Les stratégies camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale. Enjeux et défis.par Ghislain Marceau BANGA Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2015 |
2. Acteurs et stratégies de la conflictualité en Afrique CentraleSi les acteurs des conflits peuvent être nombreux, leur implication effective dans les conflits n'a pourtant pas le même niveau. En recourant au schéma établi par L. Reychler, trois grands groupes d'acteurs sont identifiables dans les conflits en Afrique centrale : les parties primaires, secondaires et tertiaires. Les acteurs primaires constituent en cercle qui rassemble les parties «dont les intérêts dans la situation de conflit sont contradictoires ou sont présentés comme contradictoires et qui dépendent les unes des autres pour satisfaire leurs intérêts». Ils sont directement concernés par les conflits et leur engagement est partisan.85(*) Au rang de ces acteurs on a les États (les régimes) touchés, les «groupes ethniques», les groupes armés, les partis politiques ou d'autres «groupes», avec notamment la part prise par la jeunesse.86(*) C'est le cas de la rébellion Selaka en Centrafrique même de l'Etat Centrafricain. Les acteurs dits secondaires rassemblent des parties qui ne sont pas directement concernées par le conflit, mais ont un intérêt direct dans une issue bien déterminée du conflit et sont donc par là-même partisanes. Dans la classification de REYCHLER, on distingue dans cette catégorie trois types d'acteurs à savoir, les tiers qui observent avec résignation et ne veulent pas être impliqués dans le conflit, mais en subissent les conséquences négatives (exode des réfugiés, interruptions des relations commerciales, contrecoups des sanctions économiques internationales, etc.), c'est le cas de la Centrafrique. Il y a aussi les tiers non intéressés, non impliqués et qui désirent se maintenir à l'écart (comportement de la partie la plus forte). En fin, il y a les tiers qui s'impliquent activement dans la transformation constructive du conflit. Ce sont donc des acteurs indirects, investis du rôle de «garde-fous» et sont supposés se poser en général de manière neutre en essayant de rétablir la paix par la médiation. On trouve dans ce cercle: la «Communauté internationale» : l'O.N.U. et ses différentes missions ainsi que ses organismes spécialisés ; les O.N.G. des pays occidentaux.La «Troïka» occidentale : les USA, la France et la Belgique qui sont les «maîtres et bailleurs des fonds» des États de la région. Leurs rôles financiers et «techniques» les ont souvent obligés à «s'interposer» ou à «s'impliquer» d'une façon ou d'une autre lors des conflits. La Troïka et la Communauté internationale, souvent confondues l'une avec l'autre par les peuples africains parce que leurs missions respectives lors des guerres sont maldéfinies ou se recoupent, sont les principaux acteurs de la mondialisation des conflits grâce à leurs puissants moyens médiatiques. Dans le contexte de la guerre froide, leurs implications étaient nettement orientées et définies.87(*) On le voit, l'Afrique Centrale constitue un site de production de conflits, ces conflits mettent en scène plusieurs acteurs et résultent aussi d'une variété de causes. A la lumière de ce qui précède donc, il convient de voir quel est le cadre de gestion des conflits en Afrique central. * 85Luc REYCHLER, Thania PAFFENHOLZ, (dir), Construire la paix sur le terrain, Mode d'emploi, Bruxelles, GRIP-Complexe, 2000, p. 32. * 86 Ibid. * 87 Idem. |
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