi une technologie »142(*). C'est dire que pour lui, elle intègre l'instinct et l'intuition tout aussi bien que la rationalisation qui s'expriment dans les infrastructures et les architectures institutionnelles. Il s'agit donc de voir ici, comment se manifeste la rationalité du Cameroun dans son déploiement au sein des différentes commissions et autres communautés (A), le but étant de préserver ses intérêts et garantir la sécurité. Tout ceci doit nécessairement se faire dans un élan de coordination avec les autres Etats de la sous-région (B). A -LA RATIONNALISATION DES ACTIONS CAMEROUNAISESLes conflits inter étatiques et infra étatiques, tout comme les nouvelles formes de menaces ( coupeurs de route ; piraterie maritime ; terrorisme etc. ),sont autant de risques pesant sur la sécurité individuelle et collective des Etats. Il est évident que face à ces problèmes sécuritaires, les Etats africains pris individuellement, ne peuvent pas y apporter une réponse adéquate et satisfaisante. Cela est dû à un certain nombre d'insuffisances liées aux armées africaines, telles que la faiblesse humaine et matérielle ; la faiblesse liée à la formation et le manque de professionnalisme. L'intérêt du Cameroun est de construire un cadre sécuritaire viable, au vue de sa position centrale en Afrique, et donc des menaces externes engendrées dans d`autres pays, et qui pèsent sur lui. Ainsi, pour rentabiliser ses actions dans la sous-région, le Cameroun a choisi d'agir au sein des institutions qui s'y trouvent, à l'instar du cadre réduit qu'est la CBLT (1) et aussi dans un cadre plus important tel que la CEEAC (2), mais il y a nécessairement un devoir d'amélioration de cette implication à travers une volonté politique affirmée. 1 - Au sein de la CBLTCréée en 1964 par les Etats riverains du Lac Tchad, la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) comprend au départ quatre (04) Etats parmi lesquels le Cameroun, le Niger, le Nigéria et le Tchad. Ils seront rejoints en 1994 par la République centrafricaine, qui en deviendra le cinquième membre. Aujourd'hui, avec l'adhésion de la Lybie, on compte désormais six (06) Etats ; l'Egypte, le Soudan, la République du Congo et la République Démocratique du Congo sont membres observateurs. La CBLT est une institution, ou une agence intergouvernementale chargée de faciliter l'utilisation durable des eaux du bassin, de coordonner le développement régional et de résoudre les conflits locaux nés de l'usage des ressources du bassin. De plus en plus le problème de la gestion des ressources du bassin n'est plus le seul pan des défis auxquels font face les Etats membres de la CBLT. La sécurité est désormais une véritable préoccupation pour ces Etats, au vu de la montée en puissance de nouvelles formes de menaces et notamment de la secte islamique « BokoHaram ». Le mardi 7 octobre 2014 à Niamey au Niger, il s'est tenu un sommet régional dont le prélude s'est fait par les Ministres de la défense des pays membres de la CBLT et du Benin. Ce sommet qui était axé sur la lutte contre le groupe « BokoHaram », avait pour but d'élaborer une stratégie commune et des mesures consensuelles pour faire face aux défis sécuritaires dans le bassin. Il a donc été question au cours de ce sommet, de la mise sur pied d'une force armée multinationale pour lutter contre « BokoHaram », tel que le prévoyait le plan adopté cinq mois auparavant par les chefs d'Etat de cette organisation à Paris. Selon le plan, il fallait une présence militaire de 700 soldats autour du Lac Tchad. Le Cameroun a pris une part active dans ces travaux pour définir les contours de cette force multinationale. * 142 Nicolas TENZER, Qu'est-ce que la politique ?, Paris, PUF, Collection Que sais-je ? 124 p. |
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