Les stratégies camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale. Enjeux et défis.par Ghislain Marceau BANGA Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2015 |
2. Les cadres institutionnels et opérationnels de gestion des conflits en Afrique CentraleLe raisonnement est le même que dans les développements précédents dans la mesure où on est toujours dans une logique qui consacre une imbrication entre tous les niveaux micro (Afrique Centrale), méso (Union Africaine) et macro(ONU) de la gestion institutionnelle des questions de paix et de sécurité, le plus petit niveau devant respecter le niveau supérieur. Dans le cas précis de nôtre étude, c'est le CEEAC qu'il convient d'étudier. Si la CEEAC a été créé le 18 octobre 1983 par les Etats-membres de l'Union Douanière des Etats de l'Afrique Centrale (l'UDEAC) et les Etats-membres de la Communauté Économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) ainsi que Sao Tomé et Principe. L'Angola a rejoint le groupe en 1999 après avoir été observateur pendant 16 ans, et en fin 2007, le Rwanda a définitivement quitté la communauté. En effet la CEEAC avait à l'origine pour mandat la promotion du dialogue politique dans la région, la création d'une union douanière ainsi que l'établissement de politiques sectorielles communes. Seulement, après avoir compris l'apport important d'un climat de sécurité dans le processus de développement économique, elle va introduire dans son champ d'intervention, les questions sécuritaires. Ainsi, en Février 1999, lors de la conférence au sommet du Comité Consultatif permanent pour les questions de sécurité en Afrique centrale, les Etats membres ont décidé de créer un mécanisme chargé de la promotion, du maintien et de la consolidation de la paix et de la sécurité en Afrique Centrale. Ce mécanisme baptisé « Conseil de Paix et de Sécurité en Afrique Centrale (COPAX) » verra le jour le 24 Février 2000 suite à la ratification du protocole y relatif et aura la responsabilité de développer des capacités de maintien de la paix et de prévention des conflits en Afrique Centrale. Le COPAX se compose de trois organes techniques qui sont la FOMAC, Le CDS (commission pour la défense et la sécurité) et le MARAC (mécanisme d'alerte rapide en Afrique Centrale). Le MARAC est un mécanisme pour l'observation, la surveillance et la prévention des crises et des conflits qui sont l'objet de l'activité au sein de la CEEAC,95(*)Il est responsable de la collecte des données et de leurs analyses afin de prévenir les conflits.96(*)Le CDS, conformément à l'article 13 du protocole relatif au COPAX, est un organe consultatif composé des chefs d'état-major des forces armées ou de leurs représentants ; des chefs de polices ou de leurs représentants ; des experts des ministères des affaires étrangères en matière de relation extérieure ; des experts des ministères de la défense et des forces armées ; des experts des ministres de l'intérieur et de la sécurité ; des experts d'autres ministères invités en vue de l'ordre du jour de la commission. Quant à la FOMAC, c'est une force composée de services interétatiques, de la police, des contingents de la gendarmerie et des éléments civils des Etats membre de la CEEAC, en vue de la réalisation de la paix, de la sécurité et de l'assistance humanitaire. Mais la FOMAC peut aussi recevoir des renforts d'unités civiles provenant des organisations non gouvernementales et des associations agréées par le secrétaire général de la CEEAC.97(*) Elle a pour mission : L'observation et la surveillance; la restauration et le maintien de la paix ; l'intervention humanitaire après une catastrophe ; l'application des sanctions prévues par la réglementation en vigueur le déploiement préventif ; la consolidation de la paix, du désarmement et de la démobilisation; les activités de police, y compris le contrôle de la fraude et de la criminalité organisée ainsi que toutes les autres actions à condition qu'elle soit mandatée par la conférence des chefs d'Etats. L'Afrique Centrale est un site de conflictualité permanente et rémanente, ce qui a conduit à la mise sur pied d'un cadre institutionnel et normatif de paix et de sécurité. Plus que cette conflictualité permanente en Afrique Centrale relève d'une conjoncture sécuritaire transnationale échappant à la seule rationalité du Cameroun, quel est donc la contribution du Cameroun à la mise en oeuvre de ce cadre. * 95 Art.1er du règlement relatif au MARAC * 96 Ibid. * 97 Art.2 du règlement relatif à la FOMAC |
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