Les stratégies camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale. Enjeux et défis.par Ghislain Marceau BANGA Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2015 |
2 -la protection des institutions nationalesLes institutions sont l'ensemble des structures fondamentales d'organisation sociale, telle qu'elles sont établies par la loi ou la coutume dans un groupe humain. Plus spécifiquement, l'institution peut se présenter sous la forme d'une personne morale de droit public (Etat, Parlement), ou de droit privé (association), ou d'un groupement non personnalisé ou d'une fondation, ou d'un régime légal54(*). Lors de son discours prononcé à l'occasion du 40ème anniversaire des Forces Armées camerounaises, les 29, 30 et 31 mars 2000, le Président Paul BIYA déclarait que « En effet, notre armée, véritable ciment de notre unité nationale, a toujours été et demeure le rempart de nos institutions et de notre souveraineté »55(*). Ces propos consacrent l'armée comme étant la principale force protectrice des institutions nationales, tout ceci sous la conduite du Président de la République. En effet, la loi N° 67/LF/9 du 12 juin 1967, portant organisation générale de la défense stipule en son article 6 que : « Le Président de la République veille à la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat. Il définit la politique de défense et pourvoie à sa mise en oeuvre ». Par ailleurs, le décret N° 69/DF/61 du 21 février 1969 oblige les élèves de certaines grandes écoles à la formation militaire ; l'article 2 de ce décret stipule que : « avant d'être admis à effectuer leur stage d'admission à la fonction publique fédérale, les jeunes gens diplômés d'une faculté ou école donnant accès à la catégorie A sont tenus, s'ils ne justifient pas d'un diplôme, brevet ou certificat de préparation militaire, à effectuer une période de service militaire de quatre mois qui est pris en compte dans les durées du stage et des services des intéressés ». La politique de défense du Cameroun a été mise sur pied, compte tenu de la nécessité de défense du territoire camerounais. Mais cette protection, pour être globale et complète, a besoin de la participation des citoyens, de la nation toute entière. C'est ainsi que la constitution camerounaise du 18 janvier 1996, consacre dans son préambule tous les citoyens comme des acteurs de la sécurité nationale. Il y est dit ceci : « tous les citoyens contribuent à la défense de la patrie » ; mais avant elle, le préambule (partie - II Défense) du décret N°75/700 du 6 novembre 1975 portant règlement de discipline générale dans les Forces Armées disposait déjà que : « la nation toute entière participe à l'effort de défense en vue de : dissuader tout agresseur éventuel, s'opposer par tous les moyens, soit à l'invasion du territoire national [...] ». Ainsi, le Cameroun à travers la préservation de ses intérêts politico-institutionnels et plus précisément le maintien de ses normes organisationnelle et fonctionnelles et la protection de ses institutions nationales, montre que la paix conditionne tout développement. Toute situation d'insécurité se répercute indubitablement sur ses institutions. Cela a été vu avec les attaques de certains édifices publiques tels que les banques (Limbé), les postes de gendarmerie (au Nord), et même la capture, l'enlèvement des autorités par des malfrats (zone frontalière de Bakassi). C'est sans doute ce qui justifie son attitude sur la scène internationale, notamment son implication dans la gestion des conflits en Afrique centrale. * 54 Le Grand Robert de la langue française 1999. * 55 Ernest Claude MESSINGA, Op.Cit. |
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