Les stratégies camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale. Enjeux et défis.par Ghislain Marceau BANGA Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2015 |
2 -la nouvelle orientation de la doctrine militaire camerounaiseL'esprit et l'orientation de la doctrine de l'armée camerounaise ont connu de grandes mutations depuis l'indépendance du pays, jusqu'à nos jours. À l'origine, l'armée camerounaise avait pour point d'encrage et premier fondement « la paix et le développement » aujourd'hui, cette doctrine tourne autour du concept « armée et nation, ensemble pour consolider la paix et le développement » dont l'essentielle de la pensée a été exposé dans le numéro spécial du Magazine des forces de défense camerounaise de mai 2009. Les idéaux de « paix » et de « développement » restent fortement encrées dans la doctrine militaire, sauf qu'il y a désormais le souci d'associer réellement la nation à ces deux idéaux. L'évolution s'est faite par étape. L'armée est passée de la recherche de la stabilité et de la sécurité de l'Etat, à la modernité et à la sécurité globale, en passant par l'opérationnalité et la citoyenneté de celle-ci. Wullson MVOMO ELA66(*) explique que la première phase de la doctrine militaire camerounaise, qui fut la recherche la stabilité et de la sécurité de l'Etat, a eu cours en 1960. La doctrine militaire camerounaise privilégiait l'efficacité et la victoire militaire sur le théâtre des opérations, en vue de la réalisation des objectifs politiques à savoir : la paix, l'unité nationale et le développement. La deuxième phase de cette doctrine, au début des années 1970, s'est manifestée par le retour de l'armée à ses missions classiques de défense nationale, tout en restant attentive à l'évolution de la situation intérieure. En effet, les défis de l'Etat en ce moment étaient principalement centrés sur la paix, l'unité nationale à consolider et le développement à construire. La troisième phase de la doctrine militaire camerounaise se décline depuis 1990. Toujours selon MVOMO ELA67(*), la reconfiguration du monde et la poussée de la démocratie libérale s'accompagnent d'une mutation du paradigme sécuritaire, notamment l'atténuation des risque de guerre totale et la montée des menaces asymétriques et non conventionnelles. Dans cet environnement, la doctrine militaire camerounaise est restée encrée dans ses fondements premiers « la paix et le développement ». Paix à l'intérieur avec les soubresauts inhérents à l'apprentissage démocratique, ensuite paix avec ses voisins et notamment le Nigéria dans la résolution du conflit avec lequel le Cameroun, respectueux du droit international, a mis sur pied une stratégie permettant à la fois de circonscrire l'occupation et de maintenir la dynamique opérationnelle à un niveau lui permettant de peser sur le rapport de force bilatéral et multilatéral sur la presqu'île de Bakassi. De ce qui précède, nous pouvons dire que la stratégie du Cameroun en matière de gestion des conflits en Afrique centrale obéit à une logique rationnelle. Cela se traduit notamment par la priorité que le pays accorde à la protection de ses intérêts socio-économiques et politico-institutionnels. Toutefois, au vu du caractère conflictuel de la zone Afrique centrale et tenant compte du caractère « contagieux » des conflits, le déploiement du Cameroun, force est de le constater obéit à une dynamique conjoncturelle. * 66 Magazine des forces armées camerounaises, numéro spécial, mai 2009, www.irenees.net/bdf_fiche-documentation-642_en.html. * 67 Ibid. |
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