4.3. Les caractéristiques de la population
d'étude
4.3.1. Déroulement de la grossesse et de
l'accouchement
Quand on considère la grossesse et l'accouchement, la
majorité des prématurés (83,1%) étaient issus de
grossesses non suivies ou mal suivies. L'absence de CPN représentait
17%. Ce constat a été aussi fait par divers auteurs d'Afrique
subsaharienne notamment en Afrique centrale et en Afrique de l'Ouest avec des
taux variant de 48 à 74,8% et une absence de CPN de 12,6 à 32,8%
[34-38]. Ce fort taux d'insuffisance de CPN
dans notre étude pourrait s'expliquer par le
désintérêt des mères du fait de leur faible niveau
de scolarisation, le manque d'information ou le début tardif des
CPN ; la plupart ne se présentant qu'en cas d'anomalie
constatée au cours de la grossesse. La CPN étant le seul cadre
permettant de dépister les facteurs de risques et leur prise en charge
précoce, elle constitue un maillon important dans la prévention
et la prise en charge de la prématurité.
Les pathologies les plus fréquentes au cours de la
grossesse étaient les infections maternelles (46,5%) et la RPM (13,4%).
La menace d'accouchement prématuré, les hémorragies
antépartum et la prééclampsie sévère/
éclampsie étaient retrouvées dans des taux de moins de 7%.
La fréquence de l'infection a été également
notée à Fès (45%), à Bangui (39%) et dans des
proportions plus faibles par rapport à la nôtre à Dakar
(17,3%), Bamako (19,7%) [12, 22, 34, 35]. La RPM est aussi
fréquente dans ces études avec des taux variant de 15,5 à
60,2% [12, 22, 27, 33-35].
La corticothérapie anténatale a
été retrouvée dans 10 cas (5,8%). Elle est observée
essentiellement chez les prématurés nés à l'HME.
Comparée à d'autres études africaines et française,
notre taux reste largement inférieur. Ces auteurs ont rapportés
des taux de 45 à 91% [22, 23, 36, 39]. Le faible taux
observé dans notre étude serait dû au manque d'information
du personnel des formations périphériques d'une part et au fait
que les parturientes se présentent souvent à un stade de travail
avancé d'autre part. La corticothérapie étant un facteur
de bon pronostic pour le prématuré, sa prescription devrait
entrer dans la routine des prestataires de soin [40].
Plus de la moitié des prématurés
provenaient de la maternité de l'HME, la naissance
« outborn » représentait 48%. Ce fort taux de
naissance « outborn » serait dû au fait que l'HME
soit la seule structure de référence dans la capitale et cela
n'est pas sans conséquences pour le prématuré. Il en
résulte un retard dans la prise en charge qui serait
préjudiciable pour le prématuré transporté le plus
souvent dans des conditions délétères d'où
l'intérêt d'un transfert in-utéro des grands
prématurés.
Dans la majorité des cas, l'accouchement était
fait par voie basse ; la césarienne ne représentant que 13%.
Il s'agit le plus souvent des césariennes d'urgence.
La grossesse multiple, reconnue comme facteur de risque
d'accouchement prématuré par divers auteurs, a été
retrouvée dans 33% des cas dans notre étude [1, 17-19,
33].
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