Abréviations
AET : Apport énergétique total.
AGMI : acide gras mono-insaturés.
AGPI : acide gras polyinsaturés.
AGS : Acide gras saturés.
FAO: Food and Agriculture Organization.
IMC : Indice de masse corporelle.
INSP : Institut national de santé publique
MCV : maladies cardio-vasculaires.
OMS : Organisation mondiale de la santé.
SSP : Société Suisse de Pédiatrie.
SSN: Société Suisse de Nutrition.
UNICEF: United Nations International
Children's Emergency Fund
VPO : Viande, poisson, oeuf.
Vit. C : vitamine C.
Vit D : vitamine D.
Vit.E :vitamine E.
WHO: World Health Organization.
Introduction
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Introduction
On peut définir la nature par rapport à ce qui
s'oppose à elle (la société, la culture, la nature
humaine). Cette vision naturaliste oppose le naturel (ce qui se fait tout seul)
à l'artificiel (ce qui se produit, se fabrique). Les aliments seraient
donc des hybrides au niveau de leur production comme de leur transformation
où se mêlent nature et culture (Lepiller,
2014).
Ainsi, manger « naturel », c'est contrôler ce
qu'on mange et en même temps ce qu'on devient. L'idée que
l'alimentation de nos grand-mères est plus saine que celle de nos jours
persiste ; le retour à la tradition, c'est aussi la garantie d'une vie
paisible et chaleureuse à la campagne (Lorient,
2015).
Lorsqu'il s'agit de nourrir leur enfant, « les parents
[...] attribuent à l'aliment une dimension de santé,
d'équilibre et de bon développement, mais aussi une forme
d'apprentissage du patrimoine culturel et le témoin de leur amour »
(Albertiniet al., 2010). Les parents utilisent la
nourriture comme un moyen d'éduquer leur enfant, et une forme de
sécurité financière, comme un moyen de
déculpabiliser et de réduire les risques de maladies. En outre,
les parents sont plus préoccupés par les apports nutritionnels de
leur enfant que par les leurs (Noble etal., 2007).
L'alimentation de 4 mois à 3 ans joue un rôle
crucial dans le développement de l'enfant et sa santé car les
besoins d'apports nutritionnels sont très spécifiques. Durant
cette période, les besoins des enfants évoluent très
rapidement et nécessitent des produits adaptés pour des
périodes d'utilisation parfois très courtes
(Albertiniet al., 2010). L'acte de nourrir son enfant
est donc très impliquant pour les parents car il porte une forte
responsabilité (Hughner& Maher, 2006). «
L'aliment [...] est d'une part indispensable, une source de plaisir et un
élément de socialisation, alors que d'autre part, il
représente un danger potentiel » (Albertini&Bereni,
2008).
La façon dont on nourrit son enfant est
influencée par des facteurs historiques, socio-économiques et
culturels, l'attitude des parents envers l'alimentation infantile
diffère d'un pays à l'autre et d'une classe sociale à
l'autre, le cadre économique et les réglementations en place dans
le pays constituent également des facteurs déterminants dans la
formation des préférences des parents (Gritsai, 2001).
Un régime sous-optimal, au début de la vie, peut mener
à plusieurs conditions métaboliques défavorables
grâce à la programmation épigénétique et
avoir des conséquences sur la santé, plus tard dans la vie
(Langley-Evans, 2015).
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Introduction
En ce qui concerne les habitudes alimentaires, les parents et
les adultes sont des modèles importants pour les enfants (Brown
& Ogden, 2004).
Afin d'améliorer la situation nutritionnelle, les 1000
premiers jours de vie qui vont de la conception à l'âge de 24 mois
représente une « fenêtre d'opportunité ». C'est
une période cruciale pour le développement des enfants pendant
laquelle ils ont le plus besoin d'une alimentation adéquate, riche en
nutriments. Les effets de la malnutrition, pendant ces 1000 premiers jours de
vie, sur la croissance physique et le développement
cérébral sont énormes et irréversibles après
l'âge de 24 mois, dans de nombreux pays (Elmadfa, 2012). Il est de plus
en plus reconnu que la bonne alimentation du nourrisson dépend, non
seulement, de ce qui est consommé, mais également de comment,
quand, où et par qui il est alimenté (Pelto,
2001)
Choisir de cuisiner soi-même pour son enfant est un
phénomène de plus en plus populaire dans certaines classes
sociales. Les mamans sont fières de ne pas devoir acheter des petits
pots pour leur nourrisson et justifient ce choix en disant que cela permet de
préserver les qualités nutritionnelles des aliments,
préserver les vitamines, le vrai goût des aliments et
éviter les pesticides et les engrais chimiques. Ainsi, l'activité
féminine, le niveau de revenu et la structure de la famille sont des
variables pouvant influencer le fait d'acheter des petits pots industriels
plutôt que de les préparer soi-même, ce qui permet de gagner
plus de temps (Gritsai, 2001). Les jeunes parents sont de plus
en plus nombreux à se tourner vers les produits industriels pour
l'alimentation de leur enfant (Hill &Lynchehaun, 2002).
En effet, prendre la décision d'allaiter au sein ou de
donner le biberon, de préparer les premières purées ou les
compotes, ou d'acheter des petits pots fait appel à la fois au
savoir-faire et aux moyens matériels (finances et équipement
ménagé) mais relève aussi de la nécessité
d'être assuré de «bien faire». Par conséquent, la
diversification alimentaire de 4 mois à 3 ans peut paraître
complexe dans sa mise en oeuvre et nombreux sont les parents qui se sentent
perdus dans le flou des informations provenant de plusieurs sources (familles,
amis, milieu médical...) et aboutissant à des conseils
perturbants parce que contradictoires (Amar-Klemesuet al.,
2000). C'est une réalité d'autant plus marquée
dans les milieux en situation de précarité pour qui le budget
restreint, les difficultés de vie et la peur de ne pas «être
à la hauteur» sont des freins supplémentaires. Diverses
études ont identifié l'éducation maternelle comme un atout
crucial pour de bonnes pratiques de soins et un déterminant important de
la croissance des enfants dans les 18 premiers mois de la vie
(Larteyet al., 2000).
Pour évaluer et améliorer l'état
nutritionnel des populations, il faut bien connaître les densités
énergétiques et les valeurs nutritionnelles des aliments
cuisinés parce qu'une part très
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Introduction
importante des aliments subit des traitements culinaires
(Bognar&Piekarski, 2000). L'augmentation de la
prévalence des maladies liées à l'alimentation est un
problème de santé publique dans toutes les régions du
monde. Dans ce contexte, le profilage nutritionnel défini par l'OMS
comme « la science permettant de classer les aliments en fonction de leur
composition nutritionnelle et en vue de promouvoir la santé et
prévenir les maladies » (WHO, 2011), est un outil
de choix dans la mise en oeuvre de politiques de santé publique visant
à influencer positivement les choix alimentaires (Lobstein,
2009).
Les nutriments essentiels, pour répondre aux besoins
nutritionnels des personnes, ne sont pas tous présents dans un seul
aliment. une variété d'aliments est nécessaire pour
couvrir l'ensemble des besoins nutritionnels. La qualité nutritionnelle
de l'alimentation s'améliore avec l'augmentation du nombre de produits
alimentaires et/ou de groupes d'aliments. Il a été
démontré que des régimes diversifiés sont
nécessaires pour un bon état de santé (Steyn,
2006).
Malgré la disponibilité de nombreux produits
méditerranéens, leur part dans le régime alimentaire des
populations a considérablement changé au cours des
dernières décennies. Valoriser la qualité nutritionnelle
des aliments méditerranéens devient donc un enjeu important pour
les systèmes agro-alimentaires (Kennedy, 2013).
En ce qui concerne la nutrition des nourrissons en
Algérie, l'allaitement maternel est en nette régression. Cela
peut paraître paradoxal, eu égard à la culture de la
société. Pourtant, les chiffres sont là pour
refléter une situation qui alerte les praticiens de la santé.
Uniquement 7% des mamans donnent le sein à leur nourrisson
jusqu'à l'âge de six mois (Fodhil, 2012).
Malgré l'importance présumée de la
première année de la vie dans la mise en place des
préférences alimentaires, les connaissances sur ce sujet restent
limitées. Or, à terme, ces connaissances permettront d'ouvrir les
réflexions et le discours des professionnels à la dimension
sensorielle, dimension déterminante dans l'établissement du
comportement alimentaire de l'enfant qui fonde le comportement alimentaire de
l'adulte (Nicklaus, 2005).
Dans ce cadre, les enquêtes de consommation alimentaire
ont pour objectif d'estimer la consommation moyenne d'aliments, de
macronutriments (les graisses, les glucides, les protéines) et de
micronutriments (tels que les vitamines et les minéraux) d'une
population dans une région ou un pays donné (De Keyzer,
2015).
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Introduction
A notre connaissance, aucune étude en Algérie
n'a porté sur l'alimentation des nourrissons ainsi que la
fréquence de préparation de certaines recettes traditionnelles
algériennes par les mères.
Pour cela, cette étude a pour objectif d'estimer les
valeurs énergétiques et nutritionnelles de certaines recettes
traditionnelles algériennes destinées aux nourrissons d'une part,
et leur fréquence de préparation par les mères d'autre
part.
L'objectif est également de répondre à la
question, à savoir :
Les mamans algériennes préservent-elles,
toujours, les recettes de grand-mères ou préfèrent-elles
les préparations industrielles pour nourrissons ?
Avant de présenter les résultats, une revue
bibliographique est réalisée sur la transition nutritionnelle en
Algérie, le concept des 1000 premiers jours de la vie et ses
différentes composantes, la diversification alimentaire en
Algérie et les recommandations pour la couverture des besoins en
énergie et en nutriments du nourrisson. Des données sur
lesrecettes traditionnelles pour nourrissons,dans certains pays dans le monde,
sont rapportées.
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