Section II. Régime commercial
simplifié
§1. Historique et notion sur le Récos
A. Historique du Récos
Le Marché commun de l'Afrique orientale et australe,
COMESA en sigle a été mis en place en 1994, suite à la
mise en oeuvre réussie de la Zone d'échanges
préférentiels (ZEP) initiée en 1981 dans le cadre de
l'objectif plus vaste de l'Union africaine (UA) de libéraliser le
commerce régional. Le principal objectif du COMESA est d'accroître
le commerce et les investissements parmi ses États membres.
Le commerce transfrontalier qui échappe à la
surveillance gouvernementale est à la fois une bénédiction
et un grand problème pour de nombreuses économies africaines.
COMESA a récemment mis en place des procédures simplifiées
aux frontières visant à éviter la perte de recettes
publiques grâce à des incitations qui rendent le commerce
légitime plus
87 Article 340, Ordonnance-loi
n° 10/002 du 20 aout 2010 portant code des douanes, Kinshasa, Journal
Officiel, 2010.
88 L'arrêt CJUE du 6 septembre 2012, Dohler
Neuenkirchen, Aff. C-262/10.
89 CJCE du 1er février 2001, D. Wandel
GmbH, aff. C-66/99: Rec. 2001, p. I-873, points 45, 51.
90 CJUE du 14 janvier 2010, Terex Equipment
e.a, Aff. C-430/08 et C-431/08: Rec. 2010, p. I-321.
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attrayant pour les commerçants actuellement en dehors
du système. Le commerce informel transfrontalier reste un secteur
très important en Afrique en général et dans la
région du Marché commun d'Afrique orientale et australe (COMESA)
en particulier. Il contribue à la croissance économique, la
création d'emplois et la sécurité alimentaire pour une
majeure partie de la population de la région. Selon les estimations de
la Commission économique pour l'Afrique (CEA) en 2009, 20 à 75%
de la population africaine est employée dans le secteur informel, dont
le commerce informel transfrontalier fait partie. L'OCDE (2003) estime que le
commerce informel transfrontalier est une source de revenu pour environ 43% de
la population africaine avec une forte présence des femmes qui
représentent 70% dans ce secteur. Les raisons majeures qui justifient le
développement du commerce informel transfrontalier ont été
largement documentées par diverses études en Afrique. Plusieurs
facteurs sociaux, économiques, naturels et politiques expliquent la
grande vitalité de ce commerce91.
Le commerce informel transfrontalier se définit comme
étant une forme de commerce non enregistré dans les
statistiques officielles, effectué par de petites entreprises dans la
région du COMESA à travers l'évitement des postes
frontières, la dissimulation de marchandises, la
sous-déclaration, le faux classement, la sous-facturation entre autres
stratagèmes92.Cette forme d'activité se
caractérise par le non-paiement des taxes ou de redevances
imposées par les gouvernements aux commerçants qui contournent
les formalités d'usage (santé, agriculture,
sécurité, immigration, etc.) Sous prétexte qu'elles sont
coûteuses, complexes et qu'elles prennent du temps. Conscient de
l'importance de ce commerce, le COMESA est en train de mettre en place des
initiatives de facilitation des échanges telles que le Régime
commercial simplifié, dans le but de formaliser les échanges
informels tout en étendant les avantages de la Zone de
libre-échange aux petits commerçants en vue de les pousser au
respect des normes93.
Le Régime commercial simplifié, Récos en
sigle est un programme lancé par le COMESA en vue d'aider les petits
commerçants transfrontières qui font commerce de petites
quantités de marchandises à augmenter leurs activités. Il
a pour but de simplifier les
91 COMESA 2009, STR Booklet, COMESA Secretariat,
Zambia
92 D. NJIWA, T. NTHAMBI and J. CHIRWA,
Reconnaissance Survey Report of Informal Cross Border Trade at STR
Implementing Borders of Zambia, Malawi and Zimbabwe, COMESA, Zambia, 2011,
p. 10.
93 COMESA 2012, Informal Cross Border Trade and
Simplified Trade Regime Survey, August 2012. COMESA, Zambia.
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procédures de dédouanement et de réduire
le coût des transactions commerciales en permettant aux marchandises des
petits commerçants transfrontières de bénéficier de
l'élimination des droits de douane ,traitement
préférentiel du COMESA, sur les marchandises qui figurent sur les
Listes communes.
Le petit commerce transfrontière est important pour les
pays du COMESA puisqu'il concerne de nombreux ressortissants des États
membres et constitue par conséquent une bonne source de revenus pour de
nombreuses personnes, en particulier des femmes. Multiplier les
possibilités d'échanges commerciaux et en diminuer les
coûts se traduit donc par plus d'emplois et plus de revenus et par une
amélioration des conditions de vie des commerçants qui peuvent
acheter plus de nourriture et envoyer leurs enfants à l'école,
leur ouvrant ainsi la voie à un avenir meilleur.
Le Récos a été introduit par le COMESA
afin de simplifier les procédures de dédouanement des
marchandises et permettre aux petits commerçants transfrontières
de bénéficier des exemptions de droits de douane sur les
marchandises figurant sur les Listes communes. Cette démarche permet
d'éliminer les problèmes qui empêchaient ces petits
commerçants de bénéficier d'échanges commerciaux
avec les autres pays du COMESA, problèmes qui sont notamment :
- L'ignorance des avantages de faire du commerce avec les autres
pays du COMESA ;
- L'absence de règles écrites, de sorte que les
commerçants ont du mal à savoir quels sont leurs droits et leurs
obligations, manque de transparence;
- Le paiement de droits de douane sur des marchandises qui en
sont exemptées par ignorance de la Zone de libre-échange du
COMESA ;
- Des documents compliqués et difficiles à remplir
;
- L'absence de documentation permettant aux petits
commerçants transfrontières de ne payer que peu ou pas de droits
de douane ;
- L'argent et le temps perdus par les petits
commerçants transfrontières pour obtenir les documents leur
permettant de ne payer que peu ou pas de droits de douane;
- La saisie des marchandises par les douaniers du fait du
paiement incorrect ou du non-paiement des droits de douane;
- Le paiement de pots-de-vin par certains commerçants aux
douaniers;
- Le harcèlement subi surtout par les femmes, qui
constituent la majorité des petits commerçants
transfrontières;
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? Le fait que certains douaniers aux postes-frontières
ne connaissent pas suffisamment les documents du COMESA.
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