DISCUSSION
Cette étude prospective a été
menée afin d'évaluer le devenir des prématurés
suivis au cours de leurs 6 premiers mois de vie en terme de morbidité,
survie et de croissance post-natale.
Nos principaux résultats montrent que la
morbidité reste importante après le retour à domicile du
prématuré et que le seuil de survie (26SA) est acceptable et
porteur d'espoir pour un pays à faibles revenus bien que le taux de
survie soit encore moindre. Ils suggèrent qu'une étude à
long terme soit menée en vue d'évaluer convenablement le
développement du prématuré et d'en déterminer les
séquelles.
4.1. Les atouts et les limites de l'étude
Le caractère prospectif de cette étude
représente le principal atout en permettant d'avoir des données
fiables et valides et de limiter le nombre de données manquantes.
Le recrutement des patients a été fait en
utilisant l'AG conformément aux recommandations actuelles qui stipulent
que le diagnostic de prématurité se fasse indépendamment
du poids de naissance permettant ainsi d'écarter les hypotrophes
nés à termes. L'AG déterminé en confrontant les
données des différentes méthodes d'estimation nous a
permis d'avoir des données fiables. Ces différentes
méthodes permettent de juger de la validité des résultats
obtenus.
Notre étude, originale dans le contexte tchadien,
apporte un plus dans la connaissance de la prématurité.
Notre étude possède cependant certaines limites.
Le temps de suivi de 6 mois, jugé court en est une. Cette période
est insuffisante pour évaluer
le développement des prématurés et
dépister les séquelles. Ainsi la notion de rattrapage ne peut
donc être clairement évoquée. Une évaluation du
développement en fonction de l'âge corrigé s'avère
invraisemblable car à 6 mois d'APN, la plupart de nos
prématurés auraient 3 ou 4 mois d'âge corrigé.
Le nombre important de perdus de vue constitue un autre
handicap à notre étude.
Enfin, la non réalisation de l'échographie
trans-fontanellaire est une limite importante pour notre étude rendant
impossible le diagnostic de complications cérébrales et la
détermination de la survie sans handicap majeur ; cette
dernière ne pouvant être évaluée sur la base
clinique seule.
Ces limites ne doivent pas remettre en cause les
résultats observés.
4.2. La fréquence hospitalière de la
prématurité
La prématurité est fréquente dans notre
milieu représentant 27,4% des hospitalisations au service de
néonatologie. Comparée aux données africaines, notre
résultat est similaire à ceux obtenus par des auteurs d'Afrique
subsaharienne notamment à Yaoundé en 2011(26,5%), Bangui en
2001(28,4%) et à Dakar en 2000(27,2%) [12, 33, 34].
Notre résultat se rapproche également de ceux du Maghreb
où des fréquences de 28% et 25,07% ont été
rapportées respectivement à Fès(Maroc) en 2008 et à
Tlemcen(Algérie) en 2013 [22, 23].
Cette fréquence élevée en milieu
hospitalier confirme que la prématurité est un véritable
problème de santé publique dans les pays à faibles
revenus. Le prématuré étant un être fragile, un tel
chiffre dans un contexte de ressources limitées contribuerait à
l'augmentation de la mortalité périnatale et infantile. Notre
résultat obtenu dans la ville de N'djaména seule reste sans doute
la partie visible de l'iceberg. Qu'en est-il des formations sanitaires
régionales ? Une étude plus approfondie mérite
d'être menée afin de déterminer l'ampleur réelle du
problème au Tchad.
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