Les stratégies camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale. Enjeux et défis.par Ghislain Marceau BANGA Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2015 |
2 - Le maintien de la stabilitéLe maintien de la stabilité participe d'une action qui vise à « [...] la neutralisation d'ambitions contradictoires »63(*). En effet, la stabilité désigne le caractère de ce qui demeure dans le même état. Il s'agit de la continuité, la fermeté, la solidité, la constance et la permanence des institutions, gouvernementale, ministérielle. L'éventualité d'une menace extérieure serait de nature à bouleverser cet équilibre, d'où la nécessité de contenir tout débordement d'un conflit ou d'une situation conflictuelle hors des frontières nationales. Dans une autre mesure, la stabilité est aussi sociale. L'on sait que les périodes de conflits sont des moments de grands mouvements des populations qui fuient les affres de la violence provoquée par l'instabilité. Les réfugiés qui viennent s'installer dans le pays qui les accueilles sont appelés à partager certaines ressources64(*) avec les nationaux. Cette situation est de nature à créer des heurts entre les communautés locales et les communautés des réfugiés. En somme, le maintien du statu quo sécuritaire pour le Cameroun, vise à préserver la sécurité nationale et la stabilité interne, en mettant sur pieds des stratégies pouvant empêcher la contamination, ou alors le débordement des conflits nés dans les pays voisins. La posture rationnelle du Cameroun est ainsi mise en exergue en matière de gestion des conflits en Afrique centrale. Manifestement, il s'agit pour le Cameroun de préserver sa paix et sa sécurité intérieures. Toutefois, la récurrence des conflits dans la sous-région et notamment chez ses voisins directs a conduit le Cameroun à un changement et un bouleversement du statu quo (B), à travers deux importants changements internes de son armée, à savoir : la grande réforme des armées de 2001 et la nouvelle orientation de la doctrine militaire camerounaise. * 63 Alain DEJAMET, « Que reste-t-il de la sécurité collective ? », in Faire la paix la part des institutions internationales, (dir.) Guillaume DEVIN, Paris, Presses de Sciences Po, 2009, p. 32. * 64 Le rapport inter agences sur la situation des réfugiés centrafricains au Cameroun, couvrant la période du 29 septembre au 05 octobre, commandé par la Direction de la Protection Civile, indique que sur les sites de Timangolo et de Gado au Cameroun, les accrochages entre les nationaux et les réfugiés sont surtout le fait de la raréfaction du bois de chauffage et parfois de l'occupation de l'espace. |
|