4.5. Le suivi ambulatoire post-hospitalisation
4.5.1. La population suivie
Le nombre de perdus de vue reste le principal obstacle auquel
sont confrontés les différents auteurs dans les études de
suivi. Dans notre étude, 32,3% des prématurés sortis
vivants étaient perdus de vue. DIAGNE et al au Sénégal en
2000 avait rapporté que le nombre de perdus de vue augmentait au fur et
à mesure que l'âge de l'enfant augmentait ; le taux est
passé de 67,6% entre 3 et 6 mois à 88,9% entre 9 et 12 mois
[12]. Le même constat a été fait en
Côte d'Ivoire où le taux
de perdus de vue était de 75% au bout de 12
mois [13]. Cela contraint le plus souvent les auteurs à
restreindre le suivi comme c'est le cas dans notre étude. Ce taux
élevé de perdus de vue pourrait s'expliquer par le faible niveau
d'instruction des mères, les raisons socio-économiques, les
raisons géographiques, le manque de sensibilisation sur les risques de
la prématurité. L'interruption du suivi est justifiée par
certaines mères par le fait que les enfants soient en bonne
santé ; les voyant grandir les mères pensaient que leurs
progénitures étaient hors du danger et elles ne trouvent donc pas
d'intérêt à amener un enfant sain en consultation.
L'instabilité socio-économique du couple et le manque de
sensibilisation ont été rapportés par les auteurs
ivoiriens comme des obstacles majeurs au suivi [13, 51].
4.5.2. Morbidité au cours du suivi et facteurs
associés
La morbidité est importante au cours du suivi et le
premier semestre de vie représente une période à risque
pour le prématuré. Notre étude a retrouvé un taux
de morbidité d'environ 27% au cours du mois suivant la sortie de
l'hôpital ; ce qui permet de dire que les premières semaines
après le retour à domicile étaient critiques et
déterminantes pour l'évolution ultérieure du
prématuré. Un suivi plus rigoureux incluant même des
visites à domicile devrait être effectué pendant cette
période.
La morbidité au cours du suivi était
dominée par les IRA, les troubles fonctionnels digestifs,
l'anémie et le paludisme comme rapporté par la plupart des
auteurs [13, 51]. Cependant, les hernies
abdominales, les dermatoses et la conjonctivite ne sont pas rares. Les troubles
digestifs étaient nettement plus fréquents au premier trimestre
par rapport au second témoignant ainsi de la maturation et de
l'adaptation progressives du tube digestif. La fréquence des IRA reste
par ailleurs sans changement notoire au cours du semestre. Il a aussi
été noté une prédominance des troubles digestifs
lorsque l'âge gestationnel était plus
avancé contrastant ainsi avec la logique qui voudrait
que le prématuré proche du terme soit plus mature et donc moins
à risque. Le mode d'allaitement et l'hygiène qui lui est
associé pourrait être des facteurs explicatifs puisqu'ils
diffèrent d'une mère à une autre.
Les IRA, les dermatoses et les hernies abdominales
étaient plus fréquentes lorsque l'hypotrophie était
associée à la prématurité. La survenue de
l'anémie quant à elle était liée à
l'existence d'une infection néonatale mais cette dernière n'avait
aucune influence sur la survenue des IRA. De même, les IRA étaient
plus fréquentes chez les nourrissons ayant présenté une
détresse respiratoire néonatale mais la différence ne
permettait pas d'établir une relation formelle entre ces deux
situations.
Les différentes pathologies ont conduit à des
rehospitalisations des prématurés dans 12% des cas et
principalement pour une anémie décompensée. DAINGUY et al
en Côte d'Ivoire avaient trouvé un taux de rehospitalisation de
30% avec comme principaux motifs les IRA et l'anémie
[13]. Les IRA sont également retenues comme le principal motif
de rehospitalisation par BLONDEL et al en France qui avaient trouvé un
taux de rehospitalisation de près de 40% [8]. Le taux
de rehospitalisation beaucoup plus faible dans notre étude pourrait
s'expliquer par la prise en charge précoce des pathologies
présentées par les nourrissons pendant que les symptômes
sont moins marqués évitant ainsi un nouveau séjour
hospitalier. Toutes les rehospitalisations ayant eu lieu au premier trimestre,
il importe donc que le prématuré soit suivi à un rythme
régulier et plus rapproché au cours de cette période.
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