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Les stratégies camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale. Enjeux et défis.


par Ghislain Marceau BANGA
Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2015
  

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2. ... à la participation des forces armées camerounaises à leur dénouement.

Alors qu'il était en route pour la République centrafricaine (RCA) où la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) prend le relais de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), Hervé Ladsous, nouveau secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l'Organisation des Nations unies (ONU), a été reçu en fin de matinée samedi dernier par le Premier ministre, chef du gouvernement, Philémon Yang. A l'issue de l'entretien, le chef du département des opérations de maintien de la paix à l'ONU a déclaré à la presse126(*) être « venu pour rencontrer les autorités camerounaises avant de se rendre en Centrafrique où nous allons reprendre le flambeau de l'Union africaine après-demain. Le diplomate onusien a ajouté qu'il voulait adresser au gouvernement camerounais un message de profonde reconnaissance pour tout ce que le Cameroun a fait au fil des années pour soutenir l'action de la communauté internationale ».

D'après Hervé LADSOUS, « le Cameroun le fait en fournissant des troupes et des policiers qui se comportent bien sur le terrain »127(*). Plus que jamais, a-t-il poursuivi, « nous devons travailler la main dans la main pour faire sortir la RCA de l'ornière profonde et douloureuse dans laquelle elle s'est enfoncée ces dernières années ». Parlant de ce qui va changer en RCA avec l'avènement de la MINUSCA, Hervé Ladsous a révélé que l'ONU y apporte des troupes supplémentaires qui viennent d'autres parties du monde, des Marocains, des Sri-lankais, des Pakistanais, etc. En plus de l'élargissement des contributions, il a ajouté que les missions de maintien de la paix des Nations unies apportent une perspective à la fois politique et intégrée, en étant un vecteur de promotion des droits de l'homme et de l'Etat de droit, puis en accompagnant les processus de désarmement et de démobilisation des ex-combattants. Diplomate chevronné de nationalité française, Hervé LADSOUS était accompagné samedi par le représentant spécial du SG de l'ONU pour la RCA, le Général Babacar GAYE. Avant de se rendre chez le PM, M. LADSOUS a été reçu plus tôt samedi par le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, Edgard Alain MEBE NGO'O.

Les différents contingents camerounais ont souvent été constitués de militaires, de policiers, d'observateurs militaires et autres. Toutefois, comme le relève le colonel YAMBA128(*) de la 2ème Région militaire du Cameroun, « la participation des Forces de défense du Cameroun (FDC) aux opérations de maintien de la paix (OMP) à travers le continent africain, revêt tantôt la forme individuelle, tantôt la forme collective, selon les niveaux stratégiques, opératifs et/ou tactiques des OMP». Selon cet officier supérieur de l'armée camerounaise, la participation individuelle aux OMP est une participation minimale en hommes, car ce sont des militaires ou policiers qui ont des contrats individuels et travaillent, soit au niveau opératif, soit au niveau stratégique. Pourtant, la participation collective, quant à elle, renvoie à la participation par unités constituées, ce sont des contingents dont les membres évoluent ensemble.

Dans l'ensemble, la participation des FDC dans les OMP en Afrique est assez souvent individuelle, comme cela a été le cas au Darfour, en Angola, en RDC, au Rwanda, en RCA, en Côte-d'Ivoire et au Mali. Dans ces cas, de nombreux sous-officiers et officiers des FDC ont été envoyés sur demande de l'ONU et/ou de l'UA à titre d'observateurs, comme nous l'avons démontré au préalable. Ils arrivent souvent à se retrouver au niveau opératif et même stratégique, soit à cause de leurs compétences individuelles, soit alors par le biais des places réservées au Cameroun », a confié le colonel Louis Marie KOUMA129(*). Pour Joseph Vincent NTUDA EBODE, le gouvernement camerounais a mis à la disposition de la Mission des Nations Unies en République Centrafricaine (MINURCA), le 8 février 1999, un personnel pour la formation de la police civile.

A l'expiration du mandat de la MINURCA en février 2000, un officier supérieur camerounais occupait les fonctions de chef de l'instruction de la police civile, fonction qui ont été maintenues dans le cadre du bureau d'Appui des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix en République Centrafricaine (BONUCA). En juillet 2009, un autre élément des FDC occupait le poste d'officier supérieur chargé de la logistique au sein de la Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM). Toujours dans le cadre de leur participation individuelle en Afrique, les Forces de défense camerounaise sont intervenues par contingent de quatre officiers pour le compte de l'UA au Sud Soudan (MUAS au Darfour) dans le cadre du `'Darfour DESK'' (programme de suivi des opérations pour le compte de l'UA). Dès 2005, des contingents portés à 10, puis à 20 observateurs s'y sont succédé. Depuis le passage de la Mission de l'Union Africaine au Soudan (MUAS) à la Mission des Nations Unies au Darfour (MINUAD), ce sont des groupes de cinq officiers qui se relayaient. En Ethiopie, un officier camerounais fait partie de l'état-major de la Force africaine en Attente (FAA), et en Côte d'Ivoire depuis 2003, un autre fait partie de l'état-major de la mission de l'Organisation des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) en qualité de représentant militaire du Président de la Commission de l'UA », précise un enseignant permanent à l'Institut des Relations internationales du Cameroun (IRIC), Jean KENFACK130(*).
L'on se souvient aussi que des policiers camerounais étaient de la mission humanitaire à Goma (Zaïre) en 1994 et 1998-2000, et plus tard dans le cadre de la MONUC en RDC en 2006.

Par ailleurs, les FDC n'ont pas souvent participé aux OMP de manière collective en unité constituée. Le cas de la RCA reste encore unique. A ce propos, depuis 2008, le Cameroun est présent en RCA aux côtés des autres pays de la CEEAC pour la mission de consolidation de la paix dans ce pays. Il s'agit d'un contingent de 107 personnes en sus de 4 officiers d'état-major et de 12 personnels d'appui et du chef d'état-major. Et depuis juin 2013, dans le cadre de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous la conduite africaine (MISCA) décidée par le Conseil de paix et de sécurité de l'Union Africaine (CPS-UA), le Cameroun a encore envoyé 517 militaires et 320 policiers, soit au total 837 éléments , a souligné le colonel YAMABA. A en croire cet officier ; « c'est la première fois que le Cameroun sorte avec un aussi grand effectif depuis sa participation dans les missions de maintien de la paix en Afrique »131(*). Et comme une cerise sur le gâteau, ce sont deux généraux de brigade camerounais qui se sont succédé à la tête de ces missions en RCA, respectivement en 2009 où Hector Marie TCHEMO était commandant de la MUNURCA et depuis 2013, TUMENTA CHOMU Martin, est le commandant de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA).

A en croire les sources militaires, les FDC participent aussi aux OMP dans le cadre de la formation et des activités de préparation aux OMP. En effet, avec la création de la Force africaine en attente (FAA) et la mise sur pied des brigades régionales devant la composer, le Cameroun prend une part active à sa montée en puissance au sein de la force multinationale de l'Afrique Centrale (FOMAC, institution de la CEEAC) et du mécanisme d'alerte rapide de l'Afrique Centrale (MARAC, institution de la CEMAC). Le Cameroun est également en compétition avec l'Algérie pour abriter la Base logistique continentale (BLC) où devrait être stocké le dispositif logistique appelé à être affecté aux missions de paix initiées et conduites sous la bannière des institutions africaines. Sur le plan de la logistique, le Cameroun qui, dans sa coopération avec l'ONU et l'UA, met ses infrastructures portuaires et aéroportuaires à la disposition des OMP, ne dote pas toujours ses troupes de leurs logistiques propres, compte tenu du coût élevé des équipements militaires. L'Etat doit d'abord équiper complètement ses militaires en matériels divers et attendre plusieurs mois pour obtenir le remboursement par l'ONU ou l'UA des dépenses souvent lourdes qu'il a engagé.

Selon des sources militaires et du ministère des Relations extérieures (MINREX), même si les effectifs (non disponibles) des troupes régulièrement mobilisées par le gouvernement camerounais n'ont pas encore inscrit le pays au registre des principaux contributeurs en hommes au sein des contingents multinationaux de maintien de la paix en activité sur le continent africain, le rendement des Forces de défense camerounaises est très apprécié par les organisations onusiennes et africaines qui coordonnent le déroulement de ces missions de maintien de la paix. Mais, il demeure encore de nombreux problèmes à l'instar de celui de celui du financement des missions ou du paiement des militaires engagés dans ces terrains d'opérations. A ce titre, l'on apprend à la lecture du journal camerounais « Mutations », que la tension est croissante au sein du contingent camerounais de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA)132(*). Car, depuis deux mois, le contingent camerounais, constitué de 850 soldats, tous originaires des brigades opérationnelles de la force africaine en attente, n'ont pas perçu de salaire. Une situation qui intervient à un moment où les luttes confessionnelles entre chrétiens et musulmans s'accentuent à Bangui et dans le reste du pays.

Si aucun mouvement n'est pour l'instant à l'ordre du jour, (rien n'exclut) l'intention des camerounais de quitter les positions qu'ils occupent aujourd'hui. Notamment dans l'Ouest du pays et principalement sur les axes qui mènent à la frontière avec le Cameroun.
Le général camerounais, Martin TUMENTA CHOMU, commandant militaire de la MISCA est au courant de cette situation, mais semble avoir les bras liés du fait qu'il ne s'occupe pas des questions financières qui relèvent de la compétence de l'Union africaine. Le gouvernement de la République du Cameroun dément toute responsabilité dans la situation que vivent « nos » soldats. Une source133(*) au Ministère de la Défense affirme d'ailleurs que «le Cameroun a toujours remplit ses engagements financiers. Il continue à ravitailler ses soldats».

Les mêmes sources indiquent que: «Lorsque les soldats camerounais agissaient pour le compte de la Force multinationale d'Afrique centrale, ils étaient régulièrement payés par les pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC). Chaque Etat apportait sa contribution». Un soldat de la FOMAC coûtait par jour 9 600 FCFA à la CEEAC. Après la décision du Conseil de sécurité des Nations unies datée du 5 décembre 2013 de créer une mission internationale de la paix en RCA, les charges financières liées au paiement des soldats sont passés sous contrôle de l'Union africaine.
Car, les accords entre les Européens et les Africains stipulent que l'Union européenne, qui a apporté dès le départ une contribution de plus de 32 milliards de FCFA, devait se charger du transport des troupes, de l'alimentation et du casernement. Tandis que les Africains se chargeaient de l'armement et des munitions. Mais l'argent de l'Union européenne doit transférer par l'Union africaine, qui agit en tant que sous-traitant. C'est donc l'organisation panafricaine qui est chargée de la paie des soldats de la MISCA.

Sur le terrain, un gendarme camerounais a été blessé dans des affrontements avec des insurgés. Il a reçu plusieurs balles au niveau de la hanche. Evacué rapidement en direction du Cameroun, il séjourne depuis vendredi à l'hôpital militaire de Yaoundé, où il est pris en charge par le colonel ABENG MBOZO'O, spécialiste en radiologie et imagerie médicale. Jusqu'ici, aucun soldat camerounais (agissant sous la MISCA) n'a trouvé la mort sur le sol centrafricain. La MISCA va s'étendre sur douze mois. Début décembre 2013, l'Union africaine a déployé 2500 soldats venus du Gabon, du Cameroun et du Tchad. A cela s'est ajouté les 1600 militaires français qui interviennent également en renfort dans le cadre de «l'opération Sangaris». Le 19 décembre, la MISCA a officiellement succédé à la FOMAC. Ses effectifs sont passés à 4 500 hommes, dont 850 soldats du Burundi et du Rwanda. Ils doivent atteindre 6000 ce mois.

* 126 Lire dans cette perspective CREOLINK Communications, ' SOPECAM , 16 Septembre 2014 , Rousseau-Joël FOUTE et dans la rubrique National - Politique , « Hervé Ladsous, SG adjoint aux opérations de maintien de la paix a été reçu en audience samedi dernier par le PM ».

* 127 Ibid. p.4.

* 128 Entretien directif exécuté le 23 septembre 2014 à 12h 15 minutes.

* 129 Entretien directif exécuté le 23 septembre 2014 à 15h 45 minutes.

* 130 Entretien directif réalisé le 23 septembre 2014 à 12h30.

* 131 Entretien directif réalisé le 23 septembre 2014 à 18h 24 minutes.

* 132BORIS BERTOLT, « Cameroun - Crise centrafricaine: Les 850 soldats camerounais sans salaires », Mutations, Yaoundé, 12 Février 2014.

* 133 Ibid.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein