Les stratégies camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale. Enjeux et défis.par Ghislain Marceau BANGA Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2015 |
B -LA PARTICIPATION CAMEROUNAISE AUX EXERCICES MILITAIRES CONJOINTSPour le Cameroun, participer aux exercices militaires conjoints de la Force Multinationale de l'Afrique Centrale (FOMAC) obéit à une logique d'influence du processus de gestion des conflits clairement définit. Comme nous l'avons déjà précisé, le Cameroun sait parfaitement que c'est une occasion sérieuse d'influencer le maintien de la paix dans la sous-région dans la mesure où ces opérations permettent aux forces en attente de l'Afrique centrale de se projeter. Le Cameroun a déjà ainsi participé à plusieurs de ces exercices.. Il s'agit non seulement de BIYONGHO 2003 au Gabon, de BAHR-EL GAZAL 1 en 2005 au Tchad et SAWA 2006 au Cameroun (A), mais aussi de BAHR-EL GAZAL 2 en 2007 au Tchad, de KWANZA 2010 en Angola et prochainement de FOMAC-CONGO 2014 en République du Congo (B). 1. Les exercices BIYONGHO 2003, BAHR-EL GAZAL 1 ET SAWA 2006Les exercices militaires conjoints en Afrique centrale rentrent dans le cadre de la construction de l'Architecture Africaine de Paix et de Sécurité (AAPS ou APSA), le plus ambitieux programme de sécurité jamais développé en Afrique118(*) et du programme de global de renforcement des capacités africaines pour le maintien de la paix (RECAMP). Il s'agit en général de tester la capacité de déploiement rapide des forces. Ces exercices nous intéresserons dans ce cadre en ce sens où ils permettent sans doute d'expérimenter et d'évaluer le niveau d'interopérabilité au sein des forces conjointes et dont dans la composante police de ces dernières. Les tout premiers exercices de ce type en Afrique centrale sont BIYONGHO 2003, BAHR-EL GAZAL 1 et SAWA 2006. En ce qui concerne BIYONGHO 2003, il faut dire que c'est un exercice qui s'est tenu en juillet 2003 dans la province du Haut-Ogooué au Gabon. Il faisait suite à BIYONGHO 98 qui n'avait pu se tenir pour des raisons financières119(*). BIYONGHO 2003 qui a réuni près d'un millier d'hommes venant de huit pays d'Afrique centrale avait pour but de préparer ces derniers à des interventions militaires de sécurisation en situation de crise. Si les résultats en termes de cohésion entre les différents soldats n'étaient totalement satisfaisants, on a pu faire mieux qu'au cours de l'exercice « Gabon 2000 » qui avait déjà eu lieu en l'an 2000. BAHR-EL-GAZAL 1 apparaissait à ce moment comme une occasion de corriger les manquements de BIYONGHO 2003. BAHR-EL-GAZAL 1 s'est tenu en novembre 2005 et était porteur de grands espoirs quant à l'amélioration des capacités de l'Afrique centrale qui était faut-il le préciser la sous-région la moins avancée en termes de certification des forces africaines en attente. C'est pourquoi le Secrétaire Général des Nations Unies lui-même a tenu à encourager l'initiative en ces mots « J'ai suivi avec intérêt les délibérations des chefs d'état-major des États membres de la CEEAC qui se sont réunis à Luanda les 11 et 12 avril 2005 en vue de mettre en place la Force africaine en attente (FAA) et des Brigades régionales. Lors de cette réunion, les chefs d'état-major ont aussi décidé d'organiser au Tchad en novembre 2005 le deuxième exercice multinational « Barh El-Gazel 2005 ». En donnant votre aval à cette initiative, indispensable à la sécurité et à la stabilité de l'Afrique centrale, vous montrerez votre détermination à rendre opérationnels le Conseil de paix et de sécurité de l'Afrique centrale et son Mécanisme d'alerte rapide »120(*). La manoeuvre d'envergure suivante s'est organisée au Cameroun sous le nom « SAWA 2006 ». Celle-ci, bien qu'ayant beaucoup plus mis l'accent sur l'aspect civil, n'est pas moins intéressante en ce qui concerne l'évaluation du niveau d'interopérabilité. En effet, L'occasion a été donnée de voir et d'évaluer sur le terrain l'aspect civil et les projets de développement conçus et réalisés par les militaires dans le cadre d'une opération de maintien de la paix. L'inauguration de nombreux projets de développement réalisés par des militaires dans certaines villes du Cameroun pendant l'exercice Sawa 2006 visait ainsi à renforcer dans l'imagerie populaire l'action humanitaire des militaires. Ces projets sociaux comprenaient la réalisation d'adduction d'eau, la construction de centres de santé et des salles de classe et une aide médicale significative aux populations dans le besoin... de toute évidence, des progrès étaient perceptibles dans tous les domaines et donc dans celui de l'interopérabilité. * 118 Joseph VincentNTUDA EBODE, La force en attente dans l'architecture de paix et de sécurité de l'Union Africaine, Actes du Colloque 2011 sur « 50 de défense et de sécurité en Afrique : états et perspectives stratégiques », Yaoundé, 2011. * 119 http://www.afriqueexpress.com/homesafex/pagesaccueil/defensesecurite/247exercicemilitaire.htm, consulté le 20 novembre 2014 à 17h30. * 120 Voir Communiqué de presse SG/SM/9914. AFR/1184. ECO/86 en date du 07 juin 2005. |
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