3. Axes de travail
Le diagnostic, qui s'appuie sur une analyse de terrain
éclairée par des apports théoriques, indique, selon moi,
qu'il faut travailler prioritairement sur deux dimensions pour favoriser le
processus d'autonomisation des jeunes accueillis à la MDC qui est la
finalité de l'accompagnement. Nous l'avons vu, être autonome va
au-delà d'une autonomie financière vis-à-vis des services
de l'ASE. Il faudrait davantage se baser sur cette définition : «
être capable d'analyser la situation, d'inventorier les obstacles,
d'envisager des solutions, de repérer des moyens et de faire des choix
d'action, avec et en présence d'un autre152 ». C'est en
favorisant cette autonomie-là que ces jeunes seront capables, selon moi,
de surmonter au mieux les difficultés qui se dresseront devant eux dans
leur accès à l'âge adulte.
|
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Finalité : l'autonomie des jeunes
|
Pour favoriser ce processus d'autonomisation des jeunes
accueillis, il faut pour moi proposer des réponses concrètes et
éducatives aux questions ci-dessous :
- Comment mieux baliser dans le temps l'accompagnement
éducatif de façon à anticiper les seuils importants
(majorité, fin de prise en charge) tout en évaluant avec le jeune
ses besoins et ses désirs ?
- Comment mieux informer les jeunes sur les lieux ressources
et dispositifs qu'ils peuvent solliciter pendant et après leur prise en
charge ?
Objectifs généraux :
Depuis le point de vue du jeune, les objectifs
généraux du projet sont les suivants :
a) Permettre au jeune d'intégrer la
temporalité de son accompagnement éducatif.
b) Permettre au jeune d'être informer sur les
lieux et les dispositifs ressources.
4. Actions éducatives
L'accompagnement proposé par le service
extérieur de la MDC repose fortement sur la qualité de la
relation éducative instaurée avec les jeunes accueillis. Il
convient toutefois de définir dans un premier temps qu'elle est la
finalité et le sens de cette relation éducative, pour ensuite
voir quels outils éducatifs peuvent permettre de la nourrir. A partir de
là, nous réfléchirons à comment mieux prendre
152 Paul M., « Ce qu'accompagner veut dire », in
Accompagner les jeunes vers l'autonomie dans le dispositif ville, vie,
vacances, Recherche-action effectuée avec la DDCS du Maine et Loire
et quatre opérateurs du dispositif Résovilles, 2012.,
p.34.
46
en compte la temporalité dans l'accompagnement du jeune
accueilli, en proposant une méthode pour mieux évaluer les
besoins du jeune avant les échéances et seuils de passage qui
s'imposent à lui. Puis, nous verrons comment favoriser l'information des
jeunes concernant les ressources et dispositifs qu'ils peuvent solliciter
pendant et après leur prise en charge.
La relation éducative comme point de
départ
Comme Philippe Gabéran, je considère que la
« la finalité de la relation éducative n'est pas de
normaliser la personne [...] elle est de l'aider à devenir actrice de sa
vie en favorisant le passage du vivre à l'exister153. »
Selon moi, pour que les personnes accompagnées puissent « exister
» au sein de la société, j'estime, à l'instar de
Paulo Freire, pédagogue brésilien, que les personnes
accompagnées doivent percevoir « en termes critiques, la violence
et la profonde injustice qui caractérisent leur situation
concrète. Plus encore, qu'ils prennent conscience que leur situation
concrète [...] n'est pas le résultat de quelque chose qui ne peut
pas être changé154. » L'éducateur
spécialisé qui accompagne les jeunes a donc une lourde
responsabilité à cet égard car, comme le souligne Joseph
Rouzel, la relation éducative est un « moyen d'agir dans le sens
d'un changement des personnes en vue d'une meilleure insertion pour elles dans
la communauté des citoyens155. »
Toutefois, la position de l'éducateur n'est pas simple
à trouver vis-à-vis du jeune. Il doit à la fois être
présent et significatif pour le jeune, mais dans le même temps, il
doit pouvoir laisser au jeune un espace pour lui permettre d'exister,
d'être lui-même, et ainsi de favoriser son autonomie. En
résumé, comme le décrivent très
bien Capul et Lemay, l'éducateur spécialisé « tente
de se situer comme une sorte de médiateur entre le sujet et son
environnement. Dans le respect et l'écoute de l'autre et tout en sachant
qu'il doit parfois poser des limites, il veut à la fois être
suffisamment présent - utile - pour devenir significatif et suffisamment
distancié pour ne pas imposer sa direction156. »
Mon rôle, en tant qu'éducateur
spécialisé sur le service extérieur, sera alors
d'accompagner le jeune dans l'émergence, la construction et la
réalisation de son propre projet tout en prenant en considération
la réalité de l'environnement dans lequel il évolue.
Un outil éducatif essentiel :
l'entretien
L'entretien éducatif est pour Capul et Lemay « un
lieu précis où le jeune peut se permettre d'exprimer ses
difficultés ou ses tourments157 ». Pour Roger
Mucchielli, « le bon entretien a pour objectif la compréhension
exacte de ce qui se passe pour l'autre, la découverte de la
manière dont il éprouve la situation, la clarification
progressive de son vécu158. »
L'entretien d'aide, défini par Carl Rogers propose une
vision que je trouve intéressante de l'entretien : « J'entends par
ce terme de relation d'aide, des relations dans lesquelles l'un au moins des
153 Gaberan P., La relation éducative,
Erès, 2003, p.139.
154 Freire P., Pédagogie de l'autonomie,
Erès, 2013., p.94.
155 Rouzel J., Le travail de l'éducateur
spécialisé, Dunod, 2000, p.10.
156 Capul M., Lemay M., De l'éducation
spécialisée, Eres, 2011, p.125.
157 Ibid., p.213.
158 Mucchielli R., L'entretien de face à face,
ESF, 2009, p.12.
47
deux protagonistes cherche à favoriser chez l'autre, la
croissance, le développement, la maturité, un meilleur
fonctionnement et une meilleure capacité d'affronter la vie. L'autre
dans ce cas, peut être soit un individu, soit groupe. On pourrait encore
définir la relation d'aide comme une situation dans laquelle l'un des
participants cherche à favoriser chez l'une ou chez l'autre des parties,
ou chez les deux, une appréciation plus grande des ressources latentes
internes de l'individu, ainsi qu'une plus grande possibilité
d'expression et un meilleur usage fonctionnel de ses ressources159.
» Ainsi, l'entretien peut être un moyen pertinent de mesurer les
besoins et les ressources du jeune.
Toutefois, Mucchielli précise : « L'intention de
bien conduire un entretien ne suffit pas. Il faut une
méthode160. » La technique de reformulation est une
technique d'entretien que j'utilise beaucoup. Il s'agit de « redire en
d'autres termes et d'une manière plus concise ou plus
explicite161 » les paroles du jeune afin de s'assurer du sens
que le jeune a voulu exprimer, tout en le poussant à se positionner
davantage.
Je m'appuierai donc sur l'outil de l'entretien pour mesurer
les besoins et les désirs du jeune. Il convient toutefois de mesurer
cela en respectant la temporalité de la prise en charge.
a) Permettre au jeune d'intégrer la
temporalité de son accompagnement éducatif.
Rappel : « Pour pouvoir maîtriser son
avenir, se projeter, anticiper, prévoir, il faut avoir une certaine
maîtrise du temps et ne pas être dans l'urgence d'un
besoin162 ».
La prise en compte de la temporalité et des
seuils de passage
Le suivi éducatif se veut être un processus
dynamique dans le parcours du jeune pour qui, généralement le
service extérieur est très souvent la dernière
étape de l'aide apportée par l'ASE.
La notion de temps est donc centrale dans l'organisation de la
prise en charge qui va s'inscrire dans la temporalité du jeune : partir
de là où il en est pour lui permettre d'atteindre, à son
rythme, l'objectif général de ne plus avoir besoin de soutien
éducatif pour mener sa vie.
Pour cela, il est essentiel de tenir compte de la
temporalité de la prise en charge que le cadre législatif nous
impose : le temps de la minorité, la durée de l'APJM, les 21 ans,
etc.
D'autant que pour nombre de ces adolescents et jeunes adultes,
les repères temporels sont altérés, voir perdus parce
qu'ils peuvent être dans l'inactivité ou l'hyperactivité,
voire dans l'instabilité. Il est alors nécessaire de structurer
la prise en charge afin qu'ils puissent se réinscrire dans un
déroulement de leur vie en terme de progression. Pour certains, la
séparation peut parfois être source d'angoisse en
réactivant un sentiment d'abandon. C'est pourquoi le départ doit
également être
159 Rogers C., Le développement de la personne,
Dunod, 1967, p.29.
160 Mucchielli R., L'entretien de face à face,
ESF, 2009, p.12.
161 Ibid., p.53.
162 Guimard N., Petit-Gats J., Op. Cit., p.14.
48
préparé afin de minimiser ses effets
déstabilisants et d'assurer la mise en place de relais possible dans les
dispositifs de droit commun.
Un moyen pour mieux mesurer et anticiper les
besoins et désirs du jeune : les bilans
Pour mieux visualiser le déroulement, anticiper les
échéances et mieux situer les besoins du jeune ainsi que les
points qu'il reste à travailler, la formalisation de la prise en charge
se doit d'être rigoureuse. Rappelons ici succinctement, les grands seuils
que peut être amené à franchir un jeune durant sa prise en
charge à la MDC, bien que comme nous l'avons vu, peu de jeunes sont pris
en charge de leurs 16 à21 ans. Néanmoins, ils sont nombreux
à connaître ces franchissements de seuils.
16 ans
18 ans
21 ans (ou avant)
Minorité
· Assistance éducative
· Travail avec la famille
· Recensement/JAPD
· Scolarité/orientation
· Code de la route
|
· Majorité
· APJM
· Travail avec la famille (si nécessaire)
· Carte électorale
· Scolarité/Formation
· Permis de conduire
|
· Fin de PEC
· Autonomie
· Logement autonome (inscription CAF, etc)
· Revenus
· Connaît ses droits
· Sait identifier les lieux ressources
|
Il faudrait selon moi que chaque étape importante de
l'accompagnement donne lieu, en amont, à un temps d'arrêt que l'on
pourrait appeler « bilan ». C'est quelque chose qui n'existe pas
actuellement de façon formalisé sur le service extérieur
mais qu'il faudrait mettre en place selon moi.
Modalités :
Les modalités sont à déterminer au cas
par cas. Toutefois je suggère que ces « bilans » prennent la
forme d'un entretien formel dans un bureau de la MDC. Ils peuvent toutefois
être conviviaux en proposant un goûter au jeune par exemple, pour
ne pas qu'il soit trop stressé ou tendu. Il n'est jamais aisé de
parler devant des adultes et professionnels. Ces temps de bilan seraient
préparés à l'avance avec les éducateurs
référents du jeune lors d'entretien à la MDC ou lors de
temps moins formels (repas extérieur). Ils dureront en moyenne entre
trente minutes et une heure selon là aussi les situations des jeunes.
Professionnels présents :
Ces bilans se feraient en présence des deux
éducateurs référents, du psychologue et de la chef de
service. Cela peut paraître beaucoup, mais cela permettrait selon moi
d'inviter à une multiplicité des regards. De plus, cela
nuancerait la place de l'affect dans les postures professionnelles et dans les
ressentis du jeune. Cette rencontre permet au jeune de resituer son suivi dans
un travail d'équipe et d'introduire du tiers dans la relation
éducative avec ses référents. J'ai remarqué en
effet à plusieurs reprises que les jeunes avaient le sentiment qu'une
décision les concernant était le fait d'une seule
49
personne, or la très grande majorité des
décisions sont prises en concertation, en réunion d'équipe
ou avec l'aval de la chef de service.
Fréquence :
La fréquence de ces bilans pourrait être modulable
en fonction de la situation particulière de chaque jeune, mais il me
semble qu'un minimum de deux bilans par an soit nécessaire mais cela
dépend de nombreux facteurs à commencer par la durée de la
PEC.
Chaque jeune devrait connaître au minimum trois bilans : un
au début, un pendant, et un avant la fin de sa PEC. Surtout, il faut que
ces bilans aient lieu à des moments importants de la prise en charge et
qu'ils coïncident avec les besoins du jeune à l'approche
d'échéances importantes.
Ainsi, je propose que les temps de bilan soient
découpés ainsi sur la prise en charge :
Premier bilan
Bilans intermédiaires
Bilan de fin de PEC
· A l'approche des 18 ans
· A l'approche d'une fin d'APJM
· En cas de besoin
Premier bilan :
Lors de ce bilan qui aurait lieu environ un mois après
le début de sa prise en charge, le jeune serait invité à
exprimer ses impressions, son vécu, ses premières
expériences concernant les différents aspects de son quotidien,
qu'il s'agisse de son logement, de suivi éducatif, de son projet
scolaire ou professionnel, de ses relations familiales...
C'est avant tout un premier temps d'échanges dont la
finalité est de favoriser l'expression du jeune et d'élaborer
ensemble ses objectifs à venir.
Ces temps de bilan seraient des moments
privilégiés d'échange où la confrontation
d'idées, le dialogue, les conseils doivent lui permettre de faire des
choix. Ces entretiens s'enracinent dans l'élaboration du projet
individualisé (insertion professionnelle, logement, budget...) ainsi que
dans le quotidien (courses, repas ménages). Ils sont aussi l'occasion
d'aborder les difficultés relationnelles et d'aider le jeune à
trouver sa place.
Bilan intermédiaires lié aux
échéances de PEC :
Ce sont les bilans qui doivent se tenir en amont des seuils de
passages importants, avant la majorité par exemple. En fonction des
jeunes et des délais impartis, je crois qu'il serait judicieux que ces
bilans intermédiaires aient lieux environ 6 mois avant les 18 ans. Ils
seront le moment d'échanger avec le jeune sur les apprentissages
effectués, et les différents points de son accompagnement qu'il
reste à travailler. Ils permettront de repérer quels sont les
besoins du jeune, et quels sont ses désirs et ses envies. Une
présentation pourra être faite aux jeunes des différents
dispositifs qui existent après la majorité (APJM, AED JM, AMJM,
etc.), les modalités de ces dispositifs, les avantages et les
50
inconvénients de chacun. Le jeune devra disposer du
maximum d'information pour être à même de faire un choix
qu'il jugera pertinent pour lui. Il pourra tout même être
éclairé par les professionnels de la MDC sur les possibles
conséquences de ses choix.
Les bilans intermédiaires à l'approche d'une fin
d'APJM (qui sera renouvelé ou non) se tiendront selon des
modalités similaires. Ces bilans intermédiaires peuvent
être des supports intéressants pour l'écriture de rapport
transmissibles aux CDAS ou au juge.
Bilan de fin de PEC :
Enfin, un bilan de fin de PEC doit selon moi être
systématiquement proposé au jeune : formaliser son départ,
évoquer la poursuite de ses projets de vie. Le service a
été une étape nécessaire dans son parcours, il
n'est pas question de rupture mais d'un processus logique de poursuite de sa
vie adulte. Ce bilan permet au jeune d'évaluer le chemin parcouru, les
différentes expériences vécues, les moments difficiles,
les échecs, les réussites. Il peut, avec un certain recul,
renvoyer à l'équipe le bien-fondé des choix
éducatifs ou au contraire, y porter un regard critique qui viendra
interroger le sens de notre démarche éducative et contribuera
à faire évoluer le projet du service extérieur.
Evaluation :
Une évaluation globale du projet pourra être
menée, conjointement à la mise en place de celui-ci de
façon à pouvoir le réajuster. Elle portera sur ce qu'a
permis la mise en place de ces bilans. Elle viendra porter une attention
particulière sur différents points :
'3 La capacité des jeunes à pouvoir
s'exprimer sur leurs ressentis (désirs, besoins, sources de frustration,
etc.) lors de ces temps de bilan.
Le jeune est en capacité d'exprimer des
désirs à l'approche des échéances le concernant. Il
est aussi capable de nommer ses besoins et les points qui lui restent encore
à travailler.
'3 L'intégration par le jeune des
temporalités de l'accompagnement.
Le jeune est capable de nommer les différents
seuils de passage auquel il va être exposé durant sa prise en
charge et a conscience de ce qu'ils impliquent.
'3 La compréhension qu'ont les jeunes des
différents dispositifs existants (APJM, AED JM, AM JM, aides de la
Mission Locale, voire la possibilité de ne demander aucune
aide)
Le jeune est capable de nommer et expliquer les
différents dispositifs qu'il peut solliciter à sa
majorité. Il a conscience des modalités qu'impliquent ces
derniers (contrats, objectifs à tenir, niveau de soutien
éducatif, financier, etc.) et sait à quoi il s'expose s'il ne
demande aucune aide.
51
b) Permettre au jeune de mieux situer les lieux
ressources du territoire
Rappel : « une des conditions pour être
autonome est d'identifier le pourvoyeur potentiel qui peut répondre
à son besoin. La condition suivante sera d'être capable d'entrer
en contact avec celui-ci163 ».
L'accès aux droits et le
réseau
L'un des objectifs du service extérieur est de les
aider à sortir de leur isolement et à tisser autour d'eux un
réseau d'aide qui perdurera au-delà de leur prise en charge. Il
s'agit également de favoriser la participation citoyenne, autrement dit
le « pouvoir d'agir dans un environnement donné164
».
Pour cela, il nous faut faire du lien, ce qui suppose que nous
ne soyons pas nous même isolés, mais intégrés dans
un tissu professionnel et social vivant et réactif. Il faut faire le
lien entre les jeunes et les différents dispositifs de droit commun,
relayer leur demande auprès de lieux ou de personnes-ressources,
coordonner les interventions pour que chacun reste à sa place et soit
complémentaire : toutes ces actions demandent une bonne connaissance et
reconnaissance réciproque des professionnels de la formation, du
logement, de la santé, etc. Le partenariat est donc un aspect
particulièrement important dans la vie du service extérieur.
La nécessité d'un travail en
partenariat
Pour Fabrice Dhume, le partenariat est « une
méthode d'action coopérative fondée sur un engagement
libre, mutuel et contractuel d'acteurs différents mais égaux, qui
constituent un acteur collectif dans la perspective d'un changement des
modalités de l'action - faire autrement ou faire mieux - sur un objet
commun - de par sa complexité et/ou le fait qu'il transcende le cadre
d'action de chacun des acteurs -, et élaborent à cette fin un
cadre d'action adapté au projet qui les rassemble, pour agir ensemble
à partir de ce cadre165».
Durant mon stage, j'ai repéré la
nécessité de renforcer le travail en partenariat avec certains
acteurs importants de Fougères et même souhaité impulser un
partenariat entre différents acteurs que j'avais rencontré au
préalable : la Mission Locale et le CDAS. J'avais en effet
repéré que ces acteurs gravitent autours des jeunes accueillis
sur le service extérieur de la MDC mais ne sont pourtant pas au clair
sur les dispositifs que chacun proposent. Il me semble pertinent de renforcer
un partenariat entre ces acteurs dans le but de mieux coordonner l'action en
faveur des jeunes en difficulté sur le territoire fougerais. Toutefois,
je n'ai pas eu le temps d'organiser une telle rencontre dans les délais
impartis du fait de la complexité de concilier les disponibilités
des différentes personnes-ressources, qui ont pourtant toutes
exprimé le souhait qu'une rencontre ait lieu ultérieurement.
163 Brizais R., « l'Autonomie en question »,
intervention à l'ASE de Loire-Atlantique, 2003.
164 Paul M., Op. Cit., p.34.
165 Dhume, F., Du travail social au travail ensemble. Le
partenariat dans le champ des politiques sociales, ASH éditions,
2001.
52
Un support à mettre en place : le
« guide de la vie en autonomie
»
Dans le cadre d'un accompagnement vers l'autonomie des jeunes
pris en charge sur le service extérieur, il me semble essentiel que ces
derniers soient en capacité de pouvoir situer les ressources dont ils
peuvent se saisir sur le territoire pendant et même au-delà de la
prise en charge. On l'a vu, dans l'analyse, il est essentiel que ces jeunes
sachent leurs droits et soient en mesure de savoir vers où se tourner en
cas de difficultés - difficultés qui sont le lot de beaucoup de
jeunes issus des services de l'ASE à la fin de leur prise en charge
compte tenu du contexte difficile.
C'est pourquoi j'ai pensé à rédiger un
support que j'ai nommé le « Guide de la vie en autonomie »
afin de permettre aux jeunes pris en charge d'identifier et de repérer
les lieux ressources de Fougères. Je l'ai conçu et
réalisé principalement seul, mais j'ai tenté autant que
possible d'y intégrer les suggestions et remarques des collègues
de l'équipe. Surtout, et c'est à mon sens très important,
j'ai laissé une version numérique du document pour qu'il puisse
être modifié, et renforcé, progressivement au fil des
retours que les jeunes pourront formuler. Il se présente dans sa version
normale comme un petit livret.
Voir document complet en annexes au format A4.
Contenu :
L'introduction rappelle aux jeunes les objectifs de
l'accompagnement du service extérieur :
« Ton accueil en appartement dans le cadre de ta
prise en charge à la Maison du Couesnon doit être envisagé
comme une courte étape de ta vie qui te servira de tremplin vers la vie
en autonomie. Tu dois déjà anticiper la sortie et te
préparer à « l'après-Maison du Couesnon ». Ce
type d'accompagnement va justement te permettre de t'y préparer au
mieux.
Tu vas devoir apprendre rapidement à : faire tes
courses seul, te nourrir correctement (de façon saine et variée),
prendre soin de toi, réaliser un certain nombre de démarches
auxquelles tu ne t'es jamais confronté.
Pour bon nombre de ces démarches (administratives,
médicales, etc.) tu pourras solliciter de l'aide auprès de
l'équipe éducative. L'objectif de cet accompagnement avec toi est
de développer ton autonomie et de t'amener à réaliser
progressivement ces différentes démarches tout(e) seul(e).
»
Il explique l'objectif du document :
Ce petit « guide de la vie en autonomie » a pour
but de te présenter les lieux sur Fougères (ou sur Rennes) qui
peuvent être ressources pour toi, tout en t'expliquant quelques unes des
démarches auxquelles tu peux être confronté afin que tu
saches comment y remédier par toi-même dans la mesure du possible.
»
Il présente de façon claire les
différents lieux ressources que le jeune peut être amené
à solliciter à Fougères ou à Rennes, et les
démarches auxquels le jeune peut être confronté.
Il contient dix items différents : commerces,
transport, laverie, administratif (CDAS, Mairie, Préfecture, SAMIE,
CADA), orientation scolaire et professionnelle (CIO, Mission Locale),
mobilité,
53
santé, culture, loisirs/sports, logement. La liste est
non-exhaustive et pourra être consolidée au fil du temps (j'ai par
exemple oublié de mentionner le service de prévention
spécialisé de Fougères vers lequel ils pourraient
éventuellement se tourner après la fin de leur PEC). Ces
différents lieux ressources sont situés sur une carte afin de
pouvoir s'y rendre plus facilement.
Le choix d'un vocabulaire simple, clair et intelligible a
été fait dans la mesure où de nombreux jeunes accueillis
sont des MIE ou des ME. C'est pourquoi le document a également
été illustré par des images, le rendant accessible
à quelqu'un qui ne maîtrise pas bien la langue
française.
Des numéros de téléphone utiles sont
joints en cas de soucis.
Surtout, ce guide a été pensé comme un
document qui leur sera donné dès le début de la prise en
charge, mais qu'ils pourront garder auprès d'eux après la fin de
celle-ci. Il pourra alors favoriser l'accès aux droits communs, et donc
l'autonomie du jeune.
Le document a été distribué aux jeunes du
service extérieur lors de ma dernière journée de stage.
C'est pourquoi il m'est impossible d'en faire une évaluation pour
l'instant, ni même de pouvoir relater des retours de jeunes. Je l'ai
également présenté à la REF du CDAS de
Fougères lors de notre rencontre. Elle se sera montrée
très intéressée par la démarche, d'autant plus que
le CDAS travaille actuellement à l'élaboration d'un document un
peu similaire.
Evaluation :
Une évaluation globale du projet pourra être
menée, conjointement à la mise en place de celui-ci de
façon à pouvoir le réajuster. Il faudra être
attentif aux retours que peuvent en faire les jeunes. Les bilans pourraient
d'ailleurs constituer un moyen de venir interroger le jeune sur
l'utilité du document.
A partir de l'expression du jeune, l'évaluation viendra
porter une attention particulière sur différents points :
'3 Repérer les différents lieux ressources
de son territoire.
Le jeune est capable d'identifier, de nommer et de situer
les différents lieux ressources qu'il peut solliciter.
'3 Être capable d'expliquer ce qu'il peut trouver
dans ces différents lieux ressources.
Le jeune est à même de pouvoir expliquer les
aides qu'il peut obtenir dans les différents lieux ressources
indiqués dans le document et d'identifier le rôle des
professionnels qu'il peut y rencontrer.
'3 Se rendre seul dans ces différents lieux pour y
effectuer ses démarches
Le jeune peut se rendre seul dans ces différents
endroits sans avoir besoin d'être accompagné par un
éducateur. Il est également capable de s'y rendre après la
fin de sa prise en charge.
54
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